De passage à Saint-Ouen, un dimanche (pour la fête du Patrimoine gourmand), c'est l'occasion de tester LA table qui fait jazzer dans le coin en ce moment : le restaurant Bonne Aventure.
A l'instar de beaucoup de communes de la petite couronne parisienne, la gentrification est en marche à Saint-Ouen. Des immeubles sont rénovés, la population, plus jeune et plus cossue investit les lieux et avec elle de nouveaux commerces. Ainsi, pour arriver du côté de Bonne Aventure, je suis notamment passé devant une rutilante fromagerie devant laquelle on faisait la queue! Les puces ne sont pas loin mais c'est des poux que je viens chercher à cette adresse auréolée de toute la hype du moment.
Ici, la réservation est obligatoire. Il n'est pas 12h20 que c'est déjà plein. Et j'ai rarement vu une adresse qui refoulait tant de personnes. J'en ai bien compté une trentaine éconduite durant tout mon déjeuner. Autant dire qu'on se presse pour venir s'attabler ici. Une clientèle jeune, bien propre sur elle et qui n'a rien de populaire. Paradoxalement, les tarifs sont plutôt en bas de l'échelle : en semaine le déjeuner complet est facturé 19€ ! Pour ce dimanche, sans formule, les entrées tournent de 8 à 11€ et les plats s'affichent à 18€. Le soir, on n'échappe pas aux "petites assiettes à partager".
Dans la petite salle, peu voire pas de déco hormis le mur de jolies bouteilles exposées façon caviste. C'est du brut de chez brut. On vient ici à la bonne franquette, pas pour s'extasier sur l'ouvrage du dernier cabinet d'architecte à la mode.
On ne traîne pas ici. Ils savent qu'un autre service les attend. Les 3 personnes en salle virevoltent, ne font jamais de courses à vide, et parviennent tout de même dans ce tumulte, à décocher des sourires (sous le masque) et quelques urbanités.
J'entame donc illico par un Tartare de veau, noisette, sauce verte (9€). Pas de chichi dans la présentation. Découpe moyenne de la viande, et aucun assaisonnement sur les trois brins de salade qui sont avec. Heureusement que ce condiment vert, espèce de pesto qui a de la niaque, vient enflammer les saveurs de tous les côtés ! Il y a du répondant ! Peut-être même un peu trop pour laisser s'exprimer les saveurs de la viande, mais je me régale tout de même.
Pour le vin, j'avais une envie d'anjou et de cabernet franc. Bingo ! il y en avait au verre ! L'Enlèvement demandé de Nicolas Reau, un classique bien fait et qui correspond exactement à ce que je voulais !
Le rythme ne faiblit pas, tant pour le service que pour les personnes obligées de rebrousser chemin faute de places. De mon côté, ça se présente bien : Magret de canard, cocos de Paimpol, maïs et blé (18€). Je remarque de suite la qualité exceptionnelle de la viande. Le magret, malgré la cuisson, a gardé une belle épaisseur, sa viande est même persillée, quant au gras de la peau, il a bien fondu sans que le filet soit trop cuit. Il y a du caractère dans cet accompagnement qui pourtant ne paie pas de mine. Je lutte un peu pour la découpe, n'ayant pas forcément le bon couteau et ma table ne bénéficiant pas forcément d'un équilibre parfait sur la terrasse.
A côté de moi un jeune coupe qui porte bien. La demoiselle, la vingtaine tout juste passée, réussit en moins d'une minute un doublé anti-gastronome gagnant : elle demande sel et poivre pour assaisonner une entrée (partagée...) avant même d'avoir goûté. Puis enchaîne avec des glaçons qu'elle jette dans son verre de vin blanc, innocent, qui n'avait rien demandé. Quelle tristesse de voir que des vins d'artisans qui ont demandé des efforts énormes, qui ont été choisis avec justesse par un petit restaurant, se retrouvent fusillés comme ça. L'éducation à la gastronomie, à l'art de vivre devrait faire partie de l'enseignement obligatoire. Mais c'est une autre histoire (oui, je suis pour une cantine obligatoire et qui soit l'objet de cours et de notations comme une matière à part entière !).
Le dessert : Sablé breton, figue, crème tonka. Une bombe ! Pas trop sucré, la figue crue et cuite en compote est bien mise en valeur, tandis que la crème à la fève de tonka trouve refuge dans un creux au milieu pour apporter une belle gourmandise. (8€)
Un bon petit café à 2€ pour terminer et aboutir sur une addition de 43€. C'est une adresse à connaître quand on est dans le coin indéniablement. Bonne Aventure affole avec raison les Audoniens, manifestement peu habitués à pareille fête ! Un bon bistrot.
Bonne Aventure
59 Rue des Rosiers
93400 Saint-Ouen (métro Garibaldi)
tel : 01 49 48 09 69
Fermé lundi soir, mardi (midi et soir) et mercredi midi
Les +:
_ excellent rapport qualité prix
_ des très bons vins et pas très chers (aussi à emporter)
_ beaux produits
Les -:
_ service speed qui parvient tout de même à glisser quelques indices de sympathie
_ cuisine simple (bistrotière) au final, pas très créative
_ aucune déco
Serviette en tissus | ❌ |
Changement de couverts à chaque service | ❌ |
Nappe en tissus | ❌ |
Bonne réception mobile | ✅ |
WiFi gratuit | ❌ |
Musique inutile en fond sonore | ❌ |
Adapté pour les enfants bien élevés | ✅ |
Volume sonore moyen | 53dB |
Toilettes bien entretenues | ✅ |
Même menu midi et soir (hors formule) | ❌ |
Réservation possible | ✅ |
Vin au verre goûté avant d'être servi | ❌ |
Végétariens bienvenus (au moins 1 entrée et 1 plat) | ❌ |
Pain : pain bâtard découpé un peu trop à l'avance |