Le Groupe Joulie s'agrandit. Cette entreprise discrète qui mise sur les grandes brasseries vient d'ouvrir sa 14ème adresse à Paris du nom d'une ancienne aventure qui avait fait long feu : Batifol.
Jadis, la grande brasserie La Strasbourgeoise permettait aux voyageurs pressés de s'engouffrer choucroutes et flammekueche avant de prendre un train. Le Groupe Joulie a mis la main sur cet endroit stratégique, pile en face de la gare de l'Est, et a fait renaître la marque Batifol. Dans les années 90, il y en avait en nombre à Paris, - jusqu'à 19! -, mais l'aventure a pris fin en 1998, revendue pour devenir autant de Buffalo Grill. Le groupe n'en a pas pour autant abandonné toute ambition, et en se reposant sur ses grandes brasseries (Sébillon, DAB, le Boeuf Couronné, Chartier...) a continué de s'étendre. Avant Batifol, c'est le Wepler qui était tombé dans son escarcelle.
C'est donc facile de trouver ce Batifol. Il y a même une sortie du métro qui donne directement sur son entrée aux allures de vieille brasserie... toute neuve.
L'esprit grande brasserie est bien là à l'intérieur. Larges volumes, nombreuses places (200 couverts), serveurs survoltés. En déco, des reproductions de vieilles affiches, dommage de ne pas avoir des originales.
A peine installé on me donne la carte en me précisant le plat du jour - omelette aux cèpes - et celui de semainier - tête de veau. Une poignée de minutes plus tard, on vient s'enquérir de ma commande. Pas eu le temps de faire mon choix. Puis 10 secondes après, un autre serveur me pose la même question. Grosse pression ! On doit avoir l'habitude ici des personnes pressées.
Pourtant à y regarder de plus près, je vois surtout des hommes seuls venus s'offrir une gourmandise certainement déconseillée par leur médecin et/ou leur femme. L'un d'eux m'impressionne : avec sa bouteille de rouge sur la table, il avale goulûment ses plats.
Mais que dit cette carte? Constituée à 95% de cuisine française, s'y glisse tout de même un intrus qui a toutes les allures du plat à éviter absolument ici : ceviche de maquereau avocat et tomate. Ça fait tâche au milieu des escargots (9€ les 6), sardines à l'huile millésimées (14€!), soupe à l'oignon (6,50€) et oeuf mayo (4,50€) ! L'Alsace n'a pas été oubliée, avec une belle choucroute garnie (17,50€), mais c'est tout. Pot au feu, steak frites, confit de canard, quenelles de brochet constituent le reste d'une carte qui respire la France et ses régions. Des entrées de 4,50€ à 9,50€ et des plats de 13€ à 19,50€.
Je commence avec un incontournable : l'os à moelle (7,50€). Il arrive rapidement : deux morceaux avec deux tartines. Je sens que je vais me régaler, j'adore ça ! Et puis patatras ! Les os se révèlent vides ! J'en tire à peine deux mini-cuillères de la précieuse moelle... tout le reste a fondu dans le fond de l'assiette. Grosse déception, mais je suis courageux et ne verse aucune larme.
Je fais quand même remonter ma tristesse, et on me propose tout de suite de me resservir une assiette ! Banco ! Après un peu d'attente, elle arrive. Cette fois-ci les deux os sont bien garnis. Mais je n'ai pas encore terminé le premier que mon plat est servi... J'ai fait se dérégler la belle mécanique de Batifol...
Mon omelette aux cèpes a une sympathique allure servi à plat comme une crêpe. Ça ressemble beaucoup à ce que je peux faire chez moi. Les champignons sont bien frais, c'est la pleine saison. Malgré l'attente sur le coin de la table pendant que je finissais l'entrée, elle a maintenu un léger côté baveux. Simple, mais bien fait, je m'y retrouve. Facturée 14€. Un mot sur la salade en accompagnement : correcte.
A côté de moi, un couple s'est installé côte à côte, occupant ainsi deux tables. Ils ont commandé leur choucroute, servie dans un belle cocotte en fonte rouge. Ça sent les habitués!
C'est l'heure du baba au rhum (8,50€). En inspectant mieux le menu, je découvre qu'il n'est pas fait maison. C'est honnête de le dire ! Mais je vois qu'il n'est pas le seul plat dans ce cas : les escargots, les quenelles et le confit sont dans la même catégorie. Ce gâteau s'avère de belle taille, mais pas assez imbibé. De plus, il n'a eu que du sirop au rhum pour s'épanouir, il manque de la niaque d'un trait de rhum pur. Je ne fais pas le bégueule et le termine quand même !
On le sait, le vin n'est généralement pas la spécialité de ce genre d'endroits, Batifol ne fait pas exception. Pour 5€, j'ai pris un grand verre (15cl) de la "sélection Batifol", un Syrah classé en IGP. Servi froid, il n'a pas été désagréable.
L'addition arrive tout aussi vite que tout le reste : 35,50€. Un coût modique pour une cuisine pas exceptionnelle mais qui peut dépanner. Effectivement, si j'avais un train à prendre, j'ai ici l'assurance d'avoir de la place et de manger très vite pour des prix raisonnables.
Batifol
5 Rue du 8 Mai 1945
75010 Paris (métro Gare de l'Est)
Tel : 01 42 05 20 02
Ouvert tous les jours
Les +:
_ de grands espaces, il y aura toujours de la place même sans réserver
_ service version Speedy Gonzales
_ mes os vides changés sans barguigner, sens du client
Les -:
_ pas de grande cuisine ni de beaux produits
_ pas l'endroit pour prendre son temps et... batifoler !
Serviette en tissus | ❌ |
Changement de couverts à chaque service | ✅ |
Nappe en tissus | ❌ |
Bonne réception mobile | ✅ |
WiFi gratuit | ✅ |
Musique inutile en fond sonore | ❌ |
Adapté pour les enfants bien élevés | ✅ |
Volume sonore moyen | 58dB |
Toilettes bien entretenues | ✅ |
Même menu midi et soir (hors formule) | ✅ |
Réservation possible | ✅ |
Vin au verre goûté avant d'être servi | ❌ |