Avec Mi-Kwabo, c'est l'adresse qui nourrit les réseaux sociaux ces derniers jours. Le nom du chef étoilé Alan Geaam attaché à une belle histoire franco-libanaise - la sienne - fait son petit effet. Qasti, un résultat réussi fait de découvertes et de gourmandises.
Avec Tina, rendez-vous était pris dans cette nouvelle adresse ouverte la semaine dernière et qui était attendue par le petit monde des gastronomes parigots. Qasti, c'est le nouveau-né d'Alan Geaam qui veut ici assumer à 100% ses origines libanaises en revisitant les goûts de là-bas avec le savoir-faire d'ici. Une proposition assez nouvelle donc, normal qu'on soit intéressé (même si je n'ai jamais été fou de la gastronomie libanaise...)!
En lieu et place du restaurant indien MG Road qui aura fait long feu, voilà donc cette nouvelle enseigne qui a tout refait à neuf. L'entrée en lambris, grandes vitrines laissant entrer la lumière, tout ça est bien élégant.
La salle en longueur peut accueillir une trentaine de couverts, mais la fresque rappelant un peu la Palme de Matisse avec du bleu Majorelle à l'appuis de miroirs agrandit l'impression d'espace des lieux. Pourtant les tables demeurent proches les unes des autres.
Je suis un peu en avance, alors je m'offre un verre de vouvray, Sec Arpents 2018 de Sébastien Brunet (8€). Très sec, vif et droit, bien agréable pour éveiller les papilles.
Le temps de choisir son menu, un peu de focaccia à déguster avec de l'huile d'olive, du sumac, du zaatar ou du labneh. C'est ludique et bien bon comme amuse-bouche.
Au déjeuner, le menu du jour, qui suit un semainier disponible sur le site web du restaurant, s'affiche à 28€.
Sinon, c'est 42€ sans qu'aucun supplément ne vienne piéger ce tarif attractif. Pour ce prix, on a alors le droit à une entrée composée de Mezzes (végétarien, carné au poisson ou mixte), d'un plat principal aux doux accents libanais et enfin un assortiment de douceurs. C'est prometteur.
Ha (*à la Denis Brogniart*) ! Tina manque de peu la chute : sa chaise a cassé net ! Pensez à éviter de faire glisser les meubles sur le sol avec des aspérités, manifestement le mobilier n'a pas été choisi pour sa robustesse !
Pour démarrer, la chaise remplacée fissa, voici donc une collection de petits plats dans le cadre de l'assortiment de mezzes mixtes du menu à 42€ : du houmous, des samossas à l'agneau et des langoustines marinées. Un petit festival qui se complète avec une jolie sélection de pain, aux graines de sésame blanc, au zaatar ou pita. Et c'est un sans faute : délicieux houmous gourmand avec les pignons torréfiés qui donnent de l'allure à cette purée de pois-chiche bien équilibrée avec son plein de parfums grâce à une belle huile d'olive.
Les petits chaussons rouges aux allures d'empañadas, explosent toute leur saveur en bouche ! L'agneau resté tendre et juteux dégage de magnifiques arômes puissants, réhaussé en plus par des épices bien équilibrées. Ça envoie !
Enfin, la proposition iodée ne dénote pas sur cette partition aux goûts francs et poussés ! Les jolies bêtes qui surmontent des feuilles de vigne, sont parfumées, légèrement acidulées et délicieuses.
Tina a choisi le menu du jour avec en démarrage ce Velouté potiron, Halloumi, orange. Dans une très belle vaisselle (j'aime de plus en plus ces arts de la table, et je trouve ça de plus en plus important!), une préparation plus simple et qui arrive un peu tiède. Mais c'est à nouveau la fête des épices et du soleil. Une bonne entrée.
Pas de problème de température pour la suite grâce à ce poêlon brûlant. Le couvercle soulevé, des belles odeurs épicées s'échappent ! Ce Kharouf Mahchi et cocotte freekeh, c'est une invitation à taper dedans ! La viande d'agneau effilochée, ces pignons et amandes torréfiées, ce "blé vert" fumé, quelques petits légumes et un bouillon parfumé... autant de petits bonheurs gourmands qui s'allient bien ensemble. A côté une crème épicée et une salade aux graines de passion permettent d'alléger un peu ce plat canaille. Une très belle proposition qui se trouve vraiment aux confluences des cultures libanaises et françaises !
