Pour ce blog, je mets rarement les pieds dans des restaurants doublement étoilés, plutôt habitué aux nouveaux établissements. Voilà 10 ans que l'Atelier Etoile de Joël Robuchon est un habitué du Guide Michelin, et a même récupéré sa deuxième breloque en janvier dernier. Après ma visite, ça demeure un mystère...
Situé en sous-sol du Drugstore Publicis, cet Atelier avait réussi à casser les codes des restaurants étoilés il y a 10 ans de ça. Bien avant l'exceptionnel Pavyllon de Yannick Alléno, le chef Joël Robuchon avait voulu démocratiser la haute gastronomie et la décontracter en installant sa clientèle à un grand comptoir qui entoure la cuisine.
Mais COVID oblige, la belle convivialité promise en a pris un coup avec la mise en place de plaque en plexiglass tous les 2 tabourets. Me voilà donc placé - avec une hôtesse d'une remarquable gentillesse - dans l'un des "box" face à la cuisine.
Heureuse surprise, le menu n'affiche pas des tarifs effrayants : dès 49€, on peut profiter d'un menu en 3 services. Comptez 89€ seulement pour 5 services au choix (au déjeuner uniquement).
Je jette tout de même un oeil à la carte : rien de bien bouleversant d'originalité : sole meunière, noix d'entrecôte... le chef Thierry Karakashian (absent ce midi-là pour congés) s'appuie sur de grands classiques de la cuisine française avec des produits d'exception. Bref, autant profiter du menu.
L'entame du repas se fait avec un gaspacho tomate / cerise, ricotta et pistaches. Un joli amuse-bouche aux notes acidulées et douces très agréables et qui a de quoi mettre au garde à vous mes papilles. Elles sont prêtes pour la suite !
Je m'aperçois qu'autour de moi, ne se trouvent que des habitués qui connaissent un peu tout le personnel. A ma droite, deux frères septuagénaires s'étonnent que des serveurs ne connaissent pas l'expressions "des huiles" pour désigner des personnes importantes. Ca les a captivé au moins une bonne heure à interroger tout le monde sur la connaissance ou non de la signification, apportant quelques sarcasmes moqueurs au passage. On passe son temps comme on peut...
On me sert une corbeille avec 3 mini-pains pâlots pas très engageants et du beurre. On viendra me préciser plus tard qu'il s'agit du traditionnel Bordier demi-sel. Aussi bon que classique.
Arrive ensuite une loooooooooongue assiette avec un Ceviche de daurade et épices. Une jolie version que n'hésite pas à contenir un peu de piment pour chauffer le palais. Mais ce qui ressort de cette entrée demeure la qualité de l'huile d'olive utilisée. A elle seule, elle emporte mes suffrages ! J'en profite pour demander la référence : huile masia el altet.
Une entrée chaude à suivre : Bouillon Shiitake avec une feuille de shizo en tempura. Notes asiatiques appuyées pour un hommage à feu le chef qui avait fait des étincelles au Japon notamment. Rien à redire à nouveau, tout y est bien fait. Le bouillon s'avère correcte, je l'aurais préféré plus corsé. Mais tout ça s'avale plaisamment.
Suite avec un plat qui se négocie avec un croquignolet supplément de 13€ : Spaghettis homard. Et qu'ont de particulier un plat déjà vu un peu partout mais en version 2 étoiles Michelin ? Bah, pas grand chose à vrai dire. Tout y est bien fait. Le crustacé bénéficie d'une cuisson exemplaire tout comme les pâtes légèrement al dente. La bisque au goût profond et gourmand enrobe le tout avec malice. Un bon plat de pâtes.
Une spécialité japonaise pour suivre : le Porc ibérique croustillant aka tonkatsu. Une pluma a été enrobée de ponko avant de cuire en friture. Au-dessus du chou blanc. En sauces, une soja sucrée et une autre, simple mayo maison. A côté, un ramequin de la célébrissime purée du chef défunt. Très honnête porc pané, pas très fin, mais gourmand. A l'instar de la purée.
A ma gauche, un couple d'habitués est accompagné d'un cher ange qui a daigné manger des spaghettis au beurre du bout des lèvres et non sans faire des cris de primates capricieux sans cohérence aucune...
On ne perd pas le rythme au service. La cuisine travaille dans le calme voire dans un silence monacal. Et voilà qu'arrive mon Cheesecake Yuzu. Posé sur une fiche couche de gelée acidulée, un biscuit speculos en base, de la crème au yuzu avec un mini-insert, et au-dessus une couronne de chantilly et un croustillant au coeur duquel a été disposé une unique groseille. Bref, un joli dessert qui passe bien.
Pour le vin, deux jolies références servies en magnum (la spécialité de la maison) : une côtes de gascogne, Haut-Marin d'Elisabeth Prataviera (12€) et un saint joseph 2016 de Jean Michel Gérin (15€).
Je découvre que la café - de bonne facture - et servi avec deux madeleines yuzu et deux chocolats au coeur coulant caramel beurre salé, ne m'a pas été facturé. Si bien que la douloureuse s'élève à... 129€. Pas de coup de bambou donc, mais rien d'extraordinaire dans les assiettes qui puisse justifier deux étoiles. Un cuisine plutôt impersonnelle, très bien exécutée et sans aucun défaut, mais déjà vue et goûtée ailleurs (dans des restaurants sans étoile). Est-ce que cet Atelier Etoile Joël Robuchon "mérite le détour" comme le vante le Guide Rouge? Non. Pour tout vous dire, j'ai eu une meilleure expérience avec plus d'émotions et de saveurs originales ne serait-ce que juste en haut, au Drugstore. Qu'est-ce qui légitime 2 étoiles ici? Mystère...
L'Atelier étoile Joël Robuchon
Publicis Drugstore
133 Av. des Champs-Élysées
75008 Paris (métro Charles De Gaulle Etoile)
tel : 01 47 23 75 75
Fermé dimanche et lundi
Les +:
_ des prix tenus
_ une cuisine généreuse et sans chichis
_ après les 5 services, on est calé !
_ service pro mais pas guindé, avec beaucoup de cordialité et de prévenance
_ très beaux produits
Les -:
_ rien d'extraordinaire dans les assiettes. Tout est très bien fait mais déjà vu ailleurs...
Serviette en tissus | ✅ |
Changement de couverts à chaque service | ❌ |
Nappe en tissus | ❌ |
Bonne réception mobile | ❌ |
WiFi gratuit | ✅ |
Musique inutile en fond sonore | ✅ |
Adapté pour les enfants bien élevés | ✅ |
Volume sonore moyen | 57dB |
Toilettes bien entretenues | ✅ |
Même menu midi et soir (hors formule) | ❌ |
Réservation possible | ✅ |
Vin au verre goûté avant d'être servi | ✅ |
Végétariens bienvenus (au moins 1 entrée et 1 plat) | ❌ |
Pain : sélection de 3 mini-pains tout juste corrects |