[Edit 07/03/2023 : Après avoir glané une étoile Michelin en 2020, le restaurant ferme définitivement en 2023 ]
Edit du 19/10/19 : Après mon premier passage du 20/07/18, je suis retourné à l'Innocence. Nouvelle déco, nouvelle cheffe - Clio Modaffari - qui a rejoint Anne Legrand, mais toujours un coup de coeur pour ce restaurant créatif au-dessus du lot!
J'avais un excellent souvenir de l'Innocence classé N°3 dans mon top des meilleurs restaurants de 2018. Si je n'ai toujours pas pris le temps de revenir le soir pour sa formule dégustation en 6 services à 69€ à présent, je reviens un samedi midi pour la formule dite du "Dahlia Nain" à 39€ en 4 temps. Le vendredi midi s'affiche maintenant à 33€ pour 3 services.
Entre-temps, la déco et le mobilier ont changé, il y a clairement une volonté de monter en gamme. S'il n'y a toujours que 10 tables (toujours aussi poches les unes des autres), elles sont à présent gainées de cuir. Jolies fleurs peintes sur le murs et toujours la belle cuisine ouverte.
Je suis reconnu à mon arrivée... Plus d'un an après mon premier passage !
Une mise en bouche arrive rapidement : Chou Kale Mayonnaise estragon et échalotes brûlées. Le chou a été desséché si bien qu'il s'effrite quand on le prend avec les doigts. Sur la langue, les belles notes herbacées se dégagent avec une légère amertume. Un démarrage original.
La salle se retrouve un peu enfumée... Des inconvénients des cuisines ouvertes avec une ventilation qui a des faiblesses.
Un peu d'attente avant de voir arriver la suite, un autre amuse-bouche : Raie et cèpe en tempura. C'est tout simplement magique ! Quel petit bonheur ! Les notes iodées du poisson se marie bien avec le champignon qui est re-haussé avec une crème de cèpe. Délicieux !
Pour accompagner mon déjeuner, j'ai choisi l'option accord mets-vin (29€ les 4 verres de dégustation). Et ça commence dès cette étape avec un chablis qui sort de l'ordinaire. D'habitude, cette appellation cache des vins droits, rafraîchissants et vifs mais sans fantaisie. Mais ici, ce cru Vigne de la Boissonneuse 2018 de Julien Brocard dépareille avec des notes de noix et de fleurs blanches en fin de bouche. Un bel accord.
Je n'ai jamais été très fan du chou-fleur. Même cuisiné par l'excellente Stéphanie Le Quellec à la Scène, je n'avais pas été enthousiasmé. Alors, quand je vois arriver l'entrée - Oeuf confit, chou-fleur rôti et beurre d'anchois - je ne saute pas de joie. Mais comme toujours, je joue le jeu à 100% des menus à l'aveugle. Quand on est au bal, on danse !
Le jaune se révèle complètement confit et très crémeux. Et je dois dire que son mariage avec le chou et le beurre d'anchois est sublime ! Une révélation ! Jamais ce légume ne m'avait procuré une telle émotion ! Du chou-fleur aussi bon, je dis oui à tous les repas!
Et côté vin, c'est aussi une découverte qui se hisse à la hauteur de l'excellence du plat : L'Orée 2017 du domaine Beauthorey du côté du Languedoc.
En attendant de voir la suite, les tables à ma gauche se sont remplies avec un groupe de 3 personnes : un jeune homme (16/18 ans?), cheveux gras, jogging, l'air éteint, accompagné par sa tante et sa maman. Quand il s'exprime, on retrouve cette lenteur accompagnée de nonchalance qui caractérise les personnes qui sont "sur la corde à linge". Il demande benoîtement "ça veut dire quoi un accord mets-vin"? S'il est là, c'est manifestement pour l'aguerrir aux bonnes choses de la table que semblent chérir femmes qui l'accompagnent. Comme il le dit, son truc c'est plus les "pizzas" et de se plaindre d'avance :"je crois que je vais avoir faim en sortant d'ici". Ce doit être son anniversaire.
Ma "Caille rôtie et potimarron" arrive devant moi. La volaille glacée a été désossée complètement, c'est du très beau travail. La citrouille pour sa part s'accompagne de noisettes. Il y a aussi quelques brins de pissenlit pour ajouter des notes amères. Mais c'est vraiment ce piaf qui me régale ! Un très bon plat de saison.
Original vin de France sur les terre de Gigondas pour aller avec ce plat : Sans 01 Hésitation de Jean-Christophe Mayordome. Un cru de 2001 (son premier) qui n'avait pas eu l'aval de l'appellation pour sa commercialisation. Et comme un pied de nez, l'année suivante il refuse l'appellation Gigondas qui cette fois-là lui était octroyée pour garder la mention Vin de France ! Et c'est vrai que ce vin dénote avec ses belles notes fruitées et élégantes.
Pour le dessert - qui est servi 90 minutes après mon arrivée : Pomme pressée, mousse amande et sorbet oseille. La dernière fois, le sorbet basilic du dessert m'avait bluffé ! Re-belotte ici ! Cette quenelle verte coordonne l'ensemble des saveurs de l'assiette sans les masquer. C'est gourmand, tout simplement délicieux ! Une réussite !
