[Edit 27/01/2020] : Lors de la cérémonie de remise des prix Michelin 2020, le restaurant Anne a reçu sa première étoile !]
Après une journée au Salon de l'agriculture, j'avais bien le droit à un retour à la gastronomie dans tout ce qu'elle a de plus urbaine ! Direction La Place des Vosges où m'attend une table au restaurant Anne du Pavillon de la Reine. Luxe, calme et volupté pour une table que Charles Baudelaire n'aurait pas reniée, j'en suis sûr !
Une fois passé le porche de la Place des Vosges, on goûte un peu d'histoire. Bâtiment construit au XVIIème siècle, la reine Anne d'Autriche y avait ses habitudes. Autant dire que c'est cosy ! Cour intérieure qui sert de terrasse aux beaux jours, végétation bien entretenue et bâtiment historique d'époque, voilà ce qu'on peut appeler le luxe à la française !
A l'intérieur, pas de faute de goût : tout est superbe - bien qu'un peu "neuf". Anne, le restaurant de cet Hôtel Spa 5 étoiles, se situe dans l'aile droite au rez-de-chaussée.
Huit tables, moquette au sol, fauteuils dodus et confortables, lumière tamisée et au fond une grande bibliothèque remplie de livres anciens et d'objets d'art.
L'accueil est ampoulé - pour ne pas dire coincé - au possible.
Si j'ai choisi de venir dans ce restaurant, c'est que j'avais une très bonne raison : à force de réserver des tables via La Fourchette, j'ai accumulé des points (des Yums), si bien que je bénéficie d'une réduction rondelette de 25 euros sur mon repas.
Mais attention, il ne faut pas s'enflammer non plus, le menu déjeuner est à 55 euros tandis que le dégustation monte à 105€ pour 4 services ! Pour un plat seul à la carte comptez entre 45 et 65€ tout de même ! Mais pour avoir vu passé le carré d'agneau en croûte d'ail noir (45€), ça donne envie de revenir rien que pour ça !
C'est ainsi, le rituel demeure le même : il s'agit d'ouvrir l'appétit et de réveiller les papilles, voici les amuse-bouche : une palourde tiède et des herbes, une chips de riz et truffe et une tartelette foie gras et girolle. Objectif atteint ! On a bien les différents goûts qui mettent en branle le palais. Voilà qui promet!
Pour démarrer mon menu dégustation (oui, je me fais plaisir là!), voici une pré-entrée : Carpaccio de Saint-Jacques snackées, purée et chips de topinambours et graines de sarrasin. C'est ravissant. Le goût du tubercule est subtile et laisse bien sa place au coquillage tandis que les petites graines torréfiées apportent un joli caractère à ce plat. C'est délicieux !
Voilà l'entrée : un foie gras de canard poché, gelée de coing et pomme verte au sauterne. Avouez que tant l'intitulé que le l'assiette ont de la gueule, non? L'odeur est délicieuse. Mais la force de ce plat se cache dans ce jus de canard onctueux qui se marie à merveille avec l'abat ! La gelée de coing n'apporte pas grand chose, pas comme ces dés de Granny Smith qui ravivent les saveurs du plat. C'est très bon.
Un peu d'attente, le temps de goûter le beurre aux agrumes , et voici que débarque la pêche du jour ! Filet de St Pierre rôti au beurre meunière, courge spaghetti en carbonara. Au centre de l'assiette une traînée noire, c'est une sauce à l'encre de seiche. Par dessus est rajoutée une autre sauce légère blanche, celle-ci au parmesan. Une purée de courge butternutt et des petits morceaux de calamar complètent ce tableau contemporain.
Aïe, la cuisson du poisson n'est pas parfaite, il manque un rien! J'ai dû utiliser mon couteau pour couper ce beau morceau. De plus, je regrette de ne pas avoir ce goût "meunière" que j'aime tant avec le poisson. Les sauces sont légères et apportent une vraie complexité agréable à ce plat. Il y a de l'idée ici, mais l'extase ne se retrouve pas à l'arrivée.
C'est ensuite un véritable petit système solaire qui m'est servi : FIlet de boeuf contisé à la moelle au centre, pomme de terre soufflées et sauce genevoise. Une ceinture de purée entoure le tout.
C'est plutôt spectaculaire et bien construit. Je le vois au premier coup d'oeil, ici la cuisson saignante est parfaite ! La sauce genevoise pour sa part a du caractère : son acidité ne laisse pas indifférent, limite rustique. Mais j'avoue avoir préféré dévorer ma viande avec sa moelle à part. Pommes soufflées parfaites et purée gourmande pour couronner le tout ! On aurait atteint des sommets rares avec une sauce plus gourmande et moins recouvrante... comme ce jus de canard de l'entrée par exemple !
En dessert, un baba au rhum revisité avec de l'orange sanguine et du safran. En fait, un demi-baba. Dessus on me verse un jus d'orange safrané, puis une toute, toute petite rasade d'un très bon rhum de plantation. C'est plutôt bon, même si j'aurais aimé un baba plus léger (et entier). L'alliance orange sanguine et rhum est parfaite, miam !
Quand il n'y en a plus, il y en a encore ! En effet, il y a de quoi manger dans ce menu dégustation, notamment la viande servie avec générosité ! Mais comme ça ne suffit pas, voici un cannelé maison en guise de mignardise. Encore tiède, il est démoulé sous mes yeux. Super, j'adore ça ! Mais là, petite déception, c'est trop cuit, la caramélisation extérieure est devenue amère. Mauvaise note...
Côté vin, on a le droit ici a une carte plutôt réduite compte tenu du standing du lieu. J'ai pris un verre de Sancerre Chavignol 2015 domaine Vincent Delaporte. (11€) Très bon vin.
C'est l'heure de la douloureuse de luxe : 91€ ! (116 - 25€ de réduction La fourchette) ! C'est cher, mais ça aurait été une super affaire si je n'avais pas eu ces petites déceptions de-ce de là. Mais il ne faut pas s'y tromper, j'ai envie d'y retourner, il y a de quoi passer de très bons moments dans ce restaurant!
Anne Restaurant
Le Pavillon de la Reine
28 Place des Vosges
75003 Paris
Tel : 01 40 29 19 19
Fermé le lundi et le mardi
Les +:
_ décor splendide
_ une terrasse qui doit dépoter aux beaux jours
_ de la très belle cuisine dans les assiettes avec du goût
Les -:
_ des petites erreurs dans les assiettes
_ l'accueil prout prout (mais sympathique et pro quand même)