Avant, beaucoup de personnes me demandaient "et pour toi c'est quoi le meilleur restaurant italien?" Ce à quoi je leur répondais, plein de dédain et un chouïa de mépris :"on ne va pas au resto pour manger des pâtes et des pizzas!". Le tout nouveau Pastore ne s'y trompe pas et propose autre chose !
Dans ce coin-là de Paris, ça ne manque pas de choix pour déjeuner. Il y a ceux qui font la queue pour manger un kébab ou un sandwich, ceux qui font la queue chez Chartier, ou encore ceux qui trouvent refuge dans l'un des innombrables boui-boui pseudo-japonnais du coin. Dans la rue Bergère, une nouvelle devanture jaune bonbon citron chimique vient d'ouvrir ses portes au mois de mai. Et déjà, cette adresse bénéficie de l'aura de Time Out, du Fooding et de François-Régis Gaudry dans l'Express. C'est ce qui s'appelle "avoir la Carte"!
Il faut dire que l'endroit semble cocher TOUTES les cases d'un endroit dans le vent. Tout d'abord de l'extérieur, ça ne paye pas de mine. Seulement si tu connais tu y vas, c'est un truc de connaisseurs, tu vois?
A l'intérieur, des pans de murs bruts, une vieille porte condamnée, un grand miroir, du mobilier vintage dépareillé et de la musique funk. Tout y est ! Surprise, je suis accueilli avec le sourire et SANS l'accent italien? Quoi? Je suis ému, c'est un peu la première fois qu'on ne joue pas la mauvaise comédie pour faire plus authentique! D'ailleurs, aucun rappel à la Botte dans la déco, ça pourrait être n'importe quel restaurant bistronomique parisien.
En cuisine, là ça cause italien quand même ! Le chef Lorenzo Sciabica vient bien de là-bas et plus récemment de l'Osteria Ferrara. Tien, tien, ce ne serait pas ce restaurant italien qui était en passe de me réconcilier avec la gastronomie transalpine?
Une formule déjeuner est disponible à 21€ avec en entrée ricotta infornata, salade de courgettes trompettes et anchois et en plat... des pâtes à l'encre de seiche. Un accompagnement en guise de plat, ça fait cher la formule !
Sur la carte, des intitulés me font tout de même saliver : comme ces fleurs de courgette gratinées, maquereaux et tomates ananas à 14€. Les plats aussi ont du répondant pour ouvrir l'appétit et leurs tarifs varient de 20 à 26€. J'ai déjà vu sur Instagram leur hit maison : les spaghetonne au homard et tomates Datterino. Mais ça reste des pâtes... Tout comme la burrata à 13€, demeure une burrata...
La salle est déjà bien remplie. Ça marche ici.
Mon entrée arrive. Elle est de toute beauté dans des tons pastels magnifiques : Seiche, haricots cannellini, oignons breme, céleri (14€). J'adore ! Et en bouche, c'est aussi du tonnerre! Le calmar en blanc et en petits bouts de tentacules avec les flageolets est un régal de goût et de tendreté. Pointes sucrées et légèrement acides amenées avec ces pickles d'oignons doux, et les bouts de céleri cru. Rajoutez à ça une excellente huile d'olive et on obtient une super entrée !
Au moment où le plat arrive, je sais que j'ai commis une erreur. Après m'être englouti une entrecôte la veille chez Les Tantes Jeanne, je ne m'attendais pas à avoir une telle pièce de viande maousse dans mon assiette ! Et ça sent bon en plus ! Poitrine de veau, pommes de terre de Noirmoutier, aubergine, thym (25€). Rien qu'en voyant ce jus miroir et ces patates, je sais que je vais me régaler. Et c'est le cas! Viande un peu coriace mais bien grasse avec beaucoup de goût, aubergine en purée et sauce bien balancée, c'est du tout bon. Seulement voilà mon appétit arrive vite à saturation, et je ne le plat que par gourmandise, la sueur au front.
Vous connaissez l'une des règles intangibles pour savoir si on est vraiment dans un restaurant à la mode? C'est la présence de célébrités. Avec Pastore, ça ne manque pas, s'assoit à côté de moi Manu Payet. Il est accompagné par la suite par Géraldine Nakkache. Place to be qu'on vous dit.
Sur la carte, je cherche avec un peu de désespoir un dessert suffisamment frais et léger qui pourrait passer gentiment dans mon gosier quasi-plein. Ce sera donc les Fraises, sorbet verveine citron, anis vert, crème au poivre de Timut. L'assiette est jolie. Il faut dire qu'il y a un chef pâtissier en cuisine, ça aide! Le sorbet a plein de peps et donne un relief très agréable aux fraises très sucrées. La crème lie le tout, tandis que de petites meringues apporte du croquant. C'est bien fait, c'est bien passé!
Pour le vin, ici, il n'y a que des cuvées italiennes. Vu que je n'y connais pas grand chose, je me laisse guider sur un verre de dogliani, Francesco Versio 2017. Très frais, léger et bien agréable. Avec l'entrée, il était formidable. 8€ le godet.
Avec un - excellent - café à 2€50, l'addition finale s'élève à... 59,50€ ! Pas donné, mais j'ai eu le droit à de très belles assiettes généreuses et pleines de goûts. Cependant, je suