Depuis des années, le Café des Musées clame sur tous les toits que son boeuf bourguignon est le meilleur de Paris. Le Figaro lui a encore récemment décerné ces lauriers. Alors, quand on y va pour la première fois, on sait d'avance ce qu'on prend !
De l'extérieur, il y a de quoi redouter ce restaurant : façade rouge vif clinquante, style ancien avec des ardoises so Paris, en angle... Ça sentirait presque le piège à touristes cette affaire ! D'ailleurs, entre juste devant moi un couple de Japonais... Heureusement que le haut-vent stipule "cuisinier-artisan", ça rassure... un peu !
Quand on rentre, on arrive de suite sur la cuisine. Ne vous imaginez pas voir de grandes marmites qui attendent sagement sur le coin du feu, en tout cas je n'en n'ai pas vu là. Au plafond, un vitrail moderne. Je suis très vite accueilli, et malgré le coup de feu, je ne suis pas oublié. On me trouve rapidement une place - sans réservation. La salle s'avère déjà presque pleine à ras bord. Une population qui se divise clairement en 2 typologies très distinctes : les touristes et les Parisiens aux alentours de la cinquantaine bien tassée.
Si la carte tient sur un recto de feuille A4, elle n'en demeure pas moins assez fournie : 6 entrées, 8 plats et 5 desserts au choix. Pour les prix, il y en a un peu partout, et pas facile de s'y retrouver forcément. D'ailleurs il en manque certains... je vais d'ailleurs commander à l'aveugle donc ! Si le menu s'affiche au tarif attractif de 21 euros seulement (E/P/D), la spécialité de la maison, le bourguignon lui s'affiche directement à 24€ ! Ils auraient tort de se priver, je vois pratiquement sur toutes les tables la petite cocotte Staub qui contient leur précieuse préparation. On vient clairement ici pour ça!
Mais il faut bien commencer par une entrée préliminaire tout de même ! J'opte pour le tartare de veau et champignons. Au coeur d'une assiette creuse se cache sous de la salade et un carpaccio de champignons de Paris, un petit tartare coupé au couteau. Câpres, échalotes, et la viande avec un assaisonnement peu marqué pour qu'elle garde son goût fin. C'est très bon, surtout grâce à la qualité des champignons. On en oublierait presque que le VRAI champignon de Paris, celui avec la peau brune, c'est vraiment délicieux !
Pas de surprise donc pour la suite, le boeuf bourguignon. Attention, c'est l'un des plats phares de ma Maman, alors, celui qui se proclame le meilleur de Paris a de la concurrence du côté de la Normandie ! Celui-ci va-t-il remporter une bataille qui semble bien inégale ? Suspense !
La viande est servie dans une cocotte en fonte et l'assiette de purée sert de couvercle un peu artisanal. Je soulève l'assiette, et la bonne odeur monte jusqu'à mes narines, ça me donne faim ! J'ai le droit à un morceau unique de bidoche. De bonne taille, certes, mais je rêvais sans doute de plus d'opulence. Elle baigne dans un jus sombre et particulièrement nappant. Carottes, beaux lardons et quelques champignons. C'est sûr, tous les ingrédients de ce plat sont d'une qualité remarquable !
Il est annoncé sur la carte que le boeuf a cuit 5 heures. Je veux bien le croire tant un couteau s'avère inutile pour manger ce plat ! La viande se délite sans effort. Alors au goût ça donne quoi? C'est vraiment excellent, la sauce brillante et pas trop épaisse, est une ode aux caresses. Aucune acidité (c'est dommage?), des goûts profonds qui rappellent le vin (logique...), un peu le chocolat, le fumé du lard.... Miam ! J'avoue que je n'aurais pas été contre un chouïa plus de sel. Mais je chipote. J'ai quand même saucé l'intégralité de la cocotte !
La purée est très bonne, même si ce n'est pas mon accompagnement préféré avec ce plat. Car oui, pour moi le boeuf bourguignon, ça se mange avec des frites ! Quels souvenirs de les tremper dans la sauce onctueuse préparée par ma Maman, avec certes des ingrédients pas du même niveau, mais avec un amour profond pour le cuisiner. Alors les champignons en boîte, les lardons qui réduisent de taille à la cuisson, la viande de réforme encore résistante sous la dent ou la sauce acidifiée à cause de mauvais vin n'effaçaient pas le plaisir qu'on avait à dévorer ce plat en famille !
Si j'étais objectif, je dirais bien que le Café des Musées remporte la bataille des Bourguignons (même si j'aurais préféré quand mêmes des frites!), mais en vrai, pour moi c'est ma Maman qui gagne la coupe haut la main !
C'était l'instant "trop mignon".
Un petit dessert? Evidemment ! Ce sera la tarte poire et noix. Dans une longue assiette arrive ma part qui ne me paraît pas énorme, mais bien garnie. Elle est recouverte de fruits secs entiers (noisettes, pistaches et noix). Comme si ça ne suffisait pas, il y a aussi un caramel pour enrichir le tout. On sent alors très bien en bouche les fruits secs, la base d'amande, le caramel... mais alors pour discerner la poire? C'est dommage. Et je me réjouis de n'avoir eu qu'une petite part car, non pas que ce ne soit pas bon, mais c'est vite étouffant !
Pour le vin, j'ai accompagné le repas avec un verre de Bandol rouge domaine les Terres Promises 2016, à 9,50€ quand même ! Mais je ne le regrette pas car il m'a très bien accompagné avec ce beau bourguignon. Peu souffré, du fruit plein les narines avec une belle profondeur, c'est une bonne référence.
Vient alors l'heure de l'addition surprise. Comme je vous le disais, il manquait des prix sur la carte comme le tarif des plats quand on les prend hors formule. A la table d'à côté, quand ils voient leur note, ça bougonne : "c'est bon ici, mais qu'est-ce que c'est cher"... Gloups...
C'est l'heure de vérité : 38,50€... seulement?! Quand on sait que j'ai pris un verre de vin à 9,50€... En détail, je me retrouve avec un boeuf bourguignon facturé à 22,50€, soit 1,50€ de moins que sur la carte... L'entrée est à... 5 euros seulement ! Plus fort, le dessert : 1,50€ seulement! Mystérieuse addition donc, car je ne sais pas pourquoi le boeuf bourguignon se retrouve moins cher au final? Une formule cachée ?
Une chose est sure, j'étais assis à côté de deux fesse-mathieu, car manger un repas avec un excellent boeuf bourguignon à ce prix-là, c'est un peu dingo ! Voilà qui donne envie d'y retourner et qui explique la moitié de la salle de ce restaurant qui était remplie de Parisiens à la tête chenue !
Le Café de Paris
49, rue de Turenne
75003 Paris (Métro Chemin Vert)
Tel : 01 42 72 96 17
Ouvert tous les jours
Les +:
_ Oui, le boeuf bourguignon est excellent
_ des prix riquiqui (hors boeuf bourguignon et côte de boeuf à 65€...)
_ une jolie cuisine française
_ un service efficace
Les -:
_ pas trop compris les tarifs
_ on est un peu les uns sur les autres