Depuis quelques semaines, la Brasserie Bellanger bénéficie d'une rare couverture enamourée sur Instagram à coups de superlatifs sans point faible... Il fallait bien que j'aille voir de plus près ce phénomène.
Tu vois, Victor et Charly en fait avait fait un pop up restaurant en 2018. Puis ils ont pris leur sac à dos pour sillonner la France à la recherche de la fine fleur des producteurs. 6000km au compteur qu'ils affirment ! Pfiou ! Pis c'est pas tout, car ils ont mis la main sur un trésor : le petit carnet de cuisine de l'arrière-arrière grande tante! Houlala ! Quel story telling, on dirait des cours d'école de commerce appliqués à la lettre.
Tout a été réfléchi visiblement comme l'emplacement, en haut de la rue du Faubourg Poissonnière, à deux pas Des Arlots. Impossible de louper l'endroit vert et rouge et sa nombreuse végétation et ses quelques tables en terrasse.
A l'intérieur, une fois trouvé la bonne entrée, ça claque ! un cabinet d'architectes - B3 Designers - s'en en donné à coeur joie pour jouer avec les codes des brasseries parisiennes, carrelage mosaïque, grand bar en marbre, du laiton doré un peu partout, des tables avec une banquette moelleuse en velours, la cuisine bien visible de tous, des plantes... Une chaleureuse atmosphère se dégage de l'endroit. Les serveurs déguisés en titis parisiens avec les bretelles sur la chemise blanche sont au taquet.
Ce midi, je vais prendre un apéro avant mon déjeuner avec un ami de longue date, Alban, la bonne occasion.
Sur la carte, deux zones distinctes : d'abord une collection de "produits bruts", les fameux qui ont été déniché un peu partout, de 7 à 13€, à base de jambons et fromages à partager. Puis une carte plus classique avec des plats de brasserie : oeuf mayo, poireaux vinaigrette, croque monsieur, saucisse-purée... avec des tout petits prix ! Deux euros seulement l'oeuf mayo, 10 pour le croque, 13 pour la purée. Le plat le plus cher? La pièce de boeuf du jour à 16 euros. Très raisonnables.
Les deux compères ont bien étudié les derniers succès observés sur Paris à commencer par les usines du groupe Big Mamma ou le Bouillon Pigalle.
Pour l'apéro, petit verre de vin (pas de choix en fait, contrairement à ce qui est écrit sur le carte) à 6€ : un muscadet Les 2 Terres de Stéphane et Laurent Perraud. Gentillet. Pour accompagner ça, une petite assiette de Boeuf séché au poivre vert (10€). Une charcuterie carrément délicieuse qui me rappelle celle goûtée chez Tomette. Est-ce la même? Peut-être bien!
Haha ! En guise de carafe d'eau ce sont des animaux en céramique. Original (déjà vu quand même) et toujours aussi peu pratique pour se servir.
Le service ne fait pas très attention au fur et à mesure que le restaurant se remplit et nous interrompt dans nos discussions à deux reprises. Pas très agréable. Alban doit partir, mais moi, je continue de tester la carte du lieu !
Impossible de passer à côté d'un oeuf mayo à 2 euros ! Parfaitement cuit, une sauce maison quelques brins de ciboulette, voilà qui fait plaisir!
A ce prix-là, il y a de quoi prendre une deuxième entrée : ce sera les poireaux vinaigrette à 6€. L'assiette est bien garnie. Des petits poireaux, servis avec les racines et légèrement grillés avec une sauce un peu acidulée grâce à de la moutarde ancienne, c'est bien fait et agréable.
Ça y est, des gens sont refoulés. Les trentenaires parisiens propres sur eux, avec enfants de préférence, squattent le lieu.
Après une certaine attente, pour ne pas dire plus, on m'apporte pas un, mais deux croque-monsieur ! Il y a erreur. Le service est visiblement dépassé, ça part dans tous les sens. Finalement, j'en récupère un.
Premier constat (amer) : du pain de campagne est utilisé. Quelle idée! c'est bien meilleur avec un bon pain de mie un croque ! D'ailleurs, la préparation a ramolli la croûte du pain qui n'est même plus croquante. Il faut dire qu'il est tout juste tièdasse ce sandwich... Bonne chose, pas de béchamel ! C'est toujours ça !
Par contre à l'intérieur, tout le fromage n'a pas fondu. enfin, au goût je retrouve un arôme truffe... alors que je n'ai pas demandé de jambon à la truffe (c'est +3€)... Pas mauvais mais étrange. On oublie les 3 feuilles de salades plus que fatiguées.
Les frites allumettes de leur côté se défendent bien.
Petit dessert. Là, j'opte pour le Hitstagram du moment le Paris Brest de la brasserie Bellanger. Sur les photos gourmandes qui circulent abondamment sur les réseaux sociaux, j'ai vu ce gros gâteau gourmand qui déborde de praliné ! Je m'en pourlèche les babines d'avance !
Mais quand le gâteau arrive (après une attente certaine une nouvelle fois) c'est un peu la désillusion. Le Paris-Brest correspond bien aux images vues avec la coulée de praliné, mais en version miniature ! Jamais vu un aussi petit Paris-Brest ! En trois bouchées, la chose - bonne - est avalée. J'apprécie ces petits grains de noisette et de sucre, mais heureusement que j'avais pris un apéro et deux entrées, sinon j'aurais crié famine.
Pour le vin du repas, j'ai donc pris l'option rouge : un verre Des Ribos, un corbière de Yohan Moreno à 6€. Plutôt pas mal ce petit vin léger et bien fruité.
Addition finale totale : 54€... seulement ! Et si je ne prends que mon déjeuner et un verre de vin : 32€ ! Chapeau bas ! C'est pas cher! On sent quand même que la volonté du duo est de recréer le phénomène Big Mamma mais à la française : beaux produits, déco chiadée, prix maîtrisés, mais quasi absence de cuisine pour produire en série des plats sans trop de caractère.
La Brasserie Bellanger
140 Rue du Faubourg Poissonnière
75010 Paris (métro Barbès Rochechouart)
SANS RESERVATION
Ouvert tous les jours
Les +:
_ déco sympa
_ pas cher
_ de vrais beaux produits
Les -:
_ le service un peu à la ramasse
_ les clients du dimanche midi à base de gamins qui chouinent
_ pas vraiment de cuisine
_ le croque monsieur médiocre
_ le Paris Brest riquiqui