Le vin servi pour terminer le repas se retrouve dans un verre opaque, histoire de ne pas avoir d'indication de couleur. Sucré en tout d'abord, ses notes disparaissent vite en fin de bouche pour garder des arômes fruités. On tape ici l'accord parfait avec ce dessert qui est embelli avec ce vin et inversement !
Un petit café (délicieux à 5€) et des belles mignardises (chou cardamome framboise et "le bonbon de l'innocence"), ajouté à un petit Calva offert par la maison, ce repas se termine en fanfare ! 73€ pour ce déjeuner sans fausse note, avec des découvertes délicieuses, du vin (plein!), des saveurs sublimes et un ventre plein à la clé, un coup de coeur 2018 en aucun cas déçu, bien au contraire !
[Review du 20/07/18] Ouverte il y a quelques mois, l'adresse de cette table commence à s'échanger entre gourmets. Une formule déjeuner formidable du vendredi qui donne envie de revenir pour le format dîner !
Alors que la rue Rodier monopolise l'attention des gourmets parisiens avec Orties ou la Condesa par exemple, un peu plus haut, au croisement avec la rue de la Tour d'Auvergne se situe une petite adresse qui envoie du lourd.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que la façade de l'Innocence ne joue pas l'ostentation. Sobriété.
A l'intérieur, une dizaine de tables un peu serrées se dressent devant la cuisine complètement ouverte où l'équipe d'Anne Legrand travaille d'arrache pied. La déco, sobre et élégante ne brille pas par son originalité, mais s'avère plutôt sombre. L'important ici, c'est dans l'assiette que ça se passe !
Un menu surprise à 30 euros (entrée plat dessert) servi que le vendredi midi se révèle une incroyablement bonne affaire.
Qui dit gastronomie, dit amuses-bouches, on commence à en prendre l'habitude ! Première fournée avec ces beaux soufflés fourrées au fromage blanc et oignons doux. Gourmandes et parfumées, cette bouchée douce réveille calmement les papilles.
Deuxième étape côté amuse-bouche avec ce joli morceau de thon blanc avec un jaune d'oeuf en cuisson basse température. Cette fois-ci, le gras se mêle au sucré d'un condiment fruité, ça tape dans le mil ! Vivement la suite !
Une entrée veggie pour commencer ! Une belle tranche de tomate ananas au goût intense - ma bonne dame, on n'en fait plus des tomates pareilles - sert de support à des beignets de mini-courgettes (de chez Anne Bertin me précise-t-on à l'oreillette!) façon tempura et de belles asperges avec un gaspacho vigoureux. Il y a du goût, des parfums délicieux, un jeu de textures très agréable, c'est relevé, bref je me régale ! De quoi devenir végétarien? Presque!
Au tour du plat, et quel plat ! De la pintade de Gascogne cachée sous une grande feuille d'épinard et servie avec des haricots beurre. Quelle magie de soulever cette grande feuille et de voir que le beau blanc n'est pas seul ! Il y a aussi un autre morceau de la bête (morceau de la cuisse?), bien plus gras mais avec la même peau croustillante. Cuisson parfaite, la viande est tendre et fondante. Le jus miroir de cuisson est puissant et carrément gourmand. Un bonheur de la première à la dernière bouchée !
Pour terminer ce déjeuner si bon, le dessert avec des cerises marinées, sorbet basilic et cannelloni crème amande fleur oranger. Une alliance de goûts et de textures qui fonctionne au mieux, avec une mention spéciale pour ce sorbet basilic qui envoie du bois !
Quel beau déjeuner ! Pour accompagner cette parfaite partition, du Beaujolais blanc Chardonnay classic des terres dorées à 8 euros le verre.
A 30 euros, je n'ai qu'une envie c'est de goûter le grand chelem du soir à 49 euros pour 6 plats ! Si je n'ai qu'un conseil, courez vite chez L'Innocence!
Une table qui a toutes les chances de terminer dans mon Top 10 de l'année 2018 !
L'Innocence
28, rue de la Tour d'Auvergne
75009 Paris (métro Anvers)
Tel : 01 45 23 99 13
Fermé le dimanche, le lundi et au déjeuner du mardi au jeudi
Les +:
_ une cuisine d'auteur exceptionnelle
_ un menu déjeuner à l'excellent rapport qualité prix malgré la petite inflation (vendredi 33€ pour 3 services, samedi 39€ pour 4)
_ un accueil parfait
_ plein de souvenirs dans le palais
Les -:
_ la salle peut devenir un peu bruyante une fois pleine comme un oeuf (non ressenti lors de ma deuxième visite grâce à la nouvelle déco?)
Serviette en tissus | ✅ |
Changement de couverts à chaque service | ✅ |
Nappe en tissus | ❌ |
Bonne réception mobile | ❌ |
WiFi gratuit | ❌ |
Musique inutile en fond sonore | ❌ |
Adapté pour les enfants bien élevés | ❌ |
Volume sonore moyen | 58dB |
Toilettes bien entretenues | - |
Même menu midi et soir (hors formule) | ❌ |
Réservation possible | ✅ |
Vin au verre goûté avant d'être servi | ✅ |