La Frasca (Paris 6) : Petites assiettes de caractère

La Rive Gauche se rebelle. Depuis quelques mois, pas mal d'adresses intéressantes voient le jour avec des cuisines de caractère et pas forcément hors de prix. Le restaurant La Frasca se la joue cool dans une déco qui ne l'est pas. Un contraste comme un autre !

Dans une rue adjacente au très précieux Théâtre de l'Odéon, à une encablure du "chic-issime" jardin du Luxembourg est né le 1er octobre dernier une jeune table qui entend faire bouger ce coin de Paris plutôt habitué au calme. La Frasca (la frivolité en italien) occupe une bonne portion de la rue Corneille avec une grande devanture vert olive. Je devrai retrouver des saveurs méditerranéennes dans l'assiette !

La déco dans la salle s'avère très sage. Il y a bien la cuisine ouverte qui met un peu d'animation, mais c'est à peu près tout. Murs couleur saumon avec quelques dessins aux murs, et mobilier passe-partout. Il y a bien une grande table d'hôtes, mais c'est tout. Pas très "funky" tout ça...

Pourtant la carte suit les modes du moment en proposant de petites assiettes sans distinction d'entrées ou de plats. On est libre quoi ! De la charcutaille italienne, et une collection de petits plats (que l'on ne nous impose pas à partager pour une fois !) qui vont de 7€ à 12€ garnissent la carte. Seule la côte de boeuf de 1kg (race normande) affiche un tarif plus élevé : 79€.

Pas de chance, moi qui voulais dévorer le thon fumé, c'est le plat qui n'est plus disponible! Je change donc mon choix.

Mon entrée met une bonne vingtaine de minutes à arriver : Tartare de chinchard. Le poisson découpé en gros cubes a été mariné au citron et huile d'olive. Je retrouve des câpres, de l'échalote et de l'origan. Tout ça a du pep's, ça revigore les papilles ! Pour 12€, j'aurais tout de même aimé avoir un peu plus de volume d'autant que le pain n'est pas fou.

Dans la cuisine, ça rigole et parle beaucoup. Le service, s'il est sympathique, n'est pas des plus énervés. Les attentes se font sentir.

Tiens, à une table deux femmes qui ont le droit à un discours qui laissent penser qu'elles sont journalistes et annoncées en tant que tel. "On va vous faire goûter la cuisine du chef, on s'occupe de tout!". Autant dire qu'elles vont avoir le droit à l'intégralité de la carte et fissa. Les autres tables devant attendre un peu plus.

Ce n'est pas la Bavette de veau, fromage frais du Beaufortin à l'ail qui va aider à combler mon estomac, car le bout de viande n'est pas immense et servi seul (avec quelques câpres encore). 12€.

Elle est apportée en même temps que l'assiette de légumes choisie qui elle se montre plus consistante pour 10€ : lentilles mijotées, feta et oignons rouges (10€). Si la bidoche se révèle bien goûteuse et parfaitement assaisonnée, avec un beau relief grâce à la petite sauce et aux câpres, je suis moins enthousiaste sur les lentilles. Cette plâtrée, si elle est bien parfumée avec force épices (cumin, cannelle, paprika) s'avère un brin ennuyeuse et un peu plan-plan. Rien pour apporter du contraste.

Ça rigole toujours bien en cuisine. En plus, une grande tablée dont des amis du chef vient d'arriver. Les petits assiettes y défilent à bon rythme. De mon côté j'attends qu'on me débarrasse pour commander le dessert. Déjà plus d'une heure est passée. 

Voilà qu'arrive enfin mon dessert. Je ne vais pas m'étouffer avec cette Panna Cotta fleur d'oranger, main de Bouddha, puisqu'à peu près un tiers du verre dans lequel elle est servie est rempli. Mon père aurait dit "ça fait pas derche". C'est dommage, car elle est plutôt bonne, bien parfumée, et les graines de sarrasin torréfiées lui donnent un caractère agréable. Mon appétit est tout juste rassasié. J'aurais pu engloutir une ou deux autres petites assiettes aisément.

Côté vin la sélection s'avère très courte et orientée nature. Je prends un verre de touraine blanc, des Hauts Bagneux, cuvée Les Chênes. 6€ ce verre bien agréable et vif avec une belle longueur en bouche. Un vin qui s'est bien défendu face à ces assiettes de caractère.

Un Café (Ronchese) à 2,50€ et 90' après mon arrivée, c'est l'heure de l'addition. Je me lève pour payer, sinon, je pense que j'aurais attendu pas mal de temps. 42,50€. Un prix honnête pour le quartier, même si les portions n'étaient pas vraiment généreuses car les produits entrepris étaient de qualité. Le chef Roland Theimer a du caractère à revendre, et le transmet en partie dans ses plats. Cependant le service un brin en dilettante et un peu longuet dans un décors peu en rapport laisse sur sa faim. Mais le potentiel est là pour passer de belles soirées bien arrosées et festives (ou inversement).

La Frasca
7 Rue Corneille
75006 Paris (métro Cluny La Sorbonne)

Tel : 01 42 03 57 32

Fermé le dimanche

Les +:
_ une cuisine spontanée et pleine de relief
_ des accords originaux et bien sentis
_ courte sélection de vins, mais à prix raisonnable
_ tarifs corrects

Les -:
_ la déco vieillotte en décalage
_ les petites portions
_ Service à la cool un peu longuet

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