Ne vous arrêtez pas à ce nom de restaurant difficilement prononçable et à dormir dehors avec un billet de logement. Chez Alleudium, le chef japonais Keiichi Shinohara délivre une partition précise et gourmande.
Au 24 de la rue Rodier se trouvait encore il y a peu de temps une adresse réputée pour sa cuisine originale et unique : Orties. Mais dans ce quartier, les bonnes adresses se bousculent, et rien qu'en face se trouve la Condesa, tandis qu'un peu plus loin on retrouve l'Innocence et Aspic... autant d'adresses étoilées. C'est dans ce contexte très concurrentiel qu'a donc décidé de s'installer un chef japonais en provenance direct de Chez Maxim's, Keiichi Shinohara. Alleudium devait ouvrir en mars 2020, mais COVID oblige a dû réviser ses plans.
La salle a été réaménagée et surtout éclaircie. Finie l'atmosphère vespérale à toute heure. Je reconnais tout juste les superbes tomettes au sol qui ont été conservées.
En semaine, une formule est proposée pour 19€ au déjeuner. Elle comprend, une mise en bouche, le plat du jour et le café avec mignardises. Le samedi midi uniquement, un menu entrée du jour/plat du jour/café avec mignardises monte à 24€. Sinon, un autre menu déjeuner en 4 services est disponible, là comptez 37€. Enfin, au dîner, un menu dégustation en 5 services est facturé 49€. Mais donc, en plus de toutes ces formules on trouve aussi une carte complète (midi et soir !) des entrées de 11 à 14€ et des plats de 24 à 26€. Ca en fait du choix !
Vissé au comptoir - ma place de prédilection - même si la cuisine se situe au fond de la salle, je vois arriver la mise en bouche... ou plutôt une pré-entrée tant l'assiettée est généreuse : Velouté de lentilles beluga, avec en son centre un mélange de petits légumes taillés en brunoise avec une particulière application, des pignons de pin grillés et des mini-cubes de chorizo et de seiche. Parfaitement assaisonné, ce potage dense passe bien, et les petits éléments empêchent de s'ennuyer.
Pour ce midi, j'ai choisi les plats à la carte en raison d'un canaillou qui m'aguichait sans honte sur ce petit menu gourmand : Langue de veau, vinaigrette au dépôt de saké, petits légumes croquants. Que je suis faible quand je pense avec mon estomac ! Mais je ne regrette rien de ce choix. On retrouve ces découpes précises dans cette jolie entrée, mais aussi la générosité. Je ne vais pas mourir de faim ! La langue - mon abat préféré au monde! - s'avère parfaitement préparée, comme dans un rêve... langoureux. son assaisonnement se révèle loin d'être anecdotique, on sent bien cette petite saveur nippone qui fait tant de bien aux papilles. Les points de crème au piquillos relèvent bien le tout. J'adore !
Pour accompagner cette entrée, j'ai pris un chiroubles de La Grosse Pierre 2018, frais et léger, qui passe très bien, sans heurts. 8€ les 14cl (qui sont pesés à la balance électronique pour le service).
D'ailleurs la carte des vins - courte - mériterait d'être un peu plus travaillée. Quelques références natures et d'autres étiquettes aux appellation prestigieuses, rien de bien remarquable. Première bouteille à 29€.
Avouez que vous auriez aussi pris ça si vous aviez été à ma place : Joue de boeuf au miso blanc, citronnelle gingembre, carotte au sumac. Dans l'assiette, un beau morceau de viande brune, parfaitement confite grâce à une très longue cuisson douce. Son goût est simplement divin ! Le travail sur les carottes à côté ne démérite pas non plus, bien au contraire. Il y a du goût à tous les étages. On retrouve un boeuf au carotte complètement azimuté par ces touches japonaises. Délice de bout en bout.
J'ai opté ici pour un vin avec un peu plus de structure : un Languedoc d'Etienne Fort, le Samo rouge 2017 (7,5€). Typique vin nature, mais avec une belle robe tannique, mais finalement un peu faible face à cette belle joue épicée.
Pour la partie sucrée, aller simple pour le Japon : Mille feuille thé matcha, crème haricots rouges azuki, sorbet sésame noir, émulsion crème de soja. Là, la gastronomie française n'intervient que dans les techniques utilisées. Et ce mix fonctionne impeccablement, même si je regrette qu'il n'y eut pas de framboises fraîches insérées dans le mille-feuille. Car en goûtant la seule présente dans l'assiette et surtout destinée à de la déco, ce dessert a gagné en ampleur incroyablement l'espace d'une bouchée.
Café sympathique (Segafredo bio) à 3€, et une addition qui s'élève à 66,50€. Ce qui me laisse penser que les menus doivent valoir le détour à eux-seuls pour avoir un rapport qualité prix qui décoiffe ! Alleudium réussit le pari d'une cuisine fusion soft, remarquablement exécutée et complètement dévouée à la gourmandise et la générosité à la française. Une belle adresse à découvrir.
Alleudium
24, rue Rodier
75009 Paris (métro Anvers)
tel : 01 45 26 86 26
Fermé dimanche et lundi
Les +:
_ des assiettes généreuses et précises
_ une fusion franco-nippone réussie
_ des saveurs profondes
_ accueil très sympathique
_ calme absolu, pas de musique !
Les -:
_ carte des vins un peu faible
_ formules nombreuses et peu claires
Serviette en tissus | ✅ |
Changement de couverts à chaque service | ✅ |
Nappe en tissus | ❌ |
Bonne réception mobile | ✅ |
WiFi gratuit | ❌ |
Musique inutile en fond sonore | ❌ |
Adapté pour les enfants bien élevés | ✅ |
Volume sonore moyen | 51dB |
Toilettes bien entretenues | ✅ |
Même menu midi et soir (hors formule) | ✅ |
Réservation possible | ✅ |
Vin au verre goûté avant d'être servi | ❌ |
Végétariens bienvenus (au moins 1 entrée et 1 plat) | ❌ |
Pain : pain de campagne aux graines |