C'est un article sur 716 la vie qui m'avait donné l'eau à la bouche : la promesse d'une table d'antan où la générosité et la sincérité étaient de mise. Cette auberge Saint Jean de Luz est un voyage dans le temps très plaisant !
Ni les années, ni les modes ne semblent avoir de prise sur cet endroit de Paris. Dans une ville où tout doit aller vite, où tout bouge, ici on sait prendre son temps. Cette Auberge nous replonge dans le cinéma français en noir et blanc des années 60.
De dehors, on ne voit que de vieux rideaux faits au crochet. L'endroit semble classique et discret. Sans plus.
Le pas de la porte franchis, l'expérience à la Marty McFly commence ! Coco m'accueille avec un sourire sincère : "ha, c'est vous la réservation pour 1". Me voilà casé sur la banquette, à l'ombre d'un arbuste à fleur et d'une corbeille remplie de tomates cerises. Je ne suis pas encore posé que sont posés sur la table un ramequin de chips maison, une assiette de carottes et radis coupés et 3 mini-toasts à base de rillettes et de jambon cru ! Y'a pas à dire on sait accueillir ici !
Ouf! je peux enfin m'attarder sur la déco. C'est spectaculaire : un immense comptoir en plaqué, des étagères en formicas remplies de vieilles bouteilles d'alcool fort, quelques vieilles affiches de corridas, et des casseroles en cuivre rutilantes. Alors qu'il n'est que 12h30, l'ambiance s'avère plutôt vespérale (t'as vu le vocabulaire !). Il faut dire que les petits abats-jours jaunis des appliques au mur ne laissent plus trop passer la lumière. C'est dans son jus !
Le menu à lui tout seul est épique ! Rapiécé, fouillis, intégralement rédigé avec l'écriture ronde de nos grands mères, il y en a partout ! Entrées et plats sont mélangés, mais il faut compter une petite dizaine d'euros pour les unes et un peu moins de 20 euros pour les autres. Pas de menu ici!
On peut y lire une jolie collection de plats bien de chez nous : escargots, charcuterie, tartare, cervelle grenobloise, ou encore des os à moelle... Evidemment quelques spécialités basques sont ici et là disséminées.
Il ne faut pas espérer faire ici des "it photos" pour Instagram" ! Des ombres à gogo interdisent la jolie image. En témoigne ce cliché de la terrine de faisan pistachée. Deux feuilles de persil en déco, de la gelée et la belle tranche de pâté sont posées dans une très jolie assiette. Amusant de voir que le couteau en argenterie est si usé que la lame en est devenu fine, fine, fine ! Bref, que vaut cette entrée alors ? Ha j'oubliais de préciser qu'avant un énorme pot à cornichons est posé à table. Mais il faut vite se servir, car illico une table voisine en a besoin !
Bon, allez, je le dis, cette terrine est délicieuse, et demeure bien agréable en bouche grâce à la gelée. Pas de chichi, de la simplicité et du goût.
Encore loupé pour faire une jolie photo avec mon plat : les chipirons à la basquaise. Dans une sauce brune on entrevoit les petits calmars. On sent que ça été cuisiné longtemps, et il y a longtemps. Mais ça fait partie de ces recette qui s'améliorent quand elles sont réchauffées. Le chef a été généreux en piment d'Espelette, et ce plat piquote un chouya. C'est franc, généreux, et bon.
Chouette du riz est servi avec, ça va permettre d'alléger un peu le repas ! Que nenni, comme l'imposait Ginette Mathiot, ce dernier a été largement enrichi en... beurre ! J'avoue que ça faisait bien longtemps que je n'avais pas goûté ça dans un restaurant !
Quand je vais dans un restaurant basque, j'ai pris pour habitude de terminer mon repas par un gâteau basque (comme à la Poule au pot ou chez Pottoka par exemple!). Je ne vais donc pas déroger à la règle ici. Servi tiède avec force sucre glace par dessus, il est juste délicieux avec un goût très intense d'amande ! Déjà bien nourri avec le reste du repas, je le termine par pure gourmandise, repu.
Evidemment, pour aller avec tout ça, je ne pouvais prendre qu'un verre d'Irouleguy. Et, il n'y a pas de secret, il était parfait avec !
La note rédigée à la main (bah oui, il n'y a pas d'imprimante dans les années 70!) arrive : 45,80€ (12 pour la terrine, 19,80 le chipiron, 9 euros le dessert et 5 euros le vin). Un tarif honnête pour une expérience aussi sincère et conviviale que celle-ci! On est véritablement reçu comme à la maison ici, et je comprends bien la clientèle d'habitués qui squattent les tables tous les midis. Ha oui, je ne vous ai pas dis encore non plus que ce restaurant n'est ouvert qu'au déjeuner la semaine !
L'Auberge Saint Jean de Luz : Chez Coco
25 Rue le Sueur
75116 Paris (Métro Argentine)
Tel : 01 45 00 13 05
Ouvert au déjeuner du lundi au vendredi
Les +:
_ une expérience authentique
_ une cuisine franche qui est bonne sans essayer d'épater la galerie
_ un accueil comme on n'en fait plus
_ un bon rapport qualité-prix
Les -:
_ ne comptez pas faire de jolies photos Instagram !
_ ça manque de finesse quand même
_ ça n'ouvre qu'au déjeuner
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Et évidemment, y'a Instagram pour donner faim tous les jours !