Dans les rues de Montmartre, les restaurants cherchent avant tout à attirer les touristes avec force clichés, cuisine industrielle reboutiquée et prix prohibitifs. Le Bon, la Butte affiche sa transparence et sa volonté de régaler Parisiens et étrangers de passage.
Quand un ami vient de Lyon, et qu'il n'a qu'une seule soirée où l'on peut se voir, et que cette soirée tombe un dimanche 30 décembre, rude tâche que de trouver une adresse ouverte de qualité.
Après avoir repassé ma to-do list de restaurants au crible, je trouve le tout jeune Le Bon la butte. En plus, un jeu de mots pareil ne pourra que plaire à Jean-Pascal, cet amateur du 7ème Art.
Rendez-vous pris, et après un apéro rapide dans un boui-boui à touristes, et un transfert louche de champignons à un autre ami habitant le quartier (on peut parler de contrebande j'en ai bien peur...), nous voici devant ce restaurant aux allures de vieux bistrots, tout en haut de la Rue Lepic.
A l'intérieur, une déco sobre à base de miroirs usés, et d'ardoises. Au fond de la salle qui accueille une quinzaine de tables, la cuisine grande ouverte où le chef David Polin s'active. Ici, on ne pourra pas dire que l'on mange des plats préparés en usine comme c'est la spécialité du quartier !
La salle déjà bien remplie, parle majoritairement l'anglo-saxon avec une présence remarquée et remarquable d'enfants. Des familles en vacances en somme sans doute attirées par l'endroit et son "Children's menu" à 11€...
Pour les grands, on sent qu'on essaye de satisfaire un peu tout le monde : des classiques de la gastronomie qui sentent bien la France comme le Foie Gras (14€), le Pot au feu (19€), le Velouté de lentilles (7€) ou encore les couteaux en persillade (9€), et de l'autre côté des plats à vocation plus bistronomiques pour combler les locaux en manque de cuisine originale : Poulpe snacké (24€), picanha de blonde de Galice (22€) ou dans les entrées cette déclinaison de choux fleurs et amandes grillées à 7 euros.
Démarrage en douceur avec ce velouté de lentilles à l'oseille. Sur le dessus, un trait de crème vient fendre la délicate surface de ce potage amélioré. au goût, ce n'est pas l'oseille qui prend le dessus mais clairement le cumin qui n'a pas été oublié. C'est sympathique sans être transcendant.
En face de moi, Jean-Pascal a dévoré le beau tas de couteaux à la persillade dont il dira avec son style inimitable sobre et percutant : "bon, mais classique".
C'était cet été la coqueluche des réseaux sociaux, le hit d'Instagram, l'aliment star... des stars j'ai commandé un poulpe ! Ici snacké et servi avec des cardons à la barigoule et une mousseline butternut. J'avoue être un peu déçu quand je vois mon plat, car d'habitude cet octopus répond à une certaine photogénie. Ici, le tentacule servi est bien cuit sans être trop résistant sous la dent et très bien assaisonné.
C'est du côté des garnitures que ça se gâte : si les cardons et carottes sont bons, la mousseline de courge est froide... Bof. Et renseignements pris, ce n'est pas voulu. Il faut dire que sans chauffe-plat et sans assiette chaude, pas évident de bien s'organiser pour que tout arrive à température pour le client. "Mais c'est justement le boulot du chef, ça !" me répondrez-vous, et vous n'aurez alors pas vraiment tort.
Pour mon accompagnateur du soir, les choses vont mieux (même si sa purée aussi n'était pas vraiment chaude), car sa viande - picanha d'Angus de Galice et non blonde de Galice comme annoncé sur la carte - s'avère redoutablement tendre et délicieuse. J'ai goûté, et je valide à 100%.
C'est l'heure du dessert. La salle résonne beaucoup, et l'agitation des enfants aux tables voisine n'aide pas au calme. Poire pochée au cassis sur crémeux au café et pastis, tuile de yuzu. Le goût du fruit est bien présent et respecté et contrebalancé avec une légère amertume dans la crème cuite qui se trouve dessous. C'est équilibré et gourmand, un bon dessert.
Pour accompagner ce repas, nous avons pris une bouteille de Côtes du Tarn "Braucol" domaine Gayrard à 26€ (coef 2,8 environ). Un vin bien fait, court en bouche qui se laisse boire sans extase mais sans soif non plus.
Note finale de ce dîner : 55,50€ pour ma pomme en comptant une demi-bouteille, soit 42 euros sans l'alcool. Un tarif honnête pour Paris dans le quartier pour profiter d'une jolie cuisine malgré quelques erreurs.
Le Bon, la Butte
102 ter rue Lepic
75018 Paris (Métro Lamarck)
Tel : 07 67 45 20 71
Fermé le lundi, le mardi, tous les midis sauf le dimanche (brunch)
Les +:
_ lieu sympathique
_ beaux produits (super viande!)
Les -:
_ des petites erreurs dans les assiettes (purée froide)
_ pas ouvert le midi
_ clientèle touristique et familiale (bruit)