Sadarnac (Paris 20) : une jolie adresse qui vaut le détour

Et dire qu'avant ma récente visite à A La Vierge, je n'avais jamais mis les pieds dans le 20ème arrondissement pour ce blog, et que maintenant j'y retourne pour ce joli restaurant : Sadarnac.

On le sait, le village de Charonne cache de jolis endroits. Dans la charmante rue semi-piétonne Saint-Blaise, se côtoient quelques restaurants dont le dernier en date s'appelle Sadarnac. A sa tête, Lise Deveix, une jeune cheffe repérée par Gault & Millau il y a peu.

Quelques tables à l'extérieur, et l'inévitable couleur bleu anthracite qui recouvre la devanture de tant de nouveaux établissements. Le menu n'est pas affiché à l'extérieur, et pour cause, ici on joue la carte de la surprise !

Quand on rentre - après être venu à bout de la porte d'entrée qui coince un peu - on découvre une toute petite salle, un dizaine de tables. Mais la déco moderne est focalisée sur un seul mur recouvert d'un papier peint aux allures d'Heroïc Fantasy avec force dragons. Est-ce que Sadarnac serait le héros d'une civilisation imaginaire? Ça aurait de la gueule comme nom !

Pour le reste, grandes banquettes rouges, plancher verni, mobilier et lustres modernes. Au fond de la salle, une petite fenêtre d'intérieur permet d'observer la cheffe au travail au risque de passer pour le dernier Peeping Tom.

Pour ce déjeuner, deux formules : 3 ou 4 services, 25 ou 37 euros. Le soir le choix se fait entre 3 ou 5 services pour 35 ou 57 euros... On peut aussi se faire plaisir (quand on aime ça) avec des huîtres (13 euros les 6) ou 30g de caviar pour 75 euros. L'ambiance, la déco, le service et la carte indiquent bien que je suis dans un restaurant gastronomique.

Peut-être que Sadarnac ça signifie plaisir, luxe et volupté dans un sabir régional oublié?

Je m'attends donc à voir très vite débouler mon amuse-bouche !

Et ça ne manque pas ! Dans une petite écuelle, le voici : brique oeuf persil. Sans couvert, c'est qu'il faut y aller avec les doigts. Zut ! c'est chaud ce truc ! Je manque de me brûler, et j'active la technique du "fouffer avant de manger" comme ma maman me le conseillait alors que je n'avais que quelques années et que je me précipitais avidement sur de la nourriture tout juste sortie du four.

On sent bien l'oeuf, le persil et un peu le gras. Rien de bien percutant.

Place ensuite à l'entrée : oeuf parfait fenouil. Le légume - qui ne plaît pas à tout le monde - a été légèrement compoté, et une fine lamelle a été conservée crue. C'est d'ailleurs cette dernière qui donne le plus de relief à l'ensemble. C'est fin et subtile, ça ne matraque pas, et le fenouil est la star de l'assiette. Pas mal.

Surprise quand le plat suivant arrive : cochons pieds noirs et aubergines. En effet, la couenne des deux morceaux de poitrine servis est noire, carbonisée, cramée quoi ! Mois qui aime - que dis-je - qui adore le croustillant d'une bonne couenne, je me dis "aïe" !

Et pourtant, c'est bien la cuisson voulue. Mais force est d'avouer que c'est très bon ! Pas de goût de brûlé dans la bouche, le cochon est délicieux même s'il est servi en quantité modérée.

Mais une nouvelle fois, la star de l'assiette n'est pas tant ce cochon que l'aubergine qui a été travaillé en caviar et à la poêle. Moi qui ne suis pas un grand fan de ce légume, j'ai adoré ici le manger ! Pour ainsi dire, son goût l'emporte sur la viande. C'est très bon !

Et si Sadarnac était une expression de plaisir ?

Pour terminer ce voyage surprise, un chou façon Paris-Brest à la pomme. Servi avec un praliné parfait, et une gelée pomme gingembre légèrement acidulée, ça le fait grave cette histoire ! (voilà que je me remets à parler jeune, vite une dose Des Chiffres et des lettres!). Gourmand, sans être écoeurant grâce à la fraîcheur du fruit, je me suis régalé.

Et vous vous demandez fièvreusement, "alors, qu'a-t-il pris comme vin"? La bonne nouvelle c'est que la carte de ce restaurant propose de nombreuses références au verre de 5,50 à 12€, et en plus des bouteilles très intéressantes ! J'étais ainsi très content de retrouver le Muscadet de Jo Landro, l'Amphibolite à 7 euros le verre. Toujours aussi délicieux ce vin !

Résultat de courses : 32 euros. Pour ceux qui ne connaissent pas le monde de la gastronomie, ce Sadarnac permet une entrée en douceur dans ce monde feutré : pas trop cher, pas trop guindé, pas trop perché au niveau des saveurs. Avec quelques ingrédients seulement dans l'assiette, ça monte haut niveau goût dans un crescendo de gourmandise.

Au fait, Sadarnac est le nom du lieu-dit dans la Creuse où les grands parents de la cheffe avaient une ferme...

Sadarnac
17 Rue Saint-Blaise
75020 Paris (métro Porte de Bagnolet)
tel : 01 72 60 72 06

Fermé dimanche et lundi

Les +:
_ jolie salle
_ menu à l'aveugle (j'aime ça, oui...)
_ bon rapport qualité prix

Les -:
_ présentation des plats pas toujours au top
_ mieux vaut ne pas avoir une faim de loup quand même