Paul et Julienne (Paris 9) : Brasserie pas si moderne

Dans le sillon de la Nouvelle Garde, arrive une jeune génération de brasseries modernes, avec force couleurs et déco taillée pour les réseaux Sociaux. Paul et Julienne fait partie de celle-là, mais cache mal son jeu !

Par Arnaud Morisse

Avant, dans les brasseries parisiennes, on arrivait, on était installé fissa, on ne prenait pas le temps de regarder la déco (généralement pas folichonne), on retrouvait sur la carte toujours la même chose, on était servi rapidement par un type pas très agréable, on payait et on se cassait. Mais ça c'était avant ! Car maintenant... bah c'est pas loin d'être la même chose chez Paul et Julienne, un "nouveau"* restaurant du 9ème arrondissement. Laissez-moi vous conter mon déjeuner, minute par minute.

12h37 : ciel! je suis en retard ! j'avais réservé pour 12h30. J'arrive et suis installé de suite, une table avait été dressée pour ma pomme.

La déco est effectivement refaite à neuf dans des tons "grands-mères", tu vois mais pas "mémères". Ces lustres accrochés à l'envers, hihi, c'est rigolo (mais déjà vu chez Mamie Bidoche par exemple). Un décor de maison de poupée un peu.

12h38 : on me mets sur la table le menu (format A3 plastifié comme dans toutes les brasseries parisiennes) en me précisant le plat du jour.

12h40 : on vient prendre ma commande

12h41 : arrive mon grand (20cl annoncé) verre de vin. Bonne surprise, ils ont du Marcel Richaud, son excellent Côte du Rhône, et pas très cher au verre (10€ sinon 6€ les 12cl)

12h42 : on m'apporte un petit bol de chips "pour patienter" me dit-on. Chouette, j'adore ce genre de grignotis. J'ai tout mon temps et commence à goûter une patate chips....

12h44 : arrive mon entrée : Oeufs Mollets mayonnaise.

"je peux vous prendre ça?" me montrant mes précieuses chips offertes 2 minutes plus tôt.... "Ba nan, j'ai pas fini !" Pour le plat, Tout est dans l'intitulé. Une jolie assiette en porcelaine façon grand-mère pour rajouter de la couleur. C'est très correct, mais 8€ quand même.

12h48 : alors que j'entame la moitié de mon entrée, un autre serveur vient essayer de me dérober mes chips ! MAIS NON ALORS ! N'essayez JAMAIS de prendre des chips à un gros ! C'est quoi cette histoire ? Je les protège, je suis sur le qui-vive.

Le pain est de bonne qualité.

12h51 : j'ai fini mon entrée. Pfuit ! débarrassée immédiatement !

12h52 : arrive sur ma table les condiments pour le tartare, et bonne surprise pas de tabasco, mais une sauce piquante de la maison Martin ! Pas mal !

12h53 : je finis mes chips.

12h54 : on me prend mon bol de chips vide

12h55 : arrive le tartare de boeuf Salers. Déjà préparé en fait. Pour l'accompagner un peu de frites (plutôt réussies) et de la sucrine avec cette vinaigrette blanche que l'on retrouve dans TOUTES les brasseries parisiennes. Ici, c'est de la viande hachée, sans aucune particularité qui a été jetée dans l'assiette pour en faire un monticule informe. Je vois bien le geste du mitron qui a fait avec ce sentiment d'impunité qui se dit "allez, vais pas me faire chier, allez zou, au suivant"! Au goût, c'est du classique pur beurre. 22€.

Je prends mon temps mais autour de moi ça s'agite aux autres tables qui bénéficient du même traitement "efficace". les assiettes arrivent et repartent à l'instant où elles ont été liquidées en n'oubliant jamais la petite blagounette et surtout de demander s'ils veulent autre chose à manger/boire. Même en english avec cet accent franchouillard si typique des brasseries parisiennes.

13h03 : assiette finie et débarrassée dans la foulée. Disparaissent de la table le pain, les condiments, le verre de vin vide (on m'a bien demandé si j'en voulais un autre pour le dessert évidemment).

13h05 : arrivée de mon dessert. Hop, hop, hop ! On enchaîne ! Un baba avec à son sommet de la crème chantilly mise là du genre "allez hop, ça ira bien comme ça !". Ouf, il y a une petite bouteille de rhum à discrétion. Encore une jolie intention ! Je découpe en 2, j'arrose gentiment, et mange ce bon baba. Rien à redire pour 11€.

13h09 : c'est fini. On vient s'enquérir de la suite naturellement en débarrassant tout alors que je viens tout juste de déglutir. Alors comme d'habitude je demande quel est leur torréfacteur. Réponse : Richard, mais attention du bio. Ce sera sans moi.

13h11 : je demande l'addition

13h12 : je paye, 51€, rien de traumatisant. Pour 35'.

Cette adresse est taillée pour plaire aux touristes venus visiter les grands magasins voisins. Mais au moins, ça fait plaisir de voir qu'ici, on ne se moque pas d'eux dans les assiettes, c'est frais et très correcte. Une brasserie parisienne dans un cocon new look, mais c'est tout.

*C'est en fait le Sofa Café qui a été renommé!

Paul et Julienne
4, rue Lafayette
75009 Paris (métro Chaussée d'Antin Lafayette / Opéra)

Tel : 01 47 70 57 46

Fermé le dimanche

Les +:
_ la déco maison de poupée grand-mère qui peut plaire à certain(e)s
_ la carte des vins pas dégueu
_ sauces Martin pour le tartare, ça dénote un vrai effort de bien faire !
_ service efficace...

Les -:
_ voire expéditif. Pas le temps de souffler !
_ cuisine simple et sans caractère, taillée pour les touristes.