Depuis le retour des restaurants, je savoure chacun de ces instants délicats où mes papilles se réveillent. Voici donc un restaurant que j'aurais dû fréquenter il y a des mois, et des mois, et que finalement j'ai réussi avec bonheur à y poser mon séant : Pétrelle. Merci @mon_paname pour l'idée !
Par Arnaud Morisse
Quand on n'a plus que ses dimanches soir et lundi pour trouver l'occasion de s'attabler dans un bon restaurant, ça devient une gageure de trouver l'adresse qui fera se trémousser de bonheur mon estomac. Pétrelle a donc la très riche idée d'ouvrir le dimanche soir! Cette adresse reprise en main qui a ouvert juste avant le confinement avait déjà réussi à faire un peu parler d'elle. C'est la visite de @Mon_Paname qui m'a fait y repenser, allez, hop ! Réservation effectuée ! Comme avant...
Pour cette période de déconfinement, seules les terrasses sont ouvertes. Las, ce restaurant cosy n'en n'a pas... et donc squatte le maigre trottoir avec 4 tables. Calme et tranquillité vont être au programme. A l'intérieur, la salle fait la part belle aux objets anciens. Voilà une décoration qui a du cachet ! Mais je n'en profiterai pas ce soir.
Le menu, il est unique : 4 temps à 52€. Un accord mets-vins peut s'y ajouter pour 34€ pour 3 verres. Allez, c'est parti pour la totale ! On me demande avant tout de même s'il n'y a pas des choses qui seraient synonymes de veto alimentaire. Vous me connaissez, non. Et comme la saison des huîtres, c'est fini, pas de risque d'accident !
Etant seul en terrasse (je suis arrivé vers 18h15, cause couvre-feu...), l'amuse bouche arrive rapidement. Crème d'asperge - pleine de fraîcheur et de vivacité - et une gougère façon guanciale qui joue dans la cour des gros gourmands ! Voilà qui met en appétit ! Pour l'accompagne, on me sert déjà le premier vin : un vin grec, Livia. Très agréable. On me le servira en deux-demi verres généreux histoire de lui conserver un peu de fraîcheur avec l'entrée qui suit ! Délicate attention qui fait du bien. On se sent aimé ici.
Dans une assiette manifestement chinée (ici, couverts et vaisselles sont un vrai bonheur de brocanteur !) arrive les Asperges blanches en tempura, crème de roquette et courgette trompette. C'est beau. Dans l'assiette aussi des amandes. Et j'avoue avoir été bluffé par la construction de ce plat, qui, au fur et à mesure de l'engloutissement révèle différentes textures. On ne s'y ennuie pas une seconde et je me régale ! Le pain de Ten Belles permet de saucer comme il se doit cette soyeuse crème de roquette. Je revis.
Place ensuite au plat de "poisson" : Gombero Rosso marinée, coeur de burratina, artichauts poivrade et vinaigrette de bisque. Rien que l'intitulé me fait saliver ! J'ai immédiatement très très faim en voyant ça ! C'est sublimement bon ! Le crémeux de la burratina, la sauce, les crevettes, et les artichauts participent d'un même élan gourmand. ça faisait si longtemps que je n'avais pas mangé quelque chose d'aussi bon ! Je me sens comme un aventurier de Koh Lanta qui rer-découvre un steak frites après une épreuve de confort.
Tiens, la terrasse se remplit. Et juste à côte s'assoit une "vieille" connaissance du monde de la gastronomie en la personne de Manon Fleury (ex-Mermoz qui vient d'annoncer son arrivée du côté de Monte Carlo). C'était l'instant gastro-people.
Côté vin, l'accord peut étonner avec un rosé corse plein de peps. Pas mal.
C'est l'heure déjà du 3ème service : Persillé de boeuf angus de Galice, aubergine, condiment XO. C'est une nouvelle fois très réussi, avec des saveurs maîtrisées et gourmandes. La viande saignante bien juteuse réveille mes instincts carnivores. Tandis que l'aubergine comble mon envie de sagesse. C'est équilibré, savoureux, et ce petit condiment bien péchu sur le dessus avec la feuille de menthe sort des sentiers battus.
Pour le vin, j'avoue ne plus me souvenir de la référence... Mais, je me rappelle d'un nez bien gourmand et d'un accord de bon aloi.
Pour le dessert : Fraises mariguettes, crème glacée au curcuma, kumquat confit et tuile caramélisée. Encore un jeu de textures très réussi. Les saveurs se marient bien. De la fraîcheur et pas trop de sucre, voilà l'offre idéale par ce temps ! Côté accord, on m'offre un essai : une crème de mandarine de la maison Cabanel. Seul, cette petite liqueur est une merveille de fruit et de douceur. Mais avec ce dessert, on ne ressent que le côté sucré, car les saveurs du kumquat et du curcuma prennent le dessus. Dommage. Mais il fallait le tenter !
Pour le café - Esperanza -, je fais l'impasse. Arrive donc l'heure de l'addition au moment où le couvre-feu pointe le bout de son nez : 86€ pleinement justifiés. Ce restaurant Pétrelle dégage une belle identité tant visuelle que culinaire. On se confronte là bien à une cuisine d'auteur qui cherche à faire plaisir et où chaque plat est construit avec intelligence et gourmandise.
Les +:
_ le cadre et la vaisselle ont fait vibrer mon âme d'historien
_ une cuisine juste et goûteuse
_ un accueil chaleureux
Les -:
_ les grincheux diront qu'ils n'aiment pas avoir un menu unique imposé. Moi, j'adore ça ! Et les grincheux resteront grincheux.
Pétrelle
34 Rue Petrelle
75009 Paris
Tel : 01 42 82 11 02