A.léa (Paris 18) : adresse discrète à découvrir

Prenant la place du Petit Arcane, A.Léa vient d'ouvrir et propose une jolie bistronomie gourmande Un nouveau restaurant à suivre !

Par Arnaud Morisse

Voilà, je viens de fermer mon Caboulot, et je m'en vais traverser Paris pour retrouver une certaine Léa (Lestage), dans son restaurant quasi éponyme, A.Léa. Montée des marches de la station Lamarck Caulaincourt en petite foulée avec des passages talons-fesses, et quelques étirements.... non, je rigole, essoufflé comme pas deux, tirant la langue et suant comme bon nombre de cochons que j'ai pu dévorer ces dernières années... bref j'arrive rue Lamarck.

Devanture blanc cassé, haut vent rouge, la devanture élégante ne détonne pas. A l'intérieur, pas un chien. Je me demande même si c'est ouvert. Mais j'ai bien réservé pour 14h, alors, je rentre !

Tons beiges et écrus à l'intérieur avec du mobilier design et un jeu de miroirs qui agrandit le lieu - qui n'est en fait pas bien grand - c'est charmant. Accueilli avec un grand sourire, je me sens bien ! Sur la carte, pas de formule le dimanche (en semaine, menu déjeuner à 24€!!), mais une sélection de 3 entrées (11-13€) et 3 plats (21-23€).

En guise d'amuse-bouche, la chef propose en fait l'une des entrées qui étaient à la carte : Espuma de riz, coques et chips de riz. C'est joli et ça sent bon. En bouche, c'est délicat et percutant. La douceur du riz est bousculée gentiment par l'iode des coques et un zeste de citron. Je me régale.

Dehors, un couple s'interroge : est-ce ouvert? 14h passé... Ils sont finalement accueillis bien volontiers ! Lui est débraillé, en jogging façon guenilles qui laisse voir son caleçon, le cheveu en bataille et la voix rauque de celui qui vient de se lever. Elle, pimpante, apprêtée, jolie comme un coeur. Ca sent le rendez-vous qui a failli être manqué, elle appelant, et lui se réveillant et se disant "ho merde, c'est vrai, j'avais rendez-vous ! Allez zou j'enfile un truc et je descends !"

Mon entrée arrive donc : Poireau, pancetta, sauce hollandaise. Des petits bouts de feuille nori, un genre de crumble pour le croustillant, tout ça est bien pensé ! Poireau bien cuit et tendre, mais voilà, ça manque de sel cette affaire ! Etonnamment, la pancetta cuite apparaît peu salée. Heureusement, il y a de la fleur de sel qui attend sur la table. C'est bien meilleur avec quelques grains de-ci de-là.

Dans mon verre, le sauvignon d'Eric Louis (6€). Pas mal du tout, mais il ira mieux avec le poisson qui suit.

A l'autre table ça cause musique : "et toi, t'écoute quoi comme musique".... elle : "bah, un peu de tout...." manifestement, c'est pas son rayon. Qu'à cela ne tienne, il enchaîne avec des "tu connais les galaktik rabbits" (j'invente le nom improbable dont je ne me souviens pas)? forcément, elle répond "bah nan....". Et d'étaler sa science de groupes méconnus, mais que lui il est trop fort il les connait.

Voici ensuite le Cabillaud, pommes grenailles, béarnaise. Belle cuisson au beurre très réussie du poisson. La béarnaise aussi dépote ! Et ces patates de Noirmoutiers couronnent le tout !

A la table d'à côté, il continue sa logorrhée : "là, tu vois, tout est sold out". Pas grave, elle le dévore des yeux. Manifestement, elle a de l'appétit pour autre chose. Enfin, hein, j'me comprends. Il fait une pause pipi.

Puis c'est au tour de la Poitrine croustillante, panais en 2 façon, jus corsé. Pour tout vous dire, c'est grâce à une photo de cette couenne croustillante que je me retrouve ici ce midi. Dressage délicat. Quel bonheur ce cochon ! Cric, crac, croc ! Voilà - enfin - une couenne de compétition ! J'adore ! Un jus de viande bien puissant, et un panais bien travaillé, c'est top!

Avec le petit godet de morgon côte du Py du Domaine Gaulthier qui va bien, je suis au mieux ! 6€

A l'autre table le quiz continue "tu connais ça...." * il montre un truc sur son téléphone* "c'est une référence à Moëbius, tu connais"? elle de répondre "non, pas du tout, c'est japonais?". Lui "haha, non, PAS DU TOUT!.... Enfin, je crois...?". Les sitcoms et autres script réalités ont encore de beaux jours devant elles.

Puis enchaîne le Suprême de volaille, ravioles de choux et ciboules, bouillon de volaille. Oui, c'est bon, je vous vois à me juger ! J'ai pris 3 plats, et alors? J'avais faim! Bref, le poulet est bien tendre et juteux, et les pâtes à ravioles très fines. Cependant, voilà, à mon grand dam, c'est à nouveau sous-salé ! C'est dommage ! Car avec cette fleur de sel magique, c'est délicieux !

De l'aut' côté de la salle, il répond au téléphone devant elle. "... oui, je passe voir maman à 17h....". Elle sait maintenant que pour le 5 à 7, c'est cuit...

Presque 15h, je termine par les clémentines rôties, crumble aux épices, crème crue. Un joli dessert de cuisinier, bien vu et frais. 

Avec ça, je prends un verre de gros manseng du domaine de Laballe. Un peu de sucre et pas mal de saveurs !

Un café Coutume plus tard (offert), voici l'addition : 101,50€. Comme d'habitude ces derniers temps, j'ai chargé la mule, et ici, on doit pouvoir s'en tirer à moitié prix et encore moins au déj en semaine!) ! Mais que voulez-vous, quand on aime (et qu'on a faim), on ne compte pas ! Aléas a de quoi charmer les papilles !

A.Léa
39 Rue Lamarck
75018 Paris (métro Lamarck Caulaincourt)

Fermé le lundi, le mardi midi et le dimanche soir

Tel : 01 81 69 96 93

Les +:
_ jolie cuisine de saison
_ cadre apaisant
_ service pro et souriant
_ jolis produits dans l'ensemble
_ menu à 24€

Les -:
_ petits problèmes d'assaisonnement
_ carte des vins un peu courte