Les petits bistrots parisiens, quel bonheur quand on en tient un qui fait de la bonne cuisine ! Encore faut-il les trouver ! J'espérais faire une bonne pioche avec ce Bistrot Rougemont.
Il est vert, il est beau, il est propre comme un sou neuf, ce Bistrot Rougemont entend se faire une place de choix dans la rue éponyme qui est déjà bien fournie en espaces de restauration.
Des chaises Drucker, des petites tables en terrasse et le menu sur l'ardoise, les marqueurs parigots sont bien là !
Pour ce déjeuner j'attend Nicolas, un émérite journaliste toujours en vadrouille qui a pu enfin caler une date pour un déjeuner ! Je suis un peu en avance, et j'entre.
La petite salle carré est surchargée. Je dis que j'ai une réservation à mon nom, et on me répond qu'il va y avoir un peu d'attente, "la table se libérant"... Su-per ! Me voilà accoudé au comptoir, avec pour patienter un verre de Morgon (offert) et des tranches fines de rosette. Je n'ai pas trop perdu aux changes.
Cette attente me permet de bien détailler la jolie décoration de la salle, très art déco. Des murs verts, de jolies appliques, c'est simple mais efficace. Le zinc sur lequel je suis accoudé est de très belle facture. Le service s'active, mais la table ne se libère pas.
Nicolas pointe le bout de son nom nez, et se retrouve aussi au comptoir, flanqué de son verre de rouge (toujours offert) ! L'accueil souriant et l'atmosphère détendue nous font - un peu - oublier l'attente. Une dizaine de minutes plus tard, voici notre table à disposition, juste derrière le rideau qui couvre l'entrée, pas forcément la plus agréable place.
A l'ardoise, un joli choix de plats bistrotiers avec un tarif des plus compétitifs : 20 euros pour la totale (entrée -plat - dessert). Il y a bien deux plats qui affichent un supplément de +3 euros, mais c'est impressionnant. Potages, rillettes, oeufs mayo, salade de lentilles, poulet fermier pommes sautées, linguine alle vongole (aux coques du Mont Saint Michel), poitrine de cochon... Voilà des intitulés rassurants et sans surprises mais appétissants. Une carte de bistrot parisien quoi !
Pour commencer, quoi de mieux qu'un bon oeuf mayo? Ici, il est servi dans les règles de l'art à raison de 3 moitiés, sans autres fioritures que quelques brins de ciboulette et un tour d'un énorme moulin à poivre à la dernière minute. C'est un peu la marque de fabrique de l'endroit. La cuisson des oeufs est correcte, même si certains pourraient la considérer comme un peu trop poussée. Quant à la sauce, elle est très bonne, elle correspond bien à ce qu'on attend d'une mayonnaise maison.
Nicolas qui court les coteries à coups de champagne à l'oeil, décide de passer l'étape de l'entrée.
Il me suffit de voir l'intitulé "poitrine de cochon du Tarn et Garonne cuisson basse température 12h" pour avoir l'eau à la bouche. Pas vous?
L'assiette arrive : deux morceaux de poitrines sur un lit de blé, quatre moité de tomates cerises, et une sauce brune, très, très épaisse avec de la ciboulette, des oignons nouveaux et des graines de sésame sur le dessus.
Je sens. Aïe! L'odeur de brûlé. Je ne doute pas que la viande ait cuit 12h, elle a même cramé ! Et quand je goûte, ça ne trompe pas, le côté "pris au cul" est bien là. En plus, la viande est loin d'être fondante, elle est même sèche. Quelle déception !
Nicolas, décidément d'humeur frugale, a opté pour le cabillaud de ligne et asperges rôties. On retrouve dans l'assiette les 4 demi-tomates cerises et la ciboulette. On doit retrouver ça dans TOUS les plats je pense. Un beau pavé de poisson et de jolies asperges et un peu de salade complètent le tout. En guise de liaison, un jus qui de l'aveu de mon convive "n'est pas ouf". Je l'ai connu plus en verve. Son bilan s'avère correct sans plus.
Par contre, je découvre un Nicolas militant, vent debout quasi-enragé et ancré dans ses convictions les plus profondes quand il s'agit de causer.... vaisselle. Pour lui, c'est impardonnable d'avoir des assiettes dans les tons bleutés, "on ne mange pas dans du bleu" tonne-t-il. Houlà, ça a l'air sérieux cette affaire, je ne vais pas le contre-dire, à vrai dire je n'ai pas d'avis dans ce domaine...
Il est 14h, la salle se vide d'un coup. La clientèle de bureau repart vaquer aux alentours. Faudrait pas se faire engueuler par le patron!
Pour le dessert, j'avoue m'être fait "bluesé" comme un débutant. Me référant à ce qu'on j'ai entendu à la table derrière moi, j'ai compris qu'il n'y avait que deux choix possibles : un flan ou un yaourt (super!)... Je commande. le flan parisien au caramel. Trop tard, en fait il y avait une ardoise avec moult choix sucrés, dommage.
Ce gâteau coupé en pavé est recouvert façon Pollock d'un caramel liquide. Au goût, c'est pas mal. Il n'a pas été trop sucré pour supporter le sucre liquide. Un gentil dessert.
Pour le vin, j'ai continué avec celui du comptoir, un très joli Morgon nature à 6 euros le verre.
Note finale : 26 € ! Pas chère, c'est sûr, mais mon plat n'était pas non plus formidable (il aurait plus l'être...). Nicolas avec un plat seul avec supplément et un café en a eu pour 19,50€. Des prix très corrects le midi qui semblent s'enflammer le soir. Les plats seuls tournent ainsi aux alentours du tarif du menu déjeuner...
Finalement, le vrai point positif demeure l'accueil cordial (avec le pif offert pour attendre), la bonne humeur des serveurs, et l'ambiance chaleureuse du lieu dans son ensemble.
Bistrot Rougemont
10, rue de Rougemont
75009 Paris (Métro Grands Boulevards)
Tel : 01 55 32 02 39
Fermé le samedi midi et le dimanche
Les +:
_ jolie déco
_ service agréable et commerçant
_ le prix du menu déjeuner (20€)
Les -:
_ Aïe! la cuisson de mon cochon loupée
_ cuisine bistrotière plutôt que bistronomique