Il y a des adresses que l'on aime bien détester : trop bling bling, trop marketing, trop prétentieuses... Vu l'avalanche de critiques qui pleuvent sur le restaurant Froufrou sur les réseaux, j'ai voulu voir ce que ça donnait quand même.
Sur Google, la table du théâtre Edouard VII est affublée d'une note de 3,2/5. Sur La Fourchette, pas mieux : 7,9/10... pour qui connaît un peu ces systèmes de notation, on se situe là à un niveau bien médiocre. On reproche pèle-mêle à l'endroit ses tarifs élevés, son "service scandaleux", "incompétent et long", ses "plats fades, sans recherche gustative", en résumé "une arnaque parisienne". N'en jetez plus, la coupe est pleine. Mais il faut dire que le beau-gosse Juan Arbalaez, enfant de Top Chef, et multi-entrepreneur est toujours attendu au tournant quand il s'investit quelque part. Ici, il a créé la carte.
Le lieu est réputé pour avoir de l'animation musicale live, le soir. Le déjeuner c'est donc mieux pour moi ! Pour ce premier vrai beau jour de juin, la salle a été entièrement déportée en terrasse, devant le théâtre. C'est d'un calme rare et reposant.
Placé en plein soleil, ma peau de Normand n'aurait pas résisté longtemps, heureusement de grands parasols se déploient à la demande. Il est 12h25, il fait chaud, la terrasse est déjà bien occupée, je suis détendu.
Côté carte, il y a du travail de "mise en scène", avec des annotations ici et là pour faire sourire. Des entrées de 9 à 16€, des plats qui vont de 20 à 31€ et quelques propositions à partager - très à la mode en ce moment, et très frustrantes quand on mange seul - comme cette épaule d'agneau pour 2 ou 3 personnes à 97€ pièce. Attention tout de même car la plupart des plats ne comprennent pas l'accompagnement au choix de 5€... Pour le déjeuner, il y a aussi un menu du jour (qui n'est pas affiché et qu'il faut demander) à 35€ sans choix possible. Visiblement les prix ont un peu fondu depuis l'ouverture tapageuse du lieu.
12h35, prise de commande.
12h46 : arrivée de l'oeuf mimosa (9€). Dans une cassolette en cuivre, trois demis comme il se doit sur un fond vert de vessie (je viens d'apprendre cette nuance, merci internet!), et avec quelques mini-croûtons. Si ces moitiés sont d'une taille minuscule (les poules n'ont pas dû avoir bien mal à la ponte, bravo pour ce geste de bien-être écolo-responsable), elles s'avèrent plutôt bien cuisinées. Simple, efficace. La chlorophylle de cresson n'a pas grand goût, heureusement que le mélange de baies ravive un peu tout ça.
Mais que reproche-ton au juste à ce Froufrou? C'est très correct pour l'instant.
En fait, je découvre vite (ou au contraire lentement) où le bât blesse : il faut attendre 13h20, soit 30 minutes après avoir été desservi pour voir mon plat arriver. Durant ce délais on est même venu me demander si j'avais bien eu mon entrée... L'organisation n'est pas au point visiblement.
Mon plat fait une drôle de tête : le minuscule pavé de saumon d'Isigny se cache sous des tout aussi minuscules pois gourmands, et l'assiette d'être recouverte d'un effet "dripping" mal maîtrisé entre une sauce tomate rouge vif et une huile/pesto verte. Pas très jojo tout ça. La purée à 5€ se trouve dans le même type de cassolette en cuivre que celle de l'entrée.
Et là, ça ne va pas mieux, rien qu'à la découpe, je sens que je vais passé un sale moment. Le poisson est archi-cuit! C'est du carton. C'est loupé.
La purée de son côté se défend bien, même si elle ne va pas vraiment avec le plat.
Je suis un peu oublié avec mon assiette vide, pourtant le service papillonne les mains vides. 13h28, demande de la carte des desserts.
13h40 on prend ma commande. J'ai eu le temps de passer en revue les 3 propositions individuelles.
13h48 le dessert arrive : Entremets framboise / citron vert (9€). Le dressage a eu un petit soucis, et la mousse se barre ! Des mini-demi-fruits rouges servent de déco, une tuile est là pour le croquant-gourmand. Je sens bien la framboise dans ce dessert, mais par contre, de citron vert que pouic. On m'assure qu'il était bien présent pourtant dans l'insert... Mon palais n'y a senti que de l'acidité douce... Un dessert très convenable et passe-partout.
Encore de l'attente pour demander le café. c'est fait à 13h59.
Pour le vin, la carte multiplie les références connues et très chères, ça monte jusqu'à 1500€ la boutanche quand même ! Je vais rester sur un godet à 8€ (le moins cher) de Faugères Le Cairn 2016, domaine de Cottebrune. Servi glacé, il faudra attendre (encore attendre...) pour retrouver un peu ses arômes bien agréables au palais. Un confortable coefficient 4.
Addition éditée à 14h05 ! Pour être aussi rapide, j'ai dû me lever pour aller payer évidemment ! Cependant, 1h40 pour déjeuner, ça dépasse les limites. Le service, s'il n'est pas si indigne, ne brille pas par sa grande compétence, les plats goûtés n'ont que peu d'intérêt quand ils ne sont pas loupés comme ce saumon bien trop cuit.. Heureusement que cette terrasse était bien agréable. J'en ai eu pour 56,50€ tout de même... Froufrou croule sous les reproches plus ou moins valables, mais il faut avouer qu'ils le cherchent un peu !
Froufrou
Théâtre Édouard VII
10 Place Édouard VII
75009 Paris (Métro Opéra)
Tel : 01 47 42 92 55
Fermé le samedi midi et le dimanche
Les +:
_ le cadre et la jolie terrasse
Les -:
_ service qui n'en finit pas
_ cuisine peu réjouissante, poisson bien trop cuit
_ on se sent vite oublié
_ pas donné, donné
_ vin servi glacé