Tina continue son menu déjeuner avec un plat spectaculaire (surtout à ce prix-là!) : un revisite de Mougrabieh, dans un poêlon recouvert d'une belle pâte feuilletée qu'il faut découper pour découvrir une sorte de fregola, des épices, des pois chiches et du poulet. Gourmandise du diable ! Un bouillon de volaille délicieux est servi avec. Un beau et bon plat qui titille nos démons de la goinfrerie. Je plaide coupable !
Le chef Alan Geaam passe parmi les tables et on en profite pour lui poser quelques questions et il répond avec plaisir et sa passion se fait sentir. On perçoit combien Qasti tient à coeur à cet autodidacte !
Le menu à 42€ se termine par un "Assortiment de douceurs" en 4 parties : une glace achta (comme celle de Bachir), un mini-baklawa à la noix de cajou, une pépite croustillante au chocolat zaatar et enfin un petit pot caché dans un coffre en bois rempli de Mouhallabié avec pétales de rose confits. On ne peut que saluer la mise en scène au travers des différents supports. Ça change des glauques cafés gourmands sortis du congélateur qu'on trouve parfois souvent !
La glace s'avère onctueuse et riche, et subtilement parfumée. Elle flatte mes bas instincts régressifs éhontément. Le baklawa pour sa part manque un peu de parfum à mon goût. Et le côté "mini" ne convient pas forcément avec ce genre de pâtisseries qui sont synonymes de gourmandise (et d'hyperglycémie). Très correcte proposition chocolatée et croustillante, tout comme cette petite crème cuite à la fleur d'oranger qui brille par sa légèreté. Une somme ludique de bonnes petites choses.
Pour le dessert du menu du jour, Tina hérite d'un Kenafeh présenté comme un "cheesecake" libanais au miel et à la fleur d'oranger. Un bon dessert pas trop compact et lourd.
Pour le plat, j'ai choisi un vin déjà bien connu, la star (le plus connu...) des vins libanais : Château Kefraya, Les Bretèches 2018 à 7€. Un verre bien rempli et un vin bien fait qui s'accorde autant que faire se peut avec cette cuisine des épices.
Le café pas mauvais et bien tourné facturé 3€ conclut ce très agréable déjeuner. 94€ pour nous deux, et chose peu coutumière, je me laisse inviter par Tina (Merci!). Ce Qasti m'a bien emballé avec sa proposition très personnelle et unique de la gastronomie libanaise, effaçant les mauvaises expériences de viandes trop cuites, sèches et assaisonnées avec des épices passées... Ici, on s'amuse dans un éventail de parfums puissants mais maîtrisés, avec des plats généreux et roboratifs, le tout à des tarifs qui tiennent la route. Du bon boulot !
Qasti Bistrot
205 Rue Saint-Martin
75003 Paris (métro Réaumur Sébastopol / Arts et métiers)
Tel : 01 42 76 04 32
Ouvert tous les jours
Les +:
_ cuisine aux accents libanais carrément gourmande et très parfumée
_ des saveurs puissantes et parfois percutantes (ces langoustines....!)
_ lieu et service conviviaux
_ prix tenus
_ carte des vins mi-libanaise mi-française, bien vue
Les -:
_ les chaises qui ne semblent pas d'une qualité folle (!)
Serviette en tissus | ✅ |
Changement de couverts à chaque service | ✅ |
Nappe en tissus | ❌ |
Bonne réception mobile | ❌ |
WiFi gratuit | ❌ |
Musique inutile en fond sonore | ❌ |
Adapté pour les enfants bien élevés | ✅ |
Volume sonore moyen | 57dB |
Toilettes bien entretenues | ✅ |
Même menu midi et soir (hors formule) | ✅ |
Réservation possible | ✅ |
Vin au verre goûté avant d'être servi | ✅ |
Végétariens bienvenus (au moins 1 entrée et 1 plat) | ✅ |