Il y a des restaurants qui passent sous les radars pendant des mois avant de se faire remarquer, et puis il y en a d'autres qui, sitôt ouverts, croulent sous les papiers dans les médias. Chinaski fait partie de la seconde catégorie, celle des restos "dans l'vent tsé".
Pour l'Express, c'est un "bistrot de folie", pour Yonder, un "bistrot canon", Le Fooding assure qu'ici, ça "envoie du lourd"... Seuls Time Out garde le tête froide et Marie-Aline au Monde égratigne cette jeune enseigne inspirée par Charles Bukowski. Comment expliquer un tel engouement médiatique pour Chinaski? Sans doute grâce la naissance du projet où une partie de l'équipe du très branché Dersou s'en va investir ce local du 5ème arrondissement.
Le jour ici, c'est un coffee shop. Pour découvrir la cuisine, il faut attendre que la nuit s'impose. Aucune signalétique n'indique à l'extérieur le nom du restaurant. Ça ne ressemble pas à grand chose, et même en voyant depuis la vitrine la salle, point de Chinaski indiqué nulle part. C'est un truc d'initiés tu vois.
J'arrive, je suis le premier client (19h30). "Vous êtes Arnaud?" Bah oui, bien vu - "Moi c'est JB, on a échangé par SMS". Car oui, ici comme pour les grandes tables, il faut confirmer sa venue. La guerre aux "no show" est déclarée.
La salle se compose d'un comptoir avec du foutoir dessus, d'une grande table d'hôtes et de petites tables serrées les unes contre les autres. La cuisine? Elle est au milieu de tout ça.
Côté déco, mon attention se focalise sur un dégât des eaux et un trou au plafond béant... Tables originales en bois léger. C'est bien entendu là que je m'installe, car ce soir je suis accompagné de Denis qui aime prendre ses aises. D'ailleurs, je m'inquiète car la place disponible n'est pas vraiment large pour quelqu'un de son envergure...
Le menu du soir a tous les atours d'un menu déjeuner classique : 2 entrées, 2 plats et 2 desserts au choix pour un tarif de 35€. Le soir à Paris, c'est appréciable. Très vite on vient s'enquérir de notre choix. Ça ne traîne pas ici, comme pour un service du midi comme si on devait retourner au boulot ensuite... A moins qu'ils ne préparent leur deuxième service.
Il ne faut pas attendre deux minutes pour qu'on nous serve un petit godet de bouillon façon phö en guise d'amuse-bouche. Evidemment ici, on n'appelle pas ça comme ça. Très parfumé, c'est très agréable. Ça présage du meilleur pour la suite...
... qui déboule sitôt qu'on a terminé la dernière goutte de notre soupe. Je vois trépigner derrière la jolie serveuse avide d'envoyer la suite. Dans mon assiette, la Tarte fine, oignons fumés, brebis du Larzac, avec de la salade histoire de remplir la petite assiette. C'est frugal. C'est bien assaisonné et agréable, les notes fumées se font sentir avec subtilité.
Denis pour sa part a hérité de 3 raviolis au cochon dans un bouillon chaud. De bons parfums s'en dégagent, et c'est plutôt bon, même si j'aurais bien aimé avoir un peu plus de mordant. C'est bien fait.
Denis se régale et sauce avec minutie le bouillon avec l'excellent pain de campagne servi !
A mesure que la petite salle se remplit, il devient e plus en plus difficile de s'entendre avec nos vieilles esgourdes. C'est plutôt bruyant.
On enchaîne, l'assiette vidée est remplacée illico pour la suite ! Seiche, riz carnaroli, chorizo. Dans cette petite assiette, 3 bouts de céphalopode reposent sur du riz cuit avec de l'encre et une sauce rougeâtre a été projetée sur le dessus. Prise de risque minimale à nouveau, mais les goûts sont bien là, gourmands. Dommage de ne pas en avoir eu plus dans l'assiette. Je sauce à mon tour avec précision.
Denis en face de moi, tire la tronche. N'aimant pas la viande saignante, il se retrouve avec deux tranches de filet de canette avec une cuisson bleue. Avec, une purée de panais et des mirabelles, les toutes dernières de la saison. Mais bien élevé qu'il est (vous féliciterez ses parents), il essaye d'avaler la bidoche quasi-crue... et il y arrive et termine sans mal la petite assiettée. Mieux vaut ne pas avoir très faim ici. Le pain se révèle un allié solide.
Le rythme stakhanoviste ne faiblit pas. Bim ! Les desserts messieurs! Montblanc, Chataignes, Cassis. Une quenelle de glace, de la crème et des morceaux de meringue. C'est correct même si ça manque singulièrement de pep's.
Pour ce repas, on a accompagné les plats d'un vin pétillant naturelle serbe. Plutôt original, sec et vif et surtout bien construit. A 8€ le verre, on en a pris 2 chacun.
En moins d'une heure, tout ça est emballé ! Hop, hop, hop ! On paye maintenant : 102€ à deux, soit 51€ par personne (je suis un as du calcul mental). Un prix raisonnable le soir mais pour un menu déjeuner en somme : 3 petites portions délivrées presto sans plus d'attachement que ça. Un peu soulagé de s'enfuir de cet endroit bruyant, on est allé boire des verres ailleurs, moins bons, mais dans un endroit plus calme.
Chinaski
46 Rue Daubenton
75005 Paris (métro Censier Daubenton)
Tel : 01 73 74 74 06
Fermé le lundi et le mardi
Les +:
_ mode décontractée
_ public jeune et filiforme
_ cuisine bien faite
_ excellent pain
_ beau travail sur le vins
Les -:
_ cuisine qui ne sort pas des sentiers battus
_ salle bruyante
_ dîner expédié pour préparer le service suivant
_ petites portions
Serviette en tissus | ❌ |
Changement de couverts à chaque service | ❌ |
Nappe en tissus | ❌ |
Bonne réception mobile | ❌ |
WiFi gratuit | ❌ |
Musique inutile en fond sonore | ❌ |
Adapté pour les enfants bien élevés | ❌ |
Volume sonore moyen | 65dB |
Toilettes bien entretenues | - |
Même menu midi et soir (hors formule) | ❌ |
Réservation possible | ✅ |
Vin au verre goûté avant d'être servi | ✅ |