Il faut en vouloir pour franchir les portes de Door's : un restaurant d'hôtel (houlà!), un Holiday Inn (Aïe!) à Clichy (n'en rajoutez plus !), et c'est pourtant ce que j'ai fait *admiration d'un public ébaubi*. Une adresse correcte avec un jeune chef prometteur.
Déjeuner au Door's ce midi-là n'a pas été une mince affaire. J'avais repéré cette nouvelle adresse sur les réseaux sociaux à deux pas du rutilant Palais de Justice de la porte de Clichy, me faisant la fine réflexion suivante : tous ces juges, avocats et autres voudront de temps en temps manger une cuisine un peu élaborée, et donc certains vont aller sur ce créneau dans un quartier où la cuisine d'assemblage, les kébabs et les pizzas sont les rois. Je réserve donc ma table sur le site du restaurant. Un gentil SMS de réponse suit illico : en attente de confirmation. Très bien, d'habitude, ce genre de réservation se retrouve validée (ou invalidée) dans l'heure qui suit, max. Et là, rien. 48h passent quand même. Lundi matin, j'appelle. On me répond que oui c'est bon, il y a eu un dysfonctionnement dans la transmission d'informations. Bon. J'y vais. J'arrive devant l'entrée, très élégante et moderne du style de Drugstore Publicis ou même d'un Gil à Rouen. Cependant un petit écriteau m'intrigue sur la porte. en substance y est écrit : "En raison d'une privatisation votre restaurant Door's sera fermé au déjeuner du 18 au 21 juin".... Youpi ! Qu'est-ce que c'est que cette histoire !
Rebelote, je rappelle. Là on me dit que oui c'est bon, j'ai ma place! Ha? Un petit manque d'organisation qui se confirme donc, mais je rentre - par l'hôtel-, c'est l'essentiel !
Au déjeuner une formule express à 16 euros pour les travailleurs du coin, avec ce midi-là un mi-cuit de thon exotique. Mais attention, si vous ne prenez pas la café qui va avec, vous êtes hors formule, et c'est 19 euros ! Allez comprendre ! Pour le reste de la carte (à l'exception de la pièce du boucher), c'est 25 euros pour 2 plats ou 29 pour 3.
Je vois quelques intitulés appétissants sur cette carte qui se trouve loin d'être monotone : Oeuf mollet et petits pois fondants en purée et en gelée, filet de canette poêlée purée de chou-fleur et jus d'écorce d'orange ou encore ce prometteur jaret de porc confit avec un trio de pommes de terre !
C'est d'ailleurs vers ce dernier que mon choix se porte.... quand... patatras, le souriant chef de salle m'annonce qu'il n'y en a pas aujourd'hui. Je comprends en fait qu'ils avaient simplement cramé au four ! Bon ! Merci pour l'aveu. Pour le dessert, bis patatras ! Je voulais cette intrigantes tarte tatin au fenouil (étonnant, hein?) et une nouvelle fois, pas dispo. Cette fois-ci l'excuse s'avère qu'il n'y a pas de fenouil en cuisine! Allez, bonne pâte, je mets ces indisponibilités et maladresses sur le compte de la privatisation d'une grosse partie de l'établissement, du moment que la suite permette de me régaler, je suis là pour ça !
Après un rafraîchissant gaspacho de tomate nature en guise d'amuse-bouche (welcome to the 90's!), arrive mon entrée : un dos de saumon mi-fumé et carpaccio de concombre. La présentation est plutôt très jolie et visuelle. Visiblement le morceau de poisson a été fumé à chaud. Et ça se confirme en bouche... sauf que ça n'a pas été maîtrisé ! A la première bouchée, j'ai eu l'impression de fumer un paquet de gitanes ! Le goût âcre de la fumée de bois se colle dans la gorge immédiatement, et ce n'est pas des plus agréables pour un non fumeur. Et pour tout vous dire, j'ai presque eu envie de tousser ! Pourtant, passé ce premier cap, c'est plutôt bon et frais, dommage que cette fumaison ne soit pas mieux tenue ! Le carpaccio de concombre dégorgé (et donc ça se fait encore....) et la petite vinaigrette citronnée font le job.
Un beau plat arrive ensuite : une selle d'agneau aux herbes fraîches servie avec des fèves et un jus luisant subtilement épicé. Cette fois-ci c'est un sans faute ! Aussi joli que bon. La selle encore parée de son gras et justement cuite a conservé toutes ses saveurs tandis que le jus ne joue pas trop la carte des épices exotiques. On sent un peu la cannelle, sans excès. Le tout se révèle très harmonieux ! Un défaut tout de même : le goût de fumée gardé en bouche depuis l'entrée...
Faisant le deuil de ma tatin au fenouil, je me rabats donc sur des ravioles de fruits. Quatre tranches fines d'ananas disposées en étoile servent de support servent de support à une boule de sorbet. Par dessus est servi un "bouillon de verveine froid". Un peu moins élégant au niveau du dressage que les autres assiettes, on ne sent pas trop l'été (ou le printemps d'ailleurs) ici ! A l’intérieur, on retrouve une brunoise de kiwi et de mangue. Quant au sorbet, vous vous demandez à quoi il peut bien être, et bien moi aussi ! Impossible de trouver le goût ! Renseignements pris, il serait à la pomme verte. Ah? Mon entrée m'a-t-elle à ce point flingué le palais ? Ce dessert frais et léger s'avère correct pour ce qui n'est en fait qu'une salade de fruits à la verveine qui ne dit pas son nom !
Au final, 29 euros pour ces belles assiettes aux goûts bien présents bien que pas forcément maîtrisés. Ça fait un peu cher, mais l'endroit est calme et l'on peut bavarder à loisir sans musique de fond ni discussions qui résonnent, et c'est sans doute le plus important dans un restaurant situé ici !
Un mot sur l'accueil tout de même, rudement sympathique malgré toutes les déconvenues. Un café m'a même été offert... mais n'en buvant pas...
Au final, Door's doit encore faire ses preuves, le jeune chef Benoît Ayissi a un réel potentiel qui mérite d'être exprimé.
Door's
2 Rue du 8 Mai 1945
92110 Clichy (métro Porte de Clichy)
tel : 01 76 68 77 24
Les +:
_ de jolies assiettes
_ du calme, du calme, du calme (hommage à Villiers de l'Isle Adam )
_ une cuisine goûteuse
_ un accueil cordial et humain
Les -:
_ un peu cher
_ la fumaison pas maîtrisée (j'ai encore le goût de fumée dans la bouche à l'heure où j'écris ces lignes)
_ un manque visible d'organisation
_ des plats qui méritent d'être retravaillés
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