Habitant vers Montrouge, je passe devant la Table de Maïna fréquemment. Mais, mauvaise manie, j'ai tendance à toujours repousser le test des restaurants près de chez moi. Cette vilaine habitude est quelque peu congédiée, en prenant rendez-vous chez Maïna-Sophie Conil. Sans regrets!
Par Robin
C'est à quelques pas du métro 4 - Mairie de Montrouge que Maïna-Sophie Conil, cheffe au CV bien rempli (Robuchon Hong-Kong, Ducasse au Plaza Athénée, Nobu Matsuhisa) a pris ses quartiers.
Dans une salle chaleureuse et très personnelle (sont-ce des peintures de la cheffe que je vois la?!), de belles tables en bois, pas de couverts, mais des baguettes, et des chaises confortables. Le soir, 2 menus: 45 euros et 65 euros, ou la possibilité de piocher à la carte. Une promesse d'un voyage entre France, Pérou et Japon [ndlr : cuisine Nikkei].
Allez, on prend un billet en première classe, et on file sur le menu "signature" qui comprend 8 escales, en espérant de ne pas trop souffrir du décalage horaire. A noter le tarif tout doux des accords mets et vins: 25 euros pour le premier menu avec 4 verres, et 35€ pour le second, avec 5 services.
Chez Maïna, la notion du partage est omniprésente. Quand je suis rentré chez elle, j'ai vu la cheffe préparer son offre à emporter au milieu de la salle. Pas spécialement choquant. Sauf qu'elle y reste toute la soirée, à dresser les assiettes au milieu des convives. On ne peut plus parler de cuisine ouverte. C'est une cuisine "incluse" pour le plus grand plaisir des quelques tables proches de son poste de travail, qui ont le droit à un échange des plus privilégiés. Décontenançant au début, mais au final, preuve d'une grande sincérité à l'égard de son travail.
Cette notion de partage se retrouve dans les plats. Notre menu signature est une succession de belles assiettes à se répartir: sauf le dessert, aucune proposition n'est individuelle. Parfait pour une tablée entre amis ou en couple, peut être un peu moins pour un repas d'affaires ou plus formel [ndlr : ou en solitaire !].
Bon, allez, parlons nourriture, on est là pour ça! Première étape, un thon rouge en ceviche et ses légumes, que nous arrosons d'un Pouilly-fumé, Domaine Redde La Moynerie à 9€ le godet (minéral avec de belles notes d'agrumes).
Une préparation qui excelle! Le mariage lait de coco, piment péruvien et miel marche parfaitement. Le poisson se trouve d'une qualité indéniable, fond sous la dent et le duo carotte-betterave vient équilibrer le tout avec leur côté terreux. Le tout est très copieux, mais on ne s'en plaint vraiment pas. Une belle réussite.
Quelques minutes après, on se pose au Japon, avec un Tataki de Saumon, entouré d'une sauce yuzu-miso. Je passe mon nez au dessus de l'assiette et j'y vois mon reflet - un bel effet miroir! Dur de ne pas résister, je plonge mes baguettes pour aller ferrer ce poisson, je nappe le tout de cette sauce yuzu-miso épaisse comme il faut, des lamelles de radis et une feuille de shiso en plus: c'est vraiment excellent. Le plat se révèle un peu plus classique que le précédent, mais c'est diablement efficace: poisson de qualité, légumes goûteux, et mention spéciale pour cette sauce... qu'on m'en mette à emporter! Deux sur deux pour Maïna.
Sans que ce soit gênant, la cheffe écoute quelques classiques bien sentis du rock en travaillant sous nos yeux. La salle s'emplit, et, petit resto oblige, les décibels montent quelque peu.
Qu'importe, sur un mélodieux riff de Lindsey Buckingham, nous viennent de fines tranches de sériole, joliment disposées sur des radis bluemeat. Encore une jolie réalisation: le poisson est sublime, accompagné à merveille par une sauce sésame-yuzu ponzu d'un réel équilibre. Je n'en peux plus et demande du pain pour finir le plat. On se régale.
Arrive alors notre quatrième assiette autour de l'artichaut, du miso et de l'œuf. Sur la première dégustation, on tire sur l'acidité, mais, une fois le tout mélangé, l'œuf répandu dans toute la préparation, cela fait sens. Les saveurs sont là, l'acidité initiale se fait couvrir par la rondeur de l'œuf et le goût de la truffe. Globalement, le plat est très bon et jouit d'un bel équilibre de saveurs sans qu'il nous emporte autant que les précédents.
Déjà convenablement nourris, nous réalisons qu'il y a encore 4 services à suivre. Je passe donc le volant à ma grande amie, la gourmandise, et nous poursuivons sur le "point fort de la maison" (dixit le serveur): le Kakiage de poisson et sa bonite dansante. Intitulé prometteur quoi que perturbant, un poisson qui danse, on se croirait dans une pub Guinness des années 70, non? En fait, la peau de la bonite séchée, finement râpée, bouge seule à cause de la température ambiante et donc, frétille du pétale !
Le Kakiage, tempura de poisson blanc et légumes est parfaitement frit, accompagné d'une petite mayonnaise maison, chaque bouchée nous emmène vers un monde ultra gourmand. Tout se marie bien, et c'est très bon.
Anguille et foie gras, ensuite! On connait bien cette alliance terre-mer iconique qui vient garnir le portefeuille de plats signatures de quelques chefs hexagonaux. Ici, on y incorpore aussi le jalapeño, et ça envoie! Mais encore une fois tout en équilibre. Le feu du piment est éteint par le gras du foie et ne dénature pas la douceur de l'anguille. Le croustillant est apporté par les mêmes grains soufflés que sur le second plat. En tous cas, j'adore! Amateur de nourritures bien épicées, c'est vraiment un plat coup de cœur pour moi. Superbe! Cependant, celui-ci peut être un peu trop piquant pour un palais non averti.
Dernier plat de ce véritable festin, autour du bœuf. Nous retrouvons de la viande maturée, une sauce teriyaki truffée et de la stracciatella. Pour nous tenir compagnie sur cette ultime dégustation, un léger Saint Nicolas de Bourgueil Domaine Lorieux, qui fait le travail. 6 euros.
Comme le plat d'artichaut, celui-ci surprend un peu moins, mais n'en reste pas moins excellent. La chair est tendre, c'est parfaitement cuit. La sauce nappe onctueusement la préparation et les herbes viennent donner un peu de légèreté au tout: l'assiette est elle aussi, nettoyée.
La partie salée est vaincue: c'était très copieux, le menu à 45 euros suffit pour une personne avec un bon appétit.
Nous attaquons maintenant la partie sucrée, et c'est au choix! Un dessert surprise ou deux boules de glaces maison ou des Daifuku (sortes de mochis) ou un baba au rhum. C'est vraiment cornélien, mais tel un aventurier ce soir à la découverte du Japon et du Pérou, je me jette sur la surprise. Ma convive prend la glace : yuzu-mandarine et sésame noir.
Mon mystère arrive présentée sur une feuille séchée: dans un petit ramequin se cachent une chantilly montée au rhum, un crumble au chocolat et une préparation à base de café. Si le repas a été un superbe voyage, le dessert ne décolle pas. La faute sûrement au reste qui est d'une grande qualité, et qui nous projette sur un dessert au moins à ce niveau. Attention, cela reste bon et maitrisé, juste un peu décevant.
Surtout qu'en face, je goûte la glace yuzu-mandarine dont on se délecte, et elle flirte avec l'exceptionnel!
Dernière étape de notre périple, la caisse: 160 euros à deux pour un repas très généreux. Au vu de la technique de la cheffe et de la quantité engloutie, le rapport qualité-prix est bon.
Une adresse pour un moment entre copains qui devrait figurer tout en haut du carnet du bon Montrougien...voir plus!
La Table de Maïna
18 rue Périer
92120 Montrouge (Métro Marie de Montrouge (L4))
Tél : 01 57 21 25 82
Fermé dimanche et lundi, le midi le samedi et le soir le mardi et mercredi.
Service à 18h30 pendant le couvre-feu
Les +:
_ Plats excellents, maîtrise culinaire indéniable, quelques coups de coeur.
_ Produits de grande qualité.
_ Service avenant
_ Bonne carte des vins
_ Et surtout l'impression d'être entre amis, même avec la cheffe, d'une disponibilité jamais vue, même sur des établissements de standing inférieurs.
_ Un service à emporter pour se régaler chez soi!
Les -:
_ Les plats m'ont habitué à l'excellence tout au long du repas, le dessert était en dessous, bien que le potentiel soit tout à fait là.
_ Ne convient pas forcément aux repas formels
_ Pour pinailler : un bon pain de campagne au lieu d'un pain blanc aurait été parfait.
Serviette en tissus | ❌ |
Changement de couverts à chaque service | ❌ |
Nappe en tissus | ❌ |
Bonne réception mobile | ✅ |
WiFi gratuit | ❌ |
Musique inutile en fond sonore | ✅ |
Adapté pour les enfants bien élevés | ✅ |
Volume sonore moyen | 66dB |
Toilettes bien entretenues | ✅ |
Même menu midi et soir (hors formule) | ❌ |
Réservation possible | ✅ |
Vin au verre goûté avant d'être servi | ✅ |
Végétariens bienvenus (au moins 1 entrée et 1 plat) | ✅ |
Pain : pain blanc |