Trouver une bonne table dans la très rupine ville de Neuilly sur Seine n'est pas chose facile. Heureusement, Ribote est là !
Jadis, il y a maintenant bien longtemps, je me rappelle d'une soirée mémorable passée au 17 de la rue Paul Chatrousse. A l'époque, le restaurant s'appelle le Chambord, une vieille, vieille maison qui semblait figée dans le temps et où on se régalait de foie gras en papillote et d'un canard au sang en deux services d'exception... Le temps a passé quand même, la maison a décliné, et a été remplacée par une table bistronomique, Ribote.
De l'ancien temps, seule l'enseigne demeure, clin d'oeil pour ceux qui ont vécu l'âge d'or de cette adresse. Façade bleue, deux tables en terrasse, changement d'ambiance !
Pour ce midi, je déjeune avec un as des batteries, des soudures, des drones trafiqués, du vin fait maison et accessoirement du développement web (tout est vrai), le Gourou. J'en ai de la chance !
Je le retrouve dans la salle déjà bien remplie alors qu'il n'est que 12h30. C'est sobre et sans particulièrement de détails de décoration à noter.
Un menu du jour s'affiche à 22€ (entrée plat dessert). Pour ce prix, vous n'avez pas le choix des plats. Aujourd'hui, soupe de patates douces, lieu jaune et cheesecake. Bof. C'est donc sur la carte qu'on se jette avidement. Evidemment à ce petit jeu, les prix ne sont pas les mêmes : de 9 à 14€ pour les entrées on l'on retrouve la soupe du jour mais aussi du poulpe avec du lard colonatta (miam!) ou encore des betteraves préparées avec... des huîtres ! On ose l'originalité ici ! Les plats varient pour leur part de 20 à 26€, d'une assiette de légumes surprise (aka "qu'est-ce qu'il nous reste en légumes on a un casse-c.... de végétarien") au quasi de veau, chou-fleur rôti et cresson.
La petite attente en plein coup de feu (passé 12h45 la salle est pleine à craquer) permet de se mettre à jour des actualités de chacun, non sans tendre l'oreille et parler très fort. C'est un point noir de la salle, elle est extrêmement bruyante ! Difficile de discuter.
Arrive mon entrée : paleron de boeuf, shitaake et main de boudha. La viande confite servie tiède est délicieuse, tandis que la coriandre et les lamelles de l'agrume apportent une jolie touche vive et exotique. Un petit bouillon goûteux enrobe le tout avec un maximum de gourmandise. C'est vraiment une très bonne entrée!
Un peu de volaille pour suivre ce repas carné (et compenser mon déjeuner vegan de la veille chez Given!) : pintade, échalotes, salsifis et purée de panais. Deux morceaux d'oiseau sont proposés dans l'assiette : un blanc à la peau dorée et croustillante, et un morceau de cuisse plus confit. Trois salsifis, une quenelle d'échalotes confites, un peu de purée et un bon jus de cuisson, et voilà qu'on obtient un bon plat. Petit bémol, il a été servi un peu tiède, et le blanc a eu bien besoin du jus pour ne pas paraître trop sec. Mais les goûts sont là, bien présents, et c'est l'essentiel non?
En face de moi, le Gourou qui n'a pas pris d'entrée, sans doute pour garder la ligne (pas comme d'autres...), a été très content de son plat, le quasi de veau, chou-fleur rôti et cresson. Et c'est vrai que son assiette a de l'allure et que la cuisson de la viande était visiblement parfaite !
Un verre d'eau renversé plus tard par un Gourou passionné et enflammé qui tenait absolument à me montrer des photos de ses batteries maison, c'est l'heure desserts. Pour moi c'est un sorbet mangue, génoise, fruits de la passion et meringue. Autant dire que l'intitulé du plat ne laisse place à aucun mystère ni surprise. La glace est bonne et pas trop sucrée. Le mariage des fruits exotiques fonctionne toujours bien (et ça Banga l'avait compris avant tout le monde), seule la génoise était vraiment trop sèche et aurait mérité qu'elle soit un peu imbibée de sirop par exemple.
Je vois alors le Gourou se décomposer. Il a commandé une banane caramélisée, ganache de chocolat noisette et sablé breton, et il se retrouve avec trois malheureux petits bouts de fruit dans son assiette ! Lui qui rêvait déjà d'une belle banane entière et gourmande, d'un dessert festif si bien qu'il n'avait pas pris d'entrée, se retrouve avec ... une déception. "Rien à dire au niveau du goût" m'indique-t-il, "mais bon...". Chez lui, ça veut tout dire. J'entends déjà les grincements de son estomac qui n'est pas assez rempli.
Un verre de Corbière du domaine du Château le Bouis, la Cigale 2015 m'a accompagné avec ce repas. Un bon vin bien agréable et qui sait bien jouer les entremetteurs. Six euros le godet pour une bouteille qui s'achète à 7,50€ à l'unité, joli coefficient !
L'addition finale monte à 95€ pour deux ! Mon seul repas à la carte me revient à 53 euros, c'est pas donné, donné. Mais je dois dire que c'est quand même le meilleur restaurant de Neuilly, de par la qualité des produits et l'originalité de sa cuisine avec des goûts maîtrisés. Certes tout n'est pas parfait et la salle se révèle trop bruyante, mais dans cette ville, pas facile de bien manger.
Ribote
17 Rue Paul Chatrousse
92200 Neuilly-sur-Seine (Métro Pont de Neuilly)
Tel : 01 47 47 73 17
Fermé samedi et dimanche
Les +:
_ beaux produits et très belle cuisine d'auteur
_ bon pain baguette
_ service efficace et très sympathique
_ un menu déjeuner complet à 22€
Les -:
_ la salle trop bruyante
_ à la carte, les prix flambent
_ des desserts pas éblouissants voire décevants