[Edit 11/07/20] : Le Caulaincourt a définitivement fermé ses portes pour laisser la place à Tonton de la Butte, deuxième adresse de Tonton des Dames]
Voilà une adresse qui figure depuis belle lurette dans ma liste des restaurants où poser mes couverts. Le Coulaincourt se révèle dans les faits bien décevant.
Dans cette longue rue Caulaincourt qui serpente sur les pentes de Montmartre, je connais déjà l'incroyable Ken Kawasaki. Si l'on se donne un peu de peine d'ailleurs, le coin regorge d'adresses agréables au gosier. La longue devanture toutes fenêtres ouvertes pour les beaux jours du Caulaincourt se remarque de loin.
Ambiance cantine à l'intérieur. Une partie bar, et une grande salle survolée par un grand treillis végétalisé. Des miroirs aux murs augmentent l'effet de profondeur.
Havre de paix pensez-vous? Hé bien non ! De la musique, plutôt à un fort volume est diffusée. De la sasla en plus ! Ambiance Caraïbes? C'est pas vraiment ce à quoi je m'attendais.
Le service est à la cool. L'un fume, tandis que l'autre attend le chaland. Je suis installé en "vitrine" dans des fauteuils plus confortables que les chaises d'écolier. Ils ont bien vu à quel point je suis précieux.
Sur la carte, pas vraiment de rapport avec la musique. Des assiettes à partager de 9 à 15€, des entrées de 11 à 14€ et des plats qui oscillent entre 19 et 27€. Les intitulés tapent dans le registre de la cuisine bistronomique en alignant les ingrédients principaux des plats du genre "chèvre, pistache, concombre, pamplemousse et coriandre" pour cette entrée à 11€. Ici sont précisées les préparations sans gluten et celles qui sont végétariennes pour ferrer du Parisien à Stan Smith, et tous les plats bénéficient d'une traduction en anglais histoire d'attirer les touristes. Une double cible pas forcément réconciliable.
Entre une pause clopes et une longue discussion entre serveurs, voilà que la sonnette de la cuisine tonne ! Mon entrée est prête : Poireaux, tourteau, wasabi, curcuma, radis rose (12€). La présentation est soignée. Ça ressemble à un gros maki. Mais là, c'est du poireaux qu'est contenu dans cette feuille de nori. Les radis sont en pickles, pointes de wasabi pour le vert. autant d'atouts qui devraient faire voyager au Japon ! Mais non. C'est plat. Aucun relief. Le goût du crabe est englouti dans la préparation au curcuma et le poireau est fade. Les pickles n'ont aucun pep's et le vague goût du wasabi n'arrive pas à remonter la pente.
Tiens, le chef s'en va à son tour. Il part ailleurs? Il n'a pas l'air très stressé. Un allume-feu à la main, je sens qu'il a fait appel à un ami pour démarrer son service.
Petite attente. Ambiance de feu avec cette musique ! C'est ironique. Mon plat arrive : Faux-filet, purée de pommes de terre, truffe, moelle (26€). Il y a de la purée dans l'assiette et en rab' dans un ramequin à côté. Deux beaux morceaux de viande saignante, une échalote confite et un cromesquis noir, le tout baignant dans un jus sombre. C'est gourmand tout ça ! La viande est correcte, sans plus. Pour ce qui est de la purée, elle est constellée d'éclats de truffe en conserve. Mauvaise idée. Le goût du champignon (complètement hors saison) est incertain. Le jus plutôt salé permet tout juste d'assaisonner le plat. Reste cette croquette remplie de moelle! Sur le papier, ça doit envoyer du lourd! Je croque ! Las, pas assez de sel... tristesse. Je rattrape l'échalote confite, juste parfaite. Dommage qu'elle fut seule.
Toujours très décontracté, le service s'amuse avec des voisins, fume, discute... Un petit groupe s'installe derrière moi et là, horreur absolue ! L'un des membres de l'équipée semble s'être versé l'intégralité d'un parfum pour toilettes (au mieux) sur lui/elle. Ça empeste, ça cocotte, ça puire, c'est une infection totale. Comment peut-on infliger ça aux autres? Au restaurant qui plus est?
Il me tarde de voir arriver mon dessert, la pêche, citronnelle, gingembre, verveine (10€). Présentation soignée, on connaît la musique ici ! Je découpe le fruit avec précaution, et, ô surprise, il semble y avoir un truc à l'intérieur! Un insert coulant? Un coeur caché? Non, le noyau... C'est une pêche quoi, au naturel. Un trait de sauce gingembre et 3 pointes de crème verveine, et zou, c'est emballé! Toujours aussi décevant.
Le verre de bourgueil à 5€ m'a au moins donné le sourire. Ce Domaine de la chevalerie 2016 se tient plutôt bien.
Vite, je suffoque, je blêmis, l'addition ! 53€. C'est cher, surtout pour des plats aussi décevants, à chaque fois fruit d'une fausse bonne idée. Un vrai soucis de présentation au détriment des saveurs. Avec de la musique inutile et un service en roue libre, on obtient un résultat moyen. Le Caulaincourt n'ouvre plus que le soir et le midi le week end pour le brunch, toujours en chasse de ces maudits Parisiens en Stan Smith.
Le Caulaincourt
62 Rue Caulaincourt
75018 Paris (métro Lamarck Caulaincourt)
Tel : 01 42 59 42 55
Fermé définitivement
Les +:
_ salle aérée et agréable
_ des intitulés prometteurs
Les -:
_ la musique sasla, c'est définitivement non
_ service à la cool, pas super concerné
_ cuisine décevante et peu goûteuse