Il y a du nouveau au Café de la Jatte ! Tournant comme la girouette au gré des modes culinaires, ce restaurant de Neuilly a demandé au chef étoilé Alan Geam de changer la carte... à moitié...
Par Arnaud Morisse
On est dimanche. Il fait faim. Je ferme boutique et m'en vais dans une adresse voisine que j'avais déjà testée il y a des années de ça. A cette époque je me souviens avoir mangé dans ce Café de la Jatte de jolis plats, assez peu cuisinés mais avec de bons produits dans une tendance italienne. Cap sur le Liban à présent a priori avec le nom prestigieux d'Alan Geam rattaché ! Je me fais une fête de venir goûter la cuisine de ce chef dont j'apprécie tant le talent (allez, filez vite chez Qasti !).
La salle - immense - n'a pas bougé et son faux dinosaure au plafond continue d'impressionner la clientèle. Je suis installé sur la terrasse couverte et chauffée. Des familles, plein, partout, avec des chers anges ici et là. Pourtant, certains enfants se révèlent calme, patient, poli... alors que d'autres. Je vais devoir prendre sur moi car ça court dans tous les sens.
La carte (via QR code... tristesse...) m'étonne. Car si repère bien des marqueurs de la cuisine du Levant à commencer par le trio de Houmous, je vois que la maison continue de faire des pizzas, des pâtes, de la burrata... bref l'ancienne carte pas très raffinée. Ca me laisse perplexe, car pourquoi communiquer sur un chef s'il ne fait que la moitié de la carte avec deux styles de cuisine complètement différents?
Bref, je commande. L'ambiance cantine m'oppresse un poil.
Voici donc le trio de houmous (11€) pour commencer : nature, grenade et basilic. C'est maîtrisé et réussi. La version nature, je la connais bien car c'est la recette dont je me sers comme base pour le houmous Caboulot ! Le vert détonne carrément en bouche : saveurs fraîches et intenses, miam !
Je prends un verre de côte du rhone, Saint Esprit Delas blanc 2020 pour aller avec ça. Il passe très bien. 7€.
J'essaye ensuite la Salade de blé, sucrine et girolles. L'assaisonnement ne brille pas par sa présence ni sa puissance. J'ai l'impression d'avaler tant bien que mal une salade de crudités sans vraiment de saveurs. 11 euros. Aucun intérêt.
J'ai encore largement la place pour enchaîner avec le Carré d'agneau. Quatre belles côtelettes rosées avec une sauce au yaourt grec et harissa pour accompagner. Dans une écuelle à côté, un salmigondis de légumes très cuits et pas super remarquables. Cuisson au thym parfaite, j'avale (sans les os) en quelques coups de fourchettes !
Avec ça, je commande un verre de Saint Estèphe du Château la devise Lilian 2017. Pour 9€, c'est un vrai bordeaux, évidemment un peu jeune, mais ça va.
ça continue de courir dans tous les sens. Et que je passe juste à côté de ta table. Au bout d'un moment, le chef de salle demande gentiment aux enfants d'aller sprinter ailleurs, genre, dehors sur la terrasse découverte ! Bien lui en a pris !
Me voilà dans un calme tout relatif pour déguster mon dessert : Baklawa aux fruits secs et aux figues. Une petite quenelle de glace au lait vient apporter toute sa fraîcheur à l'ensemble. C'est juste délicieux tout ça, ludique à souhait avec ces températures et textures différentes, diablement encourageant à y retourner sitôt la précédente bouchée avalée. Une fin en fanfare !
La note finale? 81 euros. L'influence du chef Geam fait grand bien au Café de la Jatte. Mais il faut slalomer dans les intitulés pour éviter les plats italiens qui noient l'identité de la cuisine. Entre l'Italie et le Liban, il va falloir sérieusement choisir !
Café de la Jatte
60 Bd Vital Bouhot
92200 Neuilly-sur-Seine
Tel : 01 47 45 04 20
Ouvert tous les jours
Les +:
_ la salle principale; majestueuse
_ renouveau levantin qui fait du bien
_ super dessert !
Les -:
_ ambiance cantine scolaire le dimanche midi
_ une carte des vins sage
_ la salade sans intérêt
_ des plats italiens qui se mélangent avec ceux libanais... peu compréhensible