Je ne vais que rarement dans des restaurants italiens vous l'aurez remarqué, mais quand j'ai lu ce qu'en disait l'excellent compte Instagram @food.and.wine.geek, et je me suis laissé convaincre pour découvrir cette jolie auberge séduisante.
On vient de passer un cap visiblement. Alors que le Parisien se rue sur tout ce qui ressemble à une terrasse dès que la température dépasse les 18° si tant est qu'il ne pleut pas, voilà que ce midi, les tables sur le trottoir de l'Osteria Ferrara sont boudées ! Sans brumisateur, le teint de l'autochtone virerait bien trop vite à l'écarlate, et ça, ce n'est pas possible, on les comprend.
Dans cet endroit, on aime mélanger avec harmonie les styles : décors de vieux bistrot mais avec des touches contemporaines dans les luminaires notamment. La décoration a été assurée avec goût indéniablement. Pour ce restaurant italien, il y a de quoi s'étonner du fond musical : du bon vieux rock des années 50-60... Mais les tenanciers auront la riche idée de baisser le son quand quelques tables seront remplies.
Je n'aime pas trop les restaurants italiens ordinairement pour plusieurs raisons : je n'y ai jamais trouvé un plat exceptionnel (ni un plat mauvais d'ailleurs) susceptible de graver en moi une émotion forte. J'ai l'impression que les injonctions dictatoriales avec l'accent, du type "la pasta, elle doit être cuite comme ça!" ou "le risotto c'est comme ça ou c'est pas du risotto" émasculent complètement tout élan créatif. De plus j'ai toujours l'impression de me faire avoir quand on voit des plats de pâtes ou des risotto qui dépassent les 20€. Sans compter les pizzas qui demeurent le plat le plus rentable de toutes les gastronomies du monde !
Au moins, ici, pas de pizza attrape-nigauds, mais des plats italiens avec force de beaux produits. Pas de formule ni menu pour faire mieux passer la pilule, mais des entrées qui vont de 10€ (pour une soupe de cucuzze, une courge) à 16€ pour les fleurs de courgette, mozarella et anchois. Pour les plats ça va de 20€ (pour les linguine aux palourdes, moules et tomates) à 26€ pour la pêche du jour ou le foie de veau.
Je démarre mon déjeuner avec une Bruschetta, ricotta, sardines marinées, citron et cipolla di tropea (14€). Si ce dernier ingrédient vous est inconnu, pas de panique, c'est normal ! Il s'agit en fait d'une espèce d'oignon rouge doux. D'ailleurs, il forme une paire harmonieuse avec le citron façon Good cop / Bad cop. La tartine assez épaisse s'avère plus proche de la biscotte qu'autre chose, mais la ricotta généreusement étalée dessus donne une meilleure impression. Quant aux sardines, elles sont filetées et gentiment marinées. Le tout se révèle impeccable en bouche, vif et gourmand. C'est très plaisant.
J'enchaîne assez rapidement avec la suite : Risotto séché au soleil, vialone nano melotti (ça c'est le riz), castelmagno (ça le fromage), amanites des César (ça les champignons), jus de viande (24€). Le visuel de l'assiette est vraiment réussi, et je vous annonce d'ores et déjà que ce sera l'un de mes "hits" sur Instagram, j'en suis sûr ! Au dessus du riz a été placé un fin (très fin) carpaccio de champignon, vous savez, cet empereur des champignons, l'amanite des César qui aime tant le fumier et les tas d'ordures !
La préparation est bien crémeuse, généreuse en fromage sans être étouffante, car le jus vient la détendre. Le goût légèrement poivré du champignon cru se fait sentir, mais c'est quand même dommage de ne pas avoir eu des tranches un tout petit plus épaisses pour profiter de la texture. Ce plat bien servi, va combler les gros appétits et ennuyer sérieusement les autres. Je ne peux pas le nier, c'est bon, mais arrivé à la moitié de mon assiettée, j'ai un peu soufflé sans espoir d'y trouver une note surprenante par la suite, un rebondissement, une "cerise" réjouissante. C'était morne, sans réel contraste en saveurs ni textures.
Sur le même rythme plutôt enlevé, mon dessert se présente : Tartelette aux figues fioroni, frangipane, sabayon au rhum de Guadeloupe (10€). Des quartiers de fruit débordent d'une mini-tartelette léchée telle l'écume de la mer par une mousse généreuse et alcoolisée. Ça fait envie quand on voit ça! Au goût, c'est pas mal du tout, même si je regrette un peu la timidité des saveurs de l'amande.
Pour le vin, il faut se laisser guider par le sommelier des lieux, car bien malin serait le Français qui connaîtrait tous ces crus nature en provenance directe de la botte ! Je goûte deux blancs et choisis un Marche Bianco, Terre Silvate 2018 à 8€ le verre. Même s'il récupère des notes cidrières (rares sont les blancs nature qui n'en n'ont pas), ce vin blanc parvient à rester droit et sec. Très agréable.
Addition finale avec un expresso à 3€ : 59 euros. Je ne peux pas dire que cette Osteria m'est totalement réconcilié avec la gastronomie transalpine, mais le lieu, le service, les produits d'exception et la cuisine qui sort un tout petit petit petit peu des sentiers battus "tradizionale" me font comprendre l'engouement rare de l'exigeante @food.and.wine.geek (abonnez-vous !).
Osteria Ferrara
7 Rue du Dahomey
75011 Paris (métro Faidherbe Chaligny)
Tel : 01 43 71 67 69
Fermé samedi et dimanche
Les +:
_ lieu très agréable, bien décoré et très élégant
_ service efficace et sympathique, le duo gagnant qu'on aime tant
_ des produits sélectionnés avec un soin extrême
_ l'occasion de découvrir de nouveaux vins italiens
Les -:
_ cuisine qui manque d'audace et de créativité
_ ça reste cher pour des pâtes et du riz
Est-ce que pour toi aussi, il y a des endroits gourmands, où tu n'emmènes que des personnes particulières qui sauront vraiment apprécier le moment ?