Le Bistrot Benoît (Paris 1er) : Ducasse pas des briques

Après tant d'années de disettes gastronomiques, le magnifique Musée du Louvre allait-il se doter enfin d'un espace de restauration à sa hauteur. Espoir avec ce Bistrot Benoît signé Ducasse en personne.

On le sait, le restaurant de musée demeure en général le parent - très - pauvre de la gastronomie. Heureusement quelques exceptions existent tels Les Ombres du Musée du Quai Branly ou le Camondo (musée Nissim Camondo). Le Louvre de son côté, brillait par la médiocrité crasse de ses espaces de restauration. Quand en mars 2018 on apprend l'ouverture d'un Bistrot Benoît, déclinaison de la célèbre maison Benoît du grand Alain Ducasse, on se met à espérer. Et pourquoi pas un beau restaurant au coeur d'un des plus beaux musées du monde? Un rêve?

L'accès se fait directement sous la grande pyramide. Pratique. Inconvénient, pas de lumière naturelle en sous-sol. L'espace affiche complet et s'avère très bruyant. Une légère ambiance de brasserie parisienne se dégage. A la carte : de la cuisine française Môsieur ! La gastronomie française à l'honneur ! C'est bien simple on croirait que la carte du Bouillon Chartier (ou Pigalle maintenant) a été recopiée : Oeufs mayo, poireaux vinaigrette, escargots, fois gras, croque monsieur, quenelles de grenouilles, poulet basquaise, blanquette de veau, riz au lait ou crème brûlée.... le tout avec une très légère nuance : il faut - au bas mot - doubler les prix !

Une formule en deux services avec un verre de vin permet d'alléger la douloureuse sur une partie de la carte.

Démarrage avec des poireaux vinaigrette. Taillés au cordeau et servis sur une assiette noire, le visuel en jette. Petites herbes et 3 fines rondelles de radis complètent le tableau. La cuisson s'avère juste, et les légumes non fibreux. C'est un bon point. Mais là où on s'attend à un soupçon de mordant - la vinaigrette quoi - on reste sur sa faim. Une sauce mayonnaise a été mélangée pour adoucir le goût, clientèle internationale oblige. Il ne s'agit pas de réveiller les papilles du quidam qui vient visiter le musée. Par contre, pour le bon Français qui aime cette petite acidité qui se marie si bien avec ce légume, c'est la déception.

Place à la poitrine confite. Directement servie dans son petit poêlon, les belles tranches grasses de porc arrivent. Miam ! On voit que la viande a été passée à la poêle pour la rendre croustillante ! Bien grasse (moitié de gras facilement), elle est servie fort heureusement avec sa couenne ! Joie ! Pour l'accompagner, une belle quantité de lentilles vertes.

On remarque vite que ces dernières nagent dans un fond d'eau peu ragoutant. Dans la bouche le porc est fondant mais malheureusement peu goûteux. La couenne se délite, mais se laisse manger pour un amateur de gros gras comme je peux être. Les lentilles ont été cuites telles quelles : quelques rares minuscules morceaux d'oignons apparaissent, mais c'est bien tout. Le goût est brut pour ne pas dire simple. Heureusement, ces légumineuses sont bien cuites.

Pour accompagner ce repas, c'est donc le verre de vin rouge du menu qui m'a été servi : attention, pour savoir un peu ce que l'on boit, il faut demander. Ici, on sert du "red wine". Pour info, c'est un Côte du Rhône très moyen.

L'addition arrive : 29,50€ le tout. C'est cher, plutôt médiocre dans l'assiette, le lieu aseptisé et le service digne des brasseries parisiennes ne rattrape en rien la partie. Donc, non, toujours rien à se mettre sous la dent au Louvre. Mieux vaut faire un peu de marche pour aller goûter la blanquette de Chez La Vieille ou se régaler avec les makis au thon gras de Midori !

Musée du Louvre
Bistrot Benoit
75001 Paris (métro Louvre Rivoli)
tel : 01 49 27 93 31

Les + :
_ un service efficace
_ une poitrine bien grasse et servie avec sa couenne

Les -:
_ absence inquiétante de goût. Ode au goût neutre.
_ lieu plus proche du fast food
_ cher pour ce que c'est