Edern (Paris 8) : A l'ouest de Paris, du nouveau?

Les rejetons de Top Chef n'arrêtent pas de monter des projets qui, logiquement bénéficient d'une aura médiatique supérieure à la moyenne. Jean-Edern Hurstel a donc fait parler de lui avec son restaurant près des Champs Elysées. J'y suis enfin allé !

En 2014, pour sa cinquième saison, Top Chef accueillait parmi ses candidats Jean-Edern Hurstel. Un chef qui avait déjà de l'expérience (33 ans alors) et qui était parti bien avant la finale. Fin 2018, il refait donc parler de lui avec un nouveau restaurant tout près des Champs Elysées et à deux pas de l'Arc de Triomphe : Edern. Un peu megalo le garçon !

Naturellement, avec une telle adresse, pas loin du mythique Taillevent ou de l'ancien Guy Savoy, on doit évoluer dans le registre du restaurant gastronomique chic. Et c'est indubitablement le cas ! Au rez-de-chaussée d'un bel immeuble haussmannien, l'entrée discrète est conçue pour plaire aux VIP.

A l'intérieur, une très jolie brune s'occupe de l'accueil pour le vestiaire. Petit soucis, elle a mis son sourire à l'envers. Heureusement, le reste de l'équipe s'avère particulièrement sympathique et agréable. 

Fauteuils design très confortables, banquettes en velours gris, murs blancs décorés avec quelques oeuvres d'art pop très colorées. Je remarque qu'il y a une petite salle plus discrète et une autre sous une haute verrière façon jardin d'hiver. Manque la moquette au sol tout de même ! On a dit chic ! La musique pour sa part est assez forte, comme si la clientèle ici n'avait rien à se dire.

Forcément dans un tel endroit, les prix s'affolent un tantinet. Ouf, un menu déjeuner s'affiche à 45€ ! Certes imposé, mais c'est toujours ça pour tester la cuisine d'un chef sans y perdre un rein. Les entrées? 24-26€. Les plats? 37-68€! On est dans les tarifs d'un restaurant étoilé, mais sans l'étoile. Mais tel est l'objectif manifestement du maître des lieux.

Pas de mise en bouche, on passe derechef à mon entrée du jour : Espadon mi-cuit, épices, guacamole, radis rose. Cinq petits carrés de poissons disposés dans une longue assiette, avec de la sauce (soja notamment), et une pointe de guacamole entre chaque. Les rondelles de radis, tellement fines qu'elles ne servent qu'à la décoration. C'est assez réussi de ce point de vue. Malheureusement, le poisson s'avère plus "cuit" que "mi-cuit". C'est dommage, ça devient vite moins agréable en bouche. Comme chez son comparse "Top-Cheffien" Jean-François Bury dans sa Cabane à Nanterre, le guacamole manque de niaque. Mais ça reste bon.

J'ai le bonheur d'avoir été placé à la table juste à côté de la porte de la cuisine. J'ai donc le droit à tous les incessants allers et retours des équipes. Je ne pense pas qu'il y ait place plus désagréable dans ce restaurant, au moins je l'aurais testée pour vous !

Le plat du jour est rapidement apporté, presque pas le temps de boulotter la boule de pain chaud et son bon beurre demi-sel. Epaule d'agneau confite, petits pois à la française, oignon doux. Et ça sent bon ! Un médaillon de viande laqué repose sur des petits pois agrémentés de carottes, oignons et lardons. Au fond une sauce épaisse.

C'est un plat très réussi, bien gourmand et plein de goût. Classique, certes, mais totalement régalant !

Pendant ce temps je vois "sourire à l'envers" continuer d'installer des clients à leur table avec cet air plein de mépris, répondant aux questions des personnes sans les regarder... Spectaculaire ! Et de l'autre côté du spectre de la gentillesse, le chef de salle vient s'enquérir de la musique, serait-elle trop forte à mon goût ? Mais oui ! carrément! Et de baisser le volume. C'est la première fois - j'en suis encore ému - où spontanément on me propose de baisser le son ambiant. Quel petit bonheur !

J'avoue que le dessert du jour (un tiramisu au café) ne me faisait pas envie. Je prends donc un dessert à la carte pour un surcoût de 5€, ça reste raisonnable. Fraises gariguettes, arlettes, façon crème brûlée et glace basilic.

La présentation est élégante. La tuile (arlette) se révèle dure à casser, si bien que j'écrase une bonne partie de mon dessert et manque de peu de tout mettre à côté.

Il se compose d'une couche de fraise découpée, d'une crème pâtissière vanille, d'une quenelle de glace bien herbacée, et enfin de cette fameuse tuile. C'est simple, mais bon une nouvelle fois. L'originalité de la glace relève ce dessert qui aurait été bien triste sinon.

Pour le vin, sans carte des vins au verre je me laisse guider pour me faire voyager jusqu'en Nouvelle Zélande avec un verre de pinot noir, Cloudy Bay 2016. Très bon vin léger et très fruité. Facile à boire et pourtant un rien complexe. Je ne découvrirai qu'au moment de l'addition son prix : 19€ ! Ha oui quand même ! (coef 3 environ).

Je sors de cette antre gastronomique avec une addition de 69€. C'est cher, mais ça correspond bien à ce type de restaurants. Maintenant, la gentillesse et le professionnalisme du service font beaucoup dans l'impression de bien être. Ça m'a même fait presque oublié la porte qui ouvre et qui ferme sans cesse. La cuisine très bien exécutée ne possède tout de même pas assez de caractère et de personnalité, sans doute ce qui manque aux yeux des enquêteurs Michelin pour lui décerner une breloque.

Edern
6 Rue Arsène Houssaye
75008 Paris (Métro Charles de Gaule Etoile)

Tel : 01 45 63 88 01

Fermé dimanche et lundi

Les +:
_ service aux petits soins sans être coincé, ambiance agréable
_ belle cuisine avec de beaux produits
_ déco qui a du style
 

Les -:
_ ma place à côté de la porte de service
_ madame sourire à l'envers
_ cuisine qui manque de personnalité
_ la musique en salle jusqu'à l'intervention magique d'un gentil monsieur qui a baissé le volume

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