Belle invention que cet endroit savamment désuet pour se raccrocher à l'Histoire ou plus exactement à l'histoire d'une chanson française, l'enseigne datant de... 1999 !
C'est un beau roman, un belle histoire! Une histoire de folie pour être plus exact. Sortant vaillamment d'un endroit de perdition du côté des Halles vers midi, je suis pris d'une fringale. Classique. Réunissant les quelques neurones encore actifs dans ma tête (et certainement dans mon estomac), je me souviens qu'un Café Pouchkine a ouvert en haut de la Rue des Petits Carreaux... pas très loin en somme. Et des photos affriolantes de son mille feuille me restaient aussi en mémoire ! C'est décidé, faisant vaguement semblant de marcher droit, me voilà parti vers la rue Montorgueil. L'adresse est bien là, jolie, baroque comme si une maison de poupées était bien trop grande.
Ici, on raconte des histoires. L'enseigne même est une histoire à elle toute seule. Gilbert Bécaud donnait rendez-vous à Nathalie en 1964 à Moscou dans le Café Pouchkine. Sauf que cet endroit n'avait alors jamais existé ! 35 ans plus tard, un filou franco-russe tente le diable et établit un vrai Café Pouchkine dans la capitale russe. Une gentille arnaque à la façon du saucisson d'âne des Corses en somme ! Mais comme le touriste Français aime les belles histoires, il va au Café Pouchkine quand il est en goguette moscovite ! Légitimé en Russie, des boutiques-restaurants arrivent à paris. Madeleine, puis Montorgueil.
J'échoue donc là-bas. Un coup d'oeil rapide dans la vitrine, je repère ma cible, LE Millefeuille !
D'un air décontracté (alors que je devais complaisamment sentir un mélange infâme d'alcool et de tabac...) je commande l'objet de ma venue dans ce beau petit palais, m'assoie à l'une des tables et me voit servir !
La bête est belle, élégante, propre. Pas moins de 4 couches de crème à la vanille sont proposées et séparées par de la pâte feuilletée caramélisée, avec au dessus, telle une signature, une fine bandelette de nougatine aux amandes.
L'eau me vient en bouche. Je plonge derechef ma cuiller dans le mille. Le couches ne se révèlent pas très craquantes, mais la crème se tient bien. En bouche, l'impression de froid n'est pas des plus agréables. Elle aurait mérité d'être chambrée quelques minutes cette gourmandise. Mais très vite les saveurs de vanille tapent à la porte des papilles. Sans être croustillantes, les couches caramélisées de pâte feuilletée apportent juste ce qu'il faut de gourmandise.
Je replonge. Vive, la vanille m'emmène en voyage, il faut que j'y retourne, c'est IMPERATIF !
Miam, je me régale. Ma faim de loup de fin de soirée est comblée avec bonheur.
Déjà fini? Même de bonne taille pour une pâtisserie individuelle, ce mille feuille glisse tout seul et à une vitesse proche de celle de la lumière, directement dans l'estomac. Au revoir petit moment de bonheur. Tu sais, je m'en souviendrai.
A la caisse, ce petit moment de bonheur a un prix : 9,50 euros exactement. Une folie je vous disais. Il est l'heure d'aller se coucher.
Café Pouchkine
14 rue des Petits Carreaux
75002 Paris (Métro Sentier)
Tel : 01 42 36 76 99
Google Maps : 3,7/5
Les + :
_ le décor de maison de poupée
_ le mille feuille (en même temps je n'ai goûté que ça!)
Les - :
_ Le prix d'une place de ciné quand même pour une pâtisserie
_ Une fausse authenticité genre les boulangeries Paul ou Ladurée