Le bistrot populo parigot, cette espèce en voie de disparition, fait de la résistance du côté de la chic galerie Vivienne, qui l'eut-cru?
A deux pas de la Bourse, dans la rue de la Banque, un restaurant est là pour justement ne pas affoler trop gréver son compte bancaire. Le Bougainville a la réputation d'un bistrot pas cher. C'est l'occasion de déjeuner avec ma soeur, ses enfants et l'une de ses amies, venus découvrir le Musée Grévin tout proche. Une grande assemblée en somme pour une fois.
Devanture verte et rouge avec des tables qui sont sorties dans la galerie Vivienne attenante.
A l'intérieur, me voilà dans les années 70, même peut-être 60. Du vieux carrelage, un zinc en formica, du mobilier recouvert de skaï, la traditionnelle vitrine à desserts, lumière néon... on reste dans la thématique du musée, il n'y a pas de doute.
On est accueilli avec le sourire et le plus simplement du monde. La dame a l'air sympathique. Un peu distraite certes, mais elle se décarcasse pour le service.
Une grande ardoise en guise de menu et une formule déjeuner affichée à 19€ (entrée plat ou plat-dessert). A côté de la charcuterie et deux plats hors formule : faux-filet et andouilles. Evidemment le registre est tout entier bistrottier, sans exception !
Bien entendu, dans ce genre d'endroit, je succombe au chant du hareng pommes à l'huile. Ici, il est servi en unique filet, avec force salade, oignons et pommes de terre. Une petite brunoise de carotte vient compléter ce tableau des plus traditionnels. Les patates sont un peu trop cuites et pas vraiment tièdes. Mais les autres produits sont frais, et la vinaigrette moutardée bien corsée (trop?). Je regrette tout de même de n'avoir le droit qu'à un maigre filet de poisson.
Les autres entrées de la tablée sont garanties sans chichis. Pas vraiment d'effort de présentation, c'est du brut ! On est là pour manger, et pas pour admirer ! Tomates coeur de boeuf, faisselle de chèvre au pesto et oeufs mayo n'ont pas été laissés sur le carreau, mais pas vraiment de "whoua c'est trop bon" sorti de la bouche des enfants.
Le pain (de chez Gosselin et Poujauran, excusez du peu) tient grâce à leurs yeux, même si les spécialistes de la mie et croûte qu'on a la chance d'avoir à table avec nous, avouent avoir préféré celui dévoré au Cadoret.
Le plat arrive vite ensuite : jambon à l'os et pommes boulangères. Une tranche, une cuillère de sauce dessus et un pavé de patates, et pis c'est tout! La viande est bonne et bien tendre, et cette spécialité très parisienne trop peu servie, s'avale toute seule ! Un bon plat avec sa dose de réconfort.
On a été 4 à se ruer sur la rouelle ! Deux dissidences à la table pour opter l'une pour un filet de colin sauce au beurre blanc et "quinoa maraîcher", et l'autre un hachis parmentier, très bien servi ! Petite remarque glissée par ma nièce sur la sauce: bonne, mais trop peu présente avec le poisson. C'est bien la peine d'avoir du bon pain si à la fin de son assiette il n'y a plus de sauce ! Le hachis, en sortie directe du four semble avoir convenu.
Tout le monde sursaute à table, un couvert est tombé. Le brouhaha s'en va crescendo.
Pour la prise de commande des desserts, c'est la confusion après l'attente. La serveuse énumère une liste qui ne correspond pas vraiment à ce qui est écrit à l'ardoise, puis va s'occuper d'une autre table. Revient commence à prendre la commande. Repart, puis revient. Finalement, ils sont 4 à table à opter pour deux boules de glaces : trois double-stracciatella et 1 double citron. Personne ne barguigne, et la glace de chez Pozzetto semble assouvir les appétits des becs sucrés. C'est quand même 7 euros les 2 boules (hors formule évidemment)...
Haaa! j'ai mon café ! Mais mon dessert (et celui de ma nièce), non. Notre clafoutis se fait désirer.
Il faut héler, mais elle vadrouille à toute berzingue en long et en large dans la salle, c'est le coup de feu permanent. Elle semble un brin perdu la dame du service. Ha ! les voilà ! De belles parts... avec des noyaux. Team tradition jusqu'au bout ici ! Mais je dois dire que ce gâteau est très bon.
Pour le vin, une petite sélection au verre (et en fillettes) pas très chère et j'ai pris un pinot noir Rietsch à 5,40€. Mais la gamme de prix démarre à 3,80€. Vin très convenable.
Addition finale pour ma pomme : 33,80€. Une somme raisonnable pour de la cuisine ménagère sans prétention entreprise avec des produits frais. Pas de grand soir (ou midi) gastronomique à attendre de l'endroit, d'ailleurs ce sont surtout des travailleurs voisin qui viennent ici se sustenter. De là à faire un crochet pour venir manger là exprès, il y a un grand écart !
Le Bougainville
5 Rue de la Banque
75002 Paris (Métro Bourse)
Tel : 01 42 60 05 19
Fermé le dimanche et le lundi soir
Les +:
_ ambiance Titi parisien
_ pas de chichi
_ pas très cher
Les -:
_ cuisine ménagère voire grossière
_ des patates trop cuites
_ service un peu à la ramasse, mais ça fait partie de la carte postale