Eunoé (Paris 11) : pas convaincu

Mon emploi du temps se dégage pour cet été, alors je tente de rattraper mon retard ! Pour ce dimanche, j'ai repéré 2 adresses ouvertes ! Youpi ! La première, Eunoé a l'air de faire de jolies choses et vu dans le coin où ils sont, il y a intérêt à assurer tant la concurrence y est rude !

Par Arnaud Morisse

Quand Yannouze fait un post enamouré sur Instagram sur ce nouveau restaurant Eunoé, je m'y attarde. Un chef japonais passé chez Jean-Louis Nomicos? En plus pas cher (menu déj à 26€!). Go, je réserve !

Ce dimanche midi, il y a encore de la vie dans le coin. Il fait à peu près beau, et les terrasses se retrouvent déjà bien occupées.

La salle s'avère lumineuse et élégamment décoré avec en son centre une grande table en bois brut du plus bel effet. Je m'assoie au comptoir -mais qui ne donne pas sur une cuisine ou un bar.....

 Damned, si j'échappe au brunch, me voilà avec une carte d'assiettes de "convivialité" (de 12 à 16€). Ah. En tout cas, il ne doit pas y avoir de plats chauds. Et en cuisine, pas de chef japonais, j'aurais pu m'en douter. Qu'à cela ne tienne, j'ai faim !

Très vite arrive la première assiette : Gravelax Daurade kiwi. C'est très joli et fort instagrammable. La sauce jaune est au curry. J'avoue qu'il ne me serait jamais venu à l'idée d'assembler kiwi et curry, mais pourquoi pas? Peut-être parce que ça ne va pas du tout ensemble, et ça, je l'apprends en goûtant. Pas bon. Les goûts puissants et désaccordés masquent le goût du poisson. Bref, c'est déséquilibré avec des saveurs qui ne vont pas ensemble. Je n'ai même pas envie de saucer alors que le pain est très bon... 15€

La bonne surprise se situe sur la carte des vins et j'y vois du Marcel Richaud ! Super La Source 2022 blanc, miam !

Mais je n'ai pas fini mon "assiette de convivialité " avec moi-même que je vais pouvoir partager avec ma personne la deuxième ! Vive la convivialité onaniste !

Donc arrive l'Oeuf mollet, pomme verte, crumble parmesan. C'est bien moins joli que la première assiette. Je goûte... ça manque de sel. Sauf pour le crumble qui lui est très fort en parmesan... Un peu de poivre n'aurait pas été du superflu non-plus. Bref, c'est encore un déséquilibre patent. En plus, le goût de la pomme verte fait clairement mauvais ménage avec ce fromage. 12€. Pas facile de terminer l'assiette.

Pas finie d'ailleurs qu'on m'apporte la suite histoire que je puisse encore me partager avec moi-même les plats. Il faut dire que je me trouve pas mal de points communs avec moi-même. Par contre, ma conversation m'ennuie un brin, je suis tout le temps d'accord avec moi-même. Mais bon, je reste convivial et moi aussi.

Tomate ananas, confiture curry ananas, émulsion scarmozza. Etonnant dressage plein de couleurs. Bon, alors que les autres plats essayaient de jouer sur le sucré/salé, là, on est carrément dans le sucré/sucré. Manque de poivre ou de piment pour relever le tout. On n'est pas loin d'un dessert. Mais c'est correct au final car le bon goût fumé de la scarmozza arrache mes suffrages. 12€.

On continue de m'apporter mes plats sans se soucier d'où j'en suis. 

Tartare de "filet" de boeuf au couteau, cornet maison, jaune d'oeuf et pomme. Il y a même des consignes que j'écoute bien volontiers, la bouche pleine. Il faut renverser le cornet de viande dans l'assiette. A l'intérieur un jaune d'oeuf. Et enfin, il fut casser le cornet pour ajouter le croquant au tout. Une bidouille ludique, mais pourquoi pas, les enfants doivent aimer ce genre de trucs.

Une fois appliquées les consignes, ça n'a pas la même tête forcément. 

En goût, on se croirait vraiment au paradis du fruit. C'est sucré -pourquoi ce cornet sucré???- , fort déséquilibré. ça manque d'un poivre ou d'un piment. C'est monotone. Décevant. 16€.

J'accompagne ça quand même d'un bon vin, car ça, il y en a ! Auxey Duresses 2017 du domaine Matrot. On me sert d'abord un fond de bouteille un brin passé... Heureusement qu'il est complété avec une nouvelle bouteille. 

Après avoir enchaîné les plats où le sucre est roi, peut-être que le dessert tient la route ? Pêche pochée verveine crumble (11€). C'est joli, et même plutôt bon ! Le jeu de textures n'est pas vain c'est agréable. Je finis sur une bonne impression.

C'est l'heure du café à présent. Comme à mon habitude, je demande le torréfacteur au serveur. Qui me répond avec un grand sourire "alors là, j'en sais rien du tout !". Et reste planté là devant moi, attendant ma réponse. Je lui dis alors gentiment qu'il serait peut-être possible qu'il aille se renseigner, non?

Il revient. Illy. Pas de café donc.

Reste à passer à la caisse : 88€ (5 assiettes de convivialité et 2 verres de vin). J'ai peut-être pâti des "assiettes de convivialité" dominicales et l'absence du chef, en tout cas mon expérience chez Eunoé est un échec. Les plats sont mal ficelés, déséquilibrés (trop sucré, pas poivrés, parfois pas assez salés, des accords de saveurs qui ne fonctionnent pas...), pas agréables à manger. J'aurais essayé en tout cas. 

PS : J'ai signalé après avoir payé bien évidemment mes impressions sur le repas en toute transparence au personnel sur place comme d'habitude.

Eunoé
6 Rue Rochebrune
75011 Paris

Fermé le dimanche soir et le lundi

Tel : 07 67 96 86 36

Les +:
_ de jolis vins à la carte
_ service sympathique
_ dessert plutôt réussi

Les -:
_ des plats déséquilibrés et mal assaisonnés
_ des saveurs qui ne vont pas toujours ensemble (curry/Kiwi, Pomme verte/parmesan)
_ une carte spéciale le dimanche