Voilà une adresse qui figure depuis belle lurette dans ma to do list... mais voilà, allez au bout de la ligne 8 n'est pas une sinécure. Courage pris à deux mains et me voilà !
Il fait beau pour ce samedi. Quelques tables se trouvent devant ce Beurre noisette. Pourquoi pas? Puis, au moment même où j'arrive je vois une famille avec un enfant en bas âge opter pour cette même terrasse convoitée. Je tiens à passer un bon déjeuner tranquille, ce sera donc à l'intérieur !
Je me retrouve dans l'arrière salle. La déco n'est pas de première fraîcheur ni des plus réussies. Des murs capitonnés, je n'avais pas vu ça depuis longtemps ! Las, j'ai le droit à l'autre extrême, un gendre qui accompagne des nonagénaires qui n'entendent que pouic. Autant dire que moi, je vais bien entendre l'intégralité de leurs conversations. Au moins, pas de musique à déplorer en salle.
Pour le menu, même un samedi, il demeure à 34€ (38€ le soir). Le vin aussi n'est pas trop cher, des bouteilles s'affichent à 20€ et il y a aussi du vin en pichet.
Le service semble en mode "service minimum". Tout juste souriant. Il faut dire que j'entends venir de la cuisine des sautes de voix en japonais... En théorie c'est Thierry Blanqui qui est aux fourneaux, mais là, non visiblement.
On annonce à la table des "petits vieux" que finalement, il n'y aura pas de purée de chou-fleur comme annoncé sur le menu, pour accompagner leur poitrine de caille mais "qu'il y aura autre chose. On ne sait pas quoi, mais il y aura". Un peu cavalier. Par la suite, le chou-fleur ne sera pas pour autant effacé des ardoises. Heureusement nos aînés sont bonne pâte et semblent passer un bon moment. Eux sans doute n'entendent pas les éructations en provenance de la cuisine voisine.
Mon entrée arrive rapidement, et je dois dire qu'elle dénote avec le lieu et l'atmosphère : ce Chinchard mi-cuit, framboises, asperges blanches est magnifiquement présenté. Délicatesse et harmonie sont de mises. Le poisson gras a été brûlé au chalumeau, et de petites pointes de crèmes d'avocat s'occupent de faire la liaison entre les différents éléments. Du citron confit vient titiller avec bonheur les papilles. Très belle entrée.
Je suis tout autant étonné avec mon plat. Avouez que quand on commande un "carpaccio" on ne s'attend pas à voir arriver devant soit... du rosbeef. C'est à nouveau coloré comme présentation avec ces betterave (crues, cuites et en crème écarlate), ces quartiers d'abricot, ces 3 feuilles de salades et ces petits oignons frits. Ça joue avec les textures et les saveurs de façon très réussie. Certes, ce n'est pas un carpaccio, mais ça reste très bon.
Je n'ai pas choisi les plats les plus copieux de la carte, et j'espère que le dessert va compenser : Baba au rhum. Il m'est servi entier et presque pas imbibé. Pas de couteau pour le couper en deux dans les règles de l'art, et je renonce à demander quelque chose à ce service qui semble avoir d'autres soucis. J'attaque à la cuillère pour me verser généreusement du rhum brun St James laissé là, à discrétion. Je ne vais pas me laisser mourir quand même ! La crème qui accompagne ne se révèle pas des plus légères. C'est un baba simple, très correct.
Pour le vin, pas mal de petites références au verre entre 5 et 7 euros. Je choisis un verre de chablis, Les Vénérables 2016 de la Chablisienne (7€). Un vin blanc qui correspond en tout point à ce qu'on peut attendre d'un chablis : franc, sec et droit. Ou l'inverse !
Addition finale : 80€... heu non, on m'a donné l'addition d'une autre table par erreur. On me fait des gros yeux comme si je voulais arnaquer la maison. Finalement, on retrouve la bonne, sans excuse, pour 44€ avec un café (3€). Un très bon rapport qualité prix pour ce qui est des assiettes. Dommage que ce moment soit gâché par l'ambiance stressée du personnel. J'ai dû tomber un mauvais jour, c'est embêtant.
Le Beurre Noisette
68 Rue Vasco de Gama
75015 Paris (métro Lourmel)
Tel : 01 48 56 82 49
Fermé dimanche et lundi
Les :+
_ très belle cuisine bien inspirée
_ pain peu aéré mais idéal pour saucer
_ vins pas très chers
Les -:
_ l'ambiance tendue en salle et en cuisine
_ la déco qui ne fait pas rêver