MAD (Paris 11) : Gang de copains

Dans la rue Jean-Pierre Timbaud, la concurrence fait rage, pourtant, peu d'adresses proposent une véritable expérience bistronomique. Alors, le restaurant MAD s'est engouffré sur ce créneau avec raison.

Dans la rue Jean-Pierre Timbaud, la concurrence est rude pour s'octroyer une part de marché dans la nombreuse clientèle qui vient s'arsouiller à coups de pintes de bières à l'eau à 4€ ou de vins nature qui sentent le poney, avec comme signe distinctif vestimentaire commun : les sneakers comme ils disent. C'est l'un des épicentres festifs de Paris. 

Alors, pour se faire remarquer, il faut se différencier. Ainsi MAD a choisi la sobriété. Le nom du resto (ainsi que le N° de rue...) n'est pas affiché sur la grande façade couleur caca d'oie. Choix marketing osé. Aussi, j'espère que ces initiales ne sont pas une référence à l'Inspecteur Gadget. Car MAD, l'organisation criminelle qui s'opposait à ce héro de mon enfance signifiait Mean And Dirty (méchant et sale, et là vous avez appris un truc si on est de la même génération!). 

Ouf, renseignements pris, le nom signifie Mes Amis D'abord.

La salle est charmante, mélangeant un côté néo-industriel à un peu de végétation. Quelques tables, des places au comptoirs et d'autres vues sur mer. C'est là que je m'installe.

Au sous-sol se cache un salon privatif cosy de 6-8 personnes.

Côté cuisine, il doit y avoir un savoir-faire certains, car c'est l'équipe du Vava qui est à l'origine du projet. Des assiettes à partager ou qui ressemblent à des entrées s'affichent entre 6 et 11€. Ce qui ressemble à des plats chauds varie entre 12 et 18€. Si les quantités répondent présent, ça peut être intéressant cette affaire! Au déjeuner, il semble n'y avoir que des sandwichs bien garnis mais facturés... 8,50€ !

Ambiance bistrot sur certains intitulés de la carte, ainsi, je me jette sur leur Oeuf mayo de la maison (6€). L'occasion de voir ce qu'un établissement a dans le ventre ! Petite surprise à l'arrivée de l'assiette : un lit de salade et au-dessus une mousse blanche constellée de piment, pickles d'oignon et ciboulette. Où sont les oeufs? Je sonde donc prudemment tel Mac Gyver désamorçant une bombe. Trouvés ! Il y a deux moitiés. D'après ce que j'arrive à apercevoir, les jaunes sont crémeux. La sauce mayo, nuageuse, est légère. Je me retrouve loin de l'entrée lourde mais réconfortante traditionnelle. C'est une interprétation intéressante certainement imaginée pour une clientèle soucieuse de sa ligne.

Pour le vin, l'établissement suit les tendances du quartier : des références au verre pas chères et faciles à boire : j'opte donc pour un pinoit noir de chez Roland Schmidt à 6€. Parfait.

A l'instar des restos de tapas, on me sert mon autre choix d'entrée froide en même temps que la première. Poivrons marinés à l'ail noir (8€). Toutes ces couleurs me ravissent ! Au palais, c'est pas mal du tout. Mais au fond quelques brins de salades baignent dans une vinaigrette au balsamique (bien sucré) qui vient déséquilibrer un peu l'ensemble.

Place au chaud à présent : Brochettes de poulet sauce Mafé (12€). C'est accompagné d'un beau riz pilaf bien parfumé. Les extrémités des brochettes sont naturellement un peu sèches, mais la sauce à la cacahuète, légère et pas écoeurante, vient corriger le tir. Les pickles acidulés, viennent nettoyer la bouche et alléger l'impression un peu lourde qu'il pourrait y avoir.

Ces bons petits plats ont mis mon estomac ogresque en appétit. J'ai besoin d'un plat supplémentaire, c'est ma gourmandise qui me l'impose, et qui suis-je pour le lui refuser? Je choisis donc les Ribs de porc, maïs fumé, sauce BBQ (16€). L'auge est bien remplie ! Et de la mousse siphonée de maïs ne surnagent que deux petits bouts de cochon. Le pop corn, très à la mode, est dispersé sur le dessus. Petit souci : il y a vraiment beaucoup de mousse, si bien que pour découper mes ribs, je dois les plonger au fond de l'assiette creuse et effectuer la découpe en apnée... pas très pratique. Mais vraiment bon ! Ces 3 morceaux ne font pas long feu. La crème très liquide, dure un peu plus longtemps... fourchette oblige !

Pour le dessert, je me dirige vers le baba au rhum (11€). Après avoir revisité le traditionnel oeuf mayo, qu'a donc imaginé le chef pour ce classique des classiques? Hé bien, rien de particulier !Dans l'assiette, le gâteau imbibé d'alcool et de sirop, coupé en deux avec de la chantilly classique et une belle grappe de groseilles. Je n'ai pas le droit à la bouteille de rhum à discrétion, petit geste que j'apprécie toujours au resto. Mais ce baba ne manque pas de rhum et, cette fin de repas se passe très bien !

Je demande alors un petit café... et là, j'entends dans mon dos un drôle de bruit, puis des messes-basses : la machin a rendu l'âme ! Ciel ! Mais pour se faire pardonner, on m'offre un digeo, une vieille prune. Je ne m'en tire pas si mal ! Addition finale de ce repas bien copieux (5 assiettes et 2 verres de vin et 1 digeo) : 65€. Avec un accueil très amical (sans être cavalier), une ambiance sympa (musique funk, pas trop forte), et une cuisine qui se défend bien, MAD a le potentiel pour devenir un "spot" de référence dans ce coin du 11ème arrondissement.

MAD
70 Rue Jean-Pierre Timbaud
75011 Paris (métro Parmentier)

tel : 09 50 08 56 22

Fermé le samedi midi, dimanche et lundi

Les +:
_ accueil très sympa
_ cuisine qui essaye d'alléger des classiques du bistrot et de la junk food
_ prix tenus
_ vins très corrects

Les -:
_ pas toujours pratique à manger
_ je dois être vieux jeu, mais un bon vieux trio entrée plat et dessert qui rassasie, je ne connais rien de mieux !
_ pas la même carte au déj avec des sandwichs seulement

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