[EDIT 12/02/2020 : Philippe Bélissent et Jérôme Cobou ont vendu leur affaire à un jeune chef prometteur : Mory Sacko, candidat à Top Chef 2020, ça s'appelle Mosuke]
Alors que je n'avais testé il y a peu aucune adresse dans le 14ème arrondissement, voilà que j'en suis déjà à la 3ème en ce début d'année 2019 ! Cette fois-ci, je vise l'étoile avec Cobéa.
Depuis des années, l'établissement cultive sa bonne étoile, celle de Michelin. Dans une rue commerçante, le store bleu anthracite protège quelques tables à l'extérieur. On remarque tout de suite la vitrine : si on ne voit pas la salle, on aperçoit directement la cuisine où s'affaire l'équipe, un peu comme dans certains restaurants chinois. Mais pas de chinoiserie ici, seulement de la cuisine de haute volée au programme !
Pas la peine de pousser la porte, on l'ouvre pour moi directement, et on me demande mon vestiaire. La salle est chic : moquette au sol, nappes blanches et jolie vaisselle. Il y a du standing ! La cuisine est ouverte mais une seule table à l'entrée peut jeter un oeil sur ce qui s'y passe.
Pour les prix, il faut s’apprêter à voir sa carte bancaire chauffer un petit peu : menu déjeuner en 3 services à 55 euros, en 4 services à 75€. Puis ça monte dans les tours selon le nombre de plats choisis, jusqu'à 125€ pour la totale (8 plats).
A peine posé mon séant sur l'assise moelleuse en velours de ma chaise qu'on m'apporte une petite écuelle où reposent tels de petits oeufs, 3 belles gougères sur un lit de paille. Haute gastronomie oblige, ici ces agapes sont au Comté et à la truffe. Avantage de déjeuner seul, j'ai le droit à 3 de ces gourmandises pour moi ! Nananèreux ! Pour être honnête, la saveur de truffe s'avère très légère, mais c'est bon !
Ici, le service a une particularité : à chaque plat, sont ânonnés la liste à rallonge des ingrédients. A peine fini, qu'on ne se souvient plus bien de ce qui vient d'être dit, mais heureusement que notre palais nous aide à nous y retrouver ! Ainsi, pour cet amuse-bouche, j'ai eu du tourteau, de l'avocat, de la pomme, des épices (curry), du navet, et plein d'autres trucs. C'est vif, complexe et pourtant bien construit. Excellent démarrage !
Une jolie assiette arrive ensuite, c'est mon entrée : saint jacques de Normandie, cresson endives. Comme pour l'amuse-bouche la liste complète des ingrédient m'est annoncée sur un ton monocorde qui relève plus de la récitation de primaire que de la description passionnée (et passionnante) d'un plat.
Qu'importe, je sais que je vais aimer ces deux belles noix (toujours sans corail... c'est rare à Paris d'en voir...) avec cette crème au cresson, cette écume légère, ces tuiles vertes et ces herbes multicolores. Et c'est bien le cas. Sauf que pour le découvrir, j'ai dû attendre qu'on veuille bien me donner un couteau ! Tout se perd mon bon monsieur ! Je blague, il est arrivé très vite quand j'ai fait remarquer son absence.
Tout juste snackés, les coquillages se découpent facilement. Les goûts s'expriment en bouche entre l'iode et le cresson, mariage parfait. Les endives caramélisées penchent du côté amer et sucré pour obtenir un bel équilibre.
Le plat reste étonnamment dans les mêmes teintes vertes et blanches de mon entrée : canette fermière de vendée, châtaignes, pleurote et déclinaison de choux de Bruxelles. Pour ce dernier accompagnement, ils se sont bien gardés de le préciser sur le menu les coquins ! Pas grave, j'aime bien ça. Mais j'ai pu voir à une table proche qu'il n'en n'était pas de même pour de jeunes bambins difficiles. Séquence ânonnage.
Les cuissons sont une nouvelle fois optimum. Tout est maîtrisé à la perfection, c'est de l'orfèvrerie. Je regrette tout de même la quantité menue servie pour un menu en trois services. Heureusement que le délicieux pain de Dominique Saibron est là avec ce magnifique beurre maison au citron et aux graines de moutarde !
Pour la fin, la surprise est totale puisque n'est annoncé sur le menu qu'un mystérieux "gourmandises". Après un pré-dessert - un excellent mini-sorbet citron - c'est donc un dessert en trois étapes qui est proposé : une pavlova aux fruits exotiques avec un tartare de mangue à l'intérieur, des pâtes de fruits et biscuits pralinés présentés sur un lit de billes de chocolats sous cloche et enfin, un demi-fruit de la passion, nature, comme ça, pour la note "5 fruits et légumes par jour" comme se déride l'espace d'une seconde la serveuse.
Ce final protéiforme est correct sans plus. On a plus l'impression d'un café gourmand (sans café) que d'un véritable dessert. Les quantités sont à nouveau pas bien généreuses.
Du côté de la bibine, les prix de la carte flambent vite. Comptez 11 euros pour un verre de Beaune du Domaine Cauvard (pas la version 1er cru) 2016. Très bon vin, fruité avec une légère complexité qui fait plaisir.
La note finale pique un peu forcément : 71,50€, mais pour un étoilé ça reste raisonnable. Malgré les petites assiettes proposées, grâce aux amuse-bouches, au pré-dessert et surtout au pain, je n'ai pas eu le ventre qui s'est trop creusé !
Par contre si vous cherchez un endroit calme, demandez une table éloignée de la cuisine. Là où j'étais installé, derrière un petit muret, j'entendais TOUT ce qui se passait aux fourneaux, hotte incluse. Pas vraiment agréable, sauf quand cette dernière s'arrête, c'est un petit soulagement !
Cobéa Restaurant
11 Rue Raymond Losserand
75014 Paris (Métro Gaité)
Tel : 01 43 20 21 39
Fermé définitivement
Les +:
_ cadre raffiné
_ cuisine précise et complexe
_ goûts au rendez-vous
_ super pain et super beurre
Les -:
_ les quantités ne font pas rêver
_ dessert décevant
_ le bruit des cuisines devient difficilement supportable (surtout si on ne voit rien de ce qui se passe...)