Cabane (Nanterre) : refuge bistronomique

Les chefs se mettent à investir la banlieue, et pas seulement Neuilly et Boulogne ! L'Ex-Top chef Jean-François Bury a ouvert sa Cabane bistronomique au coeur de Nanterre, la seule de ce type aux alentours.

Le "coeur de ville" de Nanterre évolue, et suivant une gentrification lente des lieux, de nouveaux commerces s'y installent. Jean-François Bury a donc misé sur ce mouvement de fond pour proposer un offre de restauration bistronomique qui cible la clientèle de bureau et les jeunes gastronomes du coin.

Dans une rue tranquille, la devanture noire se remarque. Il y a même une ardoise au carrefour pour signaler une "happy hour". Promis, je ne le signalerai pas à monsieur le maire !

L'avantage avec un tel emplacement c'est qu'on peut avoir beaucoup de place, et c'est le cas ici. On entre, sur la gauche une salle vide mais privatisable avec une grande table d'hôtes et un buste moderne de minotaure, un grand bar puis une partie "speakeasy" avec des tables basses et canapés et enfin une vaste salle où l'on peut s'attabler. J'ai compté une trentaine de couverts.

Contrairement à ce qui a été beaucoup reproché à l'endroit, il n'y a pas beaucoup de bruit. Il faut dire que des travaux ont été réalisés récemment pour corriger ce défaut. C'est moderne. La déco détourne des éléments anciens pour les revisiter. On sent bien la touche M6-Valérie-Damidienne, en utilisant une vieille passoire en applique, ou des cageots anciens en étagère. Les tables sont plutôt espacées, ce qui permet d'avoir des conversations secrètes. Bien utile quand il s'agit d'attirer une clientèle pour des déjeuners d'affaires.

Car au déjeuner, la majeure partie des clients cause boulot ici, attiré par un menu à 26€. Pour ce qui est de la carte, elle est simple et sans aucun supplément caché : entrées à 12€, plats à 23€ et desserts à 10€, avec un menu à 37€.

Mais à tout ça se rajoutent aussi des "suggestions" qui font la part belle aux belles pièces de viande à partager comme cette épaule de porcelet pour 4 qui doit être redoutable et sans supplément !

En tant que bon bistronome, le chef propose parmi les entrées du jour une revisite d'un plat de street food, le wrap. Ici il est au poulet avec un condiment guacamole.

L'assiette, plutôt brouillonne, est colorée avec des contrastes verts (salade, guacamole) et rouges (tomates cerise et oignons pickles). Le wrap a été coupé en deux, et étrangement il y a un peu de fromage fondu au-dessus...

Même avec des couverts, ça se mange très facilement. Les goûts y sont simples, consensuels voire régressifs. La purée d'avocat manque de peps singulièrement. Ça se laisse manger.

On flirte toujours avec le simplisme sur le plat de la formule du jour : coeur de rumsteak, pommes dorées et sauce au poivre.

Mauvais point, cette dernière a été versée directement sur la viande... D'habitude, c'est une technique employée par les restaurateurs peu scrupuleux pour masquer le goût avarié d'une viande. Espérons qu'ici ce n'est pas le cas!

Autre déception : les patates. Elles sont mollassonnes et sans trop de consistance. Heureusement que la sauce au poivre - qui, même si elle est faite maison, a le même goût que celle en sachet - couvre tout ça. Enfin, la viande bénéficie de la cuisson saignante demandée. c'est toujours ça ! Une nouvelle fois, ça n'est pas mauvais, mais ça aurait pu être tellement mieux !

Pour le dessert, c'est à la carte que je le choisis : Sphère marjolaine, coeur coulant fraise, feuillantine croquante en chocolat blanc. Un intitulé plein de promesses pâtissières qui doit épater !

Mais en fait dans l'assiette, c'est plutôt une boule au glaçage incertain, reposant sur une unique fraise découpée en fine tranches qui arrive devant moi. Pas d'effet whaou à l'horizon. Je dois quand même avoir un coeur coulant de fraises, non? C'est écrit dans le menu !

Hé bien même pas ! Sous une couche de crème, il y a bien un insert d'une mousse à la fraise qui ne coule pas d'un poil. Moi qui m'imaginais déjà un coulis rouge intense qui dégoulinait ! Et la "feuillantine croquante au chocolat blanc"? Pas le début d'une trace... Ça commence à faire beaucoup. Alors oui, ce dessert reste correct, toujours sans sortir des saveurs consensuelles, mais par rapport à l'intitulé, il y a un monde !

Le vin proposé au verre offre une palette sympathique de choix, de 5 à 10€. Je prends un verre à 8€, un crozes-hermitage 2017 du domaine Aleofane. Intéressant au nez, il m'a déçu en bouche, décidément !

Addition finale : 42,50€ avec un expresso à 2,50€ particulièrement amer (café Kimbo). Je m'attendais à beaucoup mieux de la part d'un Top Chef, et j'avoue avoir été déçu. Certes, les plats sont bons, mais ne volent pas très haut. Quant au dessert, le chef est d'accord avec moi, il n'est pas "abouti". Mais pourquoi diable le laisser à la carte alors? C'est dommage, on aurait pu avoir LA perle qui aurait incité les Parisiens à faire le voyage périlleux en RER jusqu'à la station Nanterre Ville, et on se retrouve avec un bistrot de quartier taillé sur mesure pour les déjeuners de travail et les after work...

Cabane par Jean-François Bury
8, 10 Rue du Dr Foucault
92000 Nanterre (RER A Nanterre Ville)

Tel : 01 47 25 22 51

Fermé dimanche et lundi, mardi soir et mercredi soir, carte de tapas maison uniquement

Les +:
_ déco sympathique
_ service ultra efficace
_ clarté de la carte et des tarifs

Les -:
_ cuisine pas très fouillée et un peu fouillie
_ le dessert à la carte qui ne correspond pas à l'intitulé
_ pain toasté servi froid

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