Lolo cave à manger (Paris 9) : néo-bristrot trop cool tu vois

Cette triste de période offre de temps en temps des petits bonheurs qu'il faut savoir saisir au bond quand ils se présentent. Ainsi, des endroits dévolus à la nuit sont amenés à ouvrir le midi. L'occasion pour moi de filer à Lolo Cave à manger ! Restaurant cool tu vois.

J'avais bien repéré de longue date ce Lolo dans le 9ème arrondissement de Paris : promesse de beaux vins nature avec une cuisine pleine de vitalité. Mais voilà, ouvert que le soir, je n'ai jamais eu le temps de m'y précipiter. J'apprends donc que - Ô merveille - cette adresse véritable piège à oiseaux de nuit en sneakers ouvre à présent le midi ! Joie ! Je fonce.

Dans ce grand axe qu'est la rue de Châteaudun, cette Cave à manger a pris la place de Spok, une enseigne qui promettait aussi bien des ramen que des sandwichs et des salades. Etonnament (non) le concept n'a pas fait long feu ici (mais je ne dis pas trop de mal de Spok, vu que son gérant est aussi dans cette affaire!). Lolo a pu ainsi déployer ses ailes en recouvrant la façade de carrelage blanc et la ponctuant d'un néon rose.

La salle, pas bien grande, se compose d'une haute table d'hôtes en son centre et de deux comptoirs de part et d'autre. Au départ, il n'y avait nul tabouret façon Déviant à la Cave à Michel. Mais COVID et déjeuner aidant, des repose-fesses ont fait leur apparition. Au fond le minuscule coin cuisine, très étrangement aménagé puisque des étagères inox sont installées au-dessus des plaques et du mini-barbecue , et seulement au-dessus se trouve la hôte d'extraction. Autant dire que les bonnes odeurs de cuisine n'y restent pas et viennent entourer la clientèle, jusqu'au plus profond de leurs lainages précieux.

Pour le déjeuner, une formule à 18€ (entrée plat ou plat dessert), avec au choix 3 entrées, 2 plats et 1 suggestion des plus alléchantes, le pâté Lolorrain à 9€ (ou +5€ dans la formule). Le soir, c'est plutôt ambiance tapas...

Evidemment, qui dit "coolitude", dit... "musique"! Ce "néo-bristrot" comme ils disent au Fooding, n'y échappe pas. De la "pop acidulée" comme ils disent aux Inrocks, jaillit des baffles. Ha! c'est toujours un peu "casse-couilling" comme je dis.

Avant de les voir arriver, on les sent naturellement. Cuites au barbecue, les Sardines grillées, ail confit basilic arrivent en couple devant moi, dans leur plus simple appareil. Deux petits poissons entiers, bien cuits, qui, grâce au jus de citron et au condiment, ont bon goût. C'est un brin chiche côté portion, mais je n'oublie pas pas que c'est une entrée... et que, parmi la clientèle, je dois être le seul à ne pas être filiforme.

Oui, ici la typologie des clients se révèle très bien marquée : baskets aux pieds obligatoires tout comme les poils sur le menton des hommes. On devine un certain goût pour les tatouages pour ces trentenaires qui ne connaissent ni costume, ni veste. Enfin, je découvre un peu ébahi, que passé la cinquantaine, on peut toujours porter une casquette Starter sur le crâne pensant que ça fait "cool". Monde étonnant (dis-je avec mon hoodie, ma barbe éparse et mon tee-shirt GEFCO).

Ici, on peut trouver des petites pépites méconnues en vin nature. Pour ce midi, on m'a ainsi servi pour 5€, un verre de beaujolais village, Prémices du domaine Laurence et Rémi Dufaitre 2019. Un vin vif et léger, suffisamment alerte pour se marier avec cette cuisine de bistrot pleine d'allant.

La suite arrive vite : le tant attendu pâté Lolorrain. Le maître des lieux me donne la petite histoire qui va avec : c'est la recette de son Papa, avec des viandes de porc et de veau marinées toute une nuit avec des herbes et aromates. Il est servi tiède avec du cresson. La tranche - épaisse - a été assaisonnée juste avant de servir. Au final, pas de déception, bien au contraire ! C'est vraiment régressif et un brin jouissif côté saveurs. La farce hétérogène démultiplie la joie procurée à chaque bouchée! Voilà qui donne faim ! La suite !

En attendant je lorgne à 2 mètres de moi sur l'oeuf mayo qui a l'air pétaradant de couleurs et de vivacité...

Du bistrot pur jus pour la suite : Saucisse purée. Passé aussi au grill, la saucisse de bonne qualité a gardé une belle jutosité. Pour le contraste et la niaque, des graines de moutarde font l'affaire. Manque tout de même cruellement un beau jus avec ça.

Alors que des jeunes femmes paient, elles remontent au patron que les sardines n'étaient pas très consistante... Action, réaction : pour moi il me précise que la purée est à discrétion au cas où je voudrais m'éclater la panse.

Ca vaut bien un deuxième godet de rouge !

Alors oui, "Grosse-Bouffe a faim" (vous avez la référence?), mais je vais plutôt revenir à une entrée : cet oeuf mayo qui m'a aguiché sans vergogne il y a quelques minutes à côté. Il va voir ce qui arrivent à ce genre de plats impudents ! Cuisson 9 minutes, huile de persil (?), petit oignon blanc, piment d'Espelette (que l'on retrouve un peu partout d'ailleurs...) et des graines vertes (sésame au wasabi?). Toujours est-il que cette composition a du chien et du relief. Aucune impression de lourdeur, ça vol haut côté saveur. Une excellente version de ce classique de bistrot.

Place au dessert : Figue, faisselle, crumble Sarrasin. Drôle d'impression en le dégustant : car avec la faisselle, l'impression de sucre dans une bouchée disparaît complètement. C'est dommage, car ça masque un peu les parfums de la figue qui a été pochée au centre. Ca reste un bon petit dessert.

Pour le café, Lolo se retrouve fort dépourvu, car de percolateur ou machines à capsules, il n'est pourvu. Mais comme le client est roi, même si c'est avec une désolation palpable, on me sert un café Richard venant d'un boutique voisine... et c'est offert !

Le bilan final pour ce repas qui compte aisément pour 2 estomacs de hipsters malingres : 46€. Chez Lolo (Loïc Minel), on passe un bon moment, et je me doute qu'il se cache de belles bouteilles à découvrir dans ce lieu singulier. Certes, on sent un peut la sardine en sortant, certes les assiettes ne sont pas toutes nourrissantes, mais au final, même en additionnant les suppléments, ça ne fait pas trop mal au porte-feuille. Cet oeuf mayo et ce pâté Lorrain ont du caractère à en revendre laissant présager les belles soirées avinées que l'on peut passer ici.

Lolo Cave à Manger
12 Rue de Châteaudun
75009 Paris (métro Cadet / Notre Dame de Lorette)

tel : non, pas vraiment de réservation j'ai l'impression

Fermé samedi et dimanche

Les +:
_ des plats bien fichus avec du caractère
_ la purée à discrétion, ça fait toujours plaisir
_ petits prix...
_ même pour le vin : 5€ le verre !
_ accueil des plus sympathiques mais jamais familier

Les -:
_ les odeurs de cuisson dans la petite salle
_ le pain assez banal
_ la musique évidemment

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