[Edit du 18/01/21] Le Trente-Trois a reçu sa première étoile de la part du Guide Rouge Michelin !
[Review du 10/10/20] Dites "Trente Trois". Mais ce qui se trame dans l'Hôtel particulier Villeroy se révèle une médecine douce aux papilles, de celle que l'on aime recevoir. Un restaurant gastronomique qui réussit une belle prestation pour des prix tenus au déjeuner.
Ouvert officiellement en début d'année, puis refermé pour les raisons que vous savez, l'Hôtel Particulier Villeroy a rouvert sa salle de restaurant il y a peu. J'avais vu passé cette information, sans aucune autre précision. Le standing auquel m'attendre doit se situer dans le très haut de gamme, l'établissement ayant été conçu pour recevoir les 5 étoiles, voire la distinction "Palace". Mais je ne sais pas à quelle addition m'attendre en me rendant au 33 (le nom du restaurant), ça risque de faire mal au porte-monnaie !
Dans la rue Jean Goujon, la façade luxueuse joue la discrétion. Tout juste deux petites plaques mentionnant le nom de l'hôtel et "The Collection". En effet, il s'agit ici de la première adresse parisienne de ce groupe d'hôtels de luxe à taille humaine qui est plutôt habitué à Saint Barth, Courchevel ou Saint Jean Cap Ferrat.
Aussi, le menu du restaurant. Ouf ! Etonnamment rien de ruineux en perspective, au contraire ! Le menu déjeuner s'affiche à 68€, mais il comprend, outre entrée, plat et dessert à choisir dans une courte carte, l'eau micro-filtrée (encore heureux) mais aussi 2 verres de vin ! La porte est fermée. Il faut attendre que l'on vous ouvre après avoir montré patte blanche. Hall majestueux avec force marbre tout en sobriété, et je suis guidé jusqu'à la salle à manger.
Boiseries magnifiques, cheminée monumentale en marbre, et des tableaux et luminaires contemporains. C'est "chic-issime" ! Six tables espacées. La clientèle arbore du beau linge (au sens propre) : Chanel, Dior, Yves Saint Laurent. J'ai l'air bien en H&M ! Par contre, petit étonnement : pas de vestiaire ! Dans un tel établissement, je trouve ça perturbant de ne pas me débarrasser de mon paletot. Pas bien grave, j'utilise la chaise d'en face en guise de buanderie.
Sur le menu j'apprends que ce dernier a été développé par un chef étoilé, Sébastien Sanjou qui exerce actuellement au Relais des Moines à Arcs-sur-Argens. Ca sent bon tout ça !
Après une mini-foccacia un brin sèche, arrive l'amuse-bouche qui ne paie pas de mine. Pourtant on me vante l'incroyable ventrèche d'un thon de Méditerranée de 28kg reçu la veille qui la compose. Mais tout juste affleure une brunoise de concombre d'un jus opaque. Pour trouver le poisson qui a été mariné, il faut plonger sa cuillère. Le résultat s'avère plus saisissant que le visuel, donnant une belle impression de fraîcheur en bouche, avec un peu de tension et beaucoup de parfum. Le poisson en deviendrait même un peu trop discret. Mais pour ouvrir l'appétit, impeccable !
La table d'à côté est occupée par une jolie dame en Chanel, accompagnée d'un homme en col roulé élégant, accompagné de son bichon immaculé, bien sage dans sa panière.
Suit une entrée au visuel magnifique : Crevettes tigrées sauvage fumées, chou de Bruxelles, câpres, herbes aromatiques, avec les bonnes odeurs qui vont avec. Côté dressage c'est donc un grand 20/20, avec émerveillement du juré. La crevette a été cuite avec la fumaison, et ses chairs bien fermes demeurent translucides. Les points de sauce gourmand, booste bien les saveurs, tandis que les choux snackés et crus, sont relevés en douceur avec un pickle d'oignon rouge. C'est délicieux tout ça. Je profite de l'unique tranche (ha ! ces restaurants gastronomiques qui ont du mal à se lâcher sur le pain !) de pain de chez Poujauran pour saucer à fond mon assiette.
Pour le vin en accord compris dans le menu, on ne se moque pas du client en proposant un petit verre (10-12cl....) de chablis 1er cru Mont de Milieu de chez Charly Nicolle. Classique dans ses saveurs mêlant avec facilité fruité et minéralité. On ne se trompe jamais en servant un tel vin !
Place à la viande ensuite : Quasi de veau mariné et grillé, bonnottes farcies, épinards. Encore de beaux arômes se dégagent du plat très soigné. Une viande rosée, des petites pommes de terre nouvelles farcies aux champignons épinards et chorizo, et une tombée d'épinards qui baigne dans un jus très concentré en saveur. Je vous l'affirme tout net : c'est une régalade intégrale ! La viande bébé vache rend comme rarement, des saveurs gourmandes grâce à sa marinade. L'accompagnement, pure friandise, renvoie illico dans une zone entre l'enfance et le réconfort, enfin, même le vert de l'assiette, gorgé de jus de veau (et quelques épices discrètes) participent à la fiesta des papilles. Quel régal !
Deuxième verre de vin : givry 1er cru Clos de le Servoisine du domaine de la Ferté 2017. On ne rigole pas ici, même si j'aurais préféré être plus surpris que par de beaux vins connus (aux belles étiquettes). Je le signale quand on me sert le vin, alors on me répond "ha, vous aimez les surprises? J'ai hésité à vous servir du blanc sur ce plat, mais les clients ici attendent du rouge..."
Action. Réaction, digne d'un palace : bim ! une mini-assiette de fromages m'est servie avec (gratis évidemment), à côté, le saint-joseph blanc (le Berceau, domaine Bernard Grippa 2018) qu'il a hésité à me servir. Et effectivement, il aurait été parfait avec le veau. Un vin fin qui sait développer une belle puissance avec douceur. En tout cas, jolie attention !
Un peu d'attente avant de voir arriver la suite. Si cet endroit paraît idéal pour les repas d'affaires, il faut tout de même prévoir un peu de temps devant soit ! Finalement, la Figue violette, financier amande, myrtille pointe le bout de son nez sucré. Un coulis épais de myrtilles est versé minute. On joue ici avec les textures, les températures, les équilibres sans oublier tout simplement d'être... bon !
L'affaire se corse quand je commande le café... Une nouvelle fois, un grand hôtel succombe au Nespresso en le facturant de façon honteusement maousse : 9€ la capsule et un mini sablé... C'est d'autant plus dommage que le chef de salle a suivi une longue formation de barista et qu'il s'y connaît bien en la matière. Mais pour l'instant il ne peut que se lamenter de servir ça à ce prix-là...
L'addition finale fait plaisir à voir : 77€. Ce menu à 68€ vaut vraiment le déplacement pour profiter d'un cadre et d'un service grand luxe sans devoir appeler Cofinoga avant. Le soir, les prix augmentent : 88€ les 4 services mais sans les vins inclus ou 6 services pour 118€. Vu que l'on trouve les mêmes plats midi et soir, il vaut vraiment mieux profiter de ce menu idéal pour déjeuner ! De plus, en ce moment, vu que l'hôtel ne brille pas par son occupation, demandez à le visiter, ça vaut le coup d'oeil !
Le Trente Trois
Hôtel Particulier Villeroy
33 Rue Jean Goujon
75008 Paris (métro Alma Marceau)
tel : 01 45 05 68 00
Ouvert tous les jours
Les +:
_ ambiance luxueuse, déco impeccable, idéal pour chiner!
_ cuisine vive, vigoureuse, précise et goûteuse, miam !
_ service très attentionné
_ menu déj avec grand vin inclus formidable
Les -:
_ le Nespresso à 9€, c'est non !
_ chiche sur l'excellent pain
Serviette en tissus | ✅ |
Changement de couverts à chaque service | ✅ |
Nappe en tissus | ❌ |
Bonne réception mobile | ✅ |
WiFi gratuit | ❌ |
Musique inutile en fond sonore | ✅ |
Adapté pour les enfants bien élevés | ❌ |
Volume sonore moyen | 42dB |
Toilettes bien entretenues | ✅ |
Même menu midi et soir (hors formule) | ✅ |
Réservation possible | ✅ |
Vin au verre goûté avant d'être servi | ✅ |
Végétariens bienvenus (au moins 1 entrée et 1 plat) | ✅ |
Pain : pain de campagne Poujauran |