>>> En mode confinement, Nordine et Virginie préparent couscous ou tajines à emporter !
Le 14ème arrondissement, contrairement à sa réputation, cache de très belles tables pour se régaler. Parmi elles, le restaurant A Mi-Chemin où l'énergique chef Nordine Labiadh officie pour une cuisine franco-tunisienne unique dans un lieu singulier.
J'ai rarement vécu ça. Comme d'habitude j'indique sur Instagram le restaurant dans lequel je suis. Et là, je reçois en retour des messages d'enthousiasme, d'autres me conseillant tel ou tel plat ou encore de faire la bise à Nordine, le chef! C'est fou comment l'évocation du restaurant A Mi-Chemin provoque des réponses enamourées!
Pourtant, de dehors, rien ne laisse présager de tout ça. Petite terrasse et devanture d'un bistrot lambda.
Changement de ton radical sitôt passé la porte : des murs constellés de photos, tableaux et affiches, de beaux luminaire, un beau bar et juste à côté une cuisine où le chef s'active, et surtout, aucune musique de fond ! Malgré ça, et avec une salle encore à moitié vide à 12h30, l'ambiance vivante et chaleureuse transpire du lieu.
Je suis installé dans une petite alcôve tranquille. Je peux ainsi paisiblement découvrir l'ardoise du jour avec son menu déjeuner à 28€ et la carte qui laisse un grand choix (25 plats!) : des entrées qui vont de 12 à 18€, et des plats qui naviguent entre 26 et 34€. Des prix coquets pour des plats dont les intitulés annoncent bien la couleur sous le signe du croisement des cultures françaises et tunisiennes. Si d'un côté on trouve un oeuf en meurette et morilles, des escargots de Bourgogne ou du foie gras, de l'autre on note la salade méchouia, la cocotte de poulpe rôti, une pastilla de canard à l'orange, ou la Mloukhia au paleron de boeuf, un plat mijoté toute la journée et vraiment pas courant à Paris.
Mon entrée ne traîne pas pour arriver : dans une grande cocotte se trouvent 8 Couteaux rôtis minute à l'encre de seiche et citron vert (18€). L'odeur qui s'échappe du récipient ravit mes narines.
Je m'apprête à entamer mon repas, lorsque je suis interrompus par l'installation de la table juste à côté de moi. Trois personnes âgées avec les effluves de parfum qui vont avec. Les tables étant assez proches les unes des autres, j'attends qu'ils se décident à s'asseoir pour éviter d'être bousculé. Pas loin d'une dizaine de minutes d’atermoiement du style, "tu veux la banquette?, non parce que moi je peux prendre la chaise" ou "je m'assoie où tu veux" avec en bonus le "et toi, tu prends la banquette? " et la réponse "je réfléchis".
Puis, un éclat de rire provient d'une tables avec 4 japonais qui profitent des bons vins du lieu. Alors le pépé de leur faire signe de se taire. Ça va être leur fil rouge mâtiné d'un racisme crasse pendant tout le repas. "Ho ! ils vont devoir baisser le ton les jaunes, sinon, je vais m'en mêler" assène même papy Mougeot, alors même qu'ils ne font pas plus de bruit que les tables "de souche". Et même la rombière de clamer "quelle vulgarité!". C'est franchement le munster qui dit au petit fromage frais "tu pues"!
Mais je reviens à ma cocotte : cuisson idéale, les coquillage juste ouverts ont gardé leur iode. Le zeste de citron vert apporte un joli relief, et que dire de cette sauce à l'encre de seiche (pas trop salée) qui commandent de saucer avec l'excellent pain de chez Poujauran !
Je tente par la suite la fameuse Mloukhia (32€), une grande première pour moi ! On dit qu'il faut au moins en manger une fois dans sa vie, c'est maintenant ! Dans l'assiette creuse, un beau morceau de paleron de boeuf recouvert d'une sauce nappante et brillante incroyable. Une belle odeur nargue mes papilles. Mais je ne vois pas de fourchette, et n'ai qu'une cuillère.
"Nan mais Shut Up !" éructe VO la vieille pimbêche qui a dans le nez la table des Japonais. Tandis que l'autre, a priori aveugle, exhibe fièrement son couteau suisse de 4cm pour "se défendre", sachant qu'elle a mis au moins 5 minutes à le déplier... Sketch pathétique de bêtise.
Malgré ces mauvaises ondes nauséabondes, - c'est pas ça qui va me couper l'appétit - je me décide à attaquer ce plat avec la cuillère... et elle rentre comme dans du beurre mou dans cette viande fondante comme jamais ! C'est incroyable ! Au goût, la sauce puissante grâce à la "corète potagère" (je découvre son existence) va de suite activer mon circuit de la récompense dans mon cerveau... endorphines.... plaisir... Pas d'accompagnement avec ce plat, mais ça ne sert à rien. J'ai le pain avec moi pour éponger cette sauce profonde !
C'est le chef qui m'apporte le dessert tout tremblotant (le dessert, pas le chef!) : Délice verveine pistache (9€). Simple, mais riche en parfum. La "verveine" n'est pas un vain mot dans l'intitulé, sa saveur enveloppe le pavé tandis que le bon goût de pistache vient l'enrichir. Léger et pas trop sucré, note finale parfaite !
A côté la vieille ganache ne peut pas s'empêcher de lâcher une petite remarque raciste sur le patron, gloussant et avalant son rire façon Philippe Bouvard, pas peu fière de sa dégueulasserie.
Pour accompagner ce repas, je me suis laissé guider vers un chinon, Les Débonnaires de Luc Sébille à 9€, un rouge très agréable et léger qui tombe un peu en fin de bouche, mais qui a très bien accompagné mon déjeuner. Mais il est l'heure de passer à la caisse après un bon café italien à 3,50€ : 71,50€. C'est une somme, mais à la carte et avec de tels produits, pas de scandale à déclarer. L'Expérience de cette Mloukhia vaut largement l'investissement! J'en profite pour transmettre le "bonjour" d'une amie, Marie, au chef que ce dernier s'interromps, à deux doigts de me prendre dans ses bras et de m'offrir un digeo (une belle prune Louis Roques) et son livre dédicacé (Paris Tunis, la cuisine de Nordine Labiadh) . Un accueil qui couronne une expérience déjà chaleureuse et unique. A Mi-Chemin fait partie de ces bistrots habités avec une belle âme portée sur le partage et l'ouverture, pas comme d'autres...
A Mi-Chemin
31 Rue Boulard
75014 Paris (métro Mouton Duvernet)
Tel : 01 45 39 56 45
Fermé dimanche et lundi
Les +:
_ ambiance de bistrot amical sans musique !
_ un mélange franco-tunisien réussi
_ une cuisine de passionnés
_ la personnalité du chef
_ la carte des vins
_ pain Poujauran
Les -:
_ les tables proches les unes des autres
Serviette en tissus | ✅ |
Changement de couverts à chaque service | ✅ |
Nappe en tissus | ❌ |
Bonne réception mobile | ✅ |
WiFi gratuit | ❌ |
Musique inutile en fond sonore | ❌ |
Adapté pour les enfants bien élevés | ✅ |
Volume sonore moyen | 55dB |
Toilettes bien entretenues | ✅ |
Même menu midi et soir (hors formule) | ✅ |
Réservation possible | ✅ |
Vin au verre goûté avant d'être servi | ❌ |
Végétariens bienvenus (au moins 1 entrée et 1 plat) | ❌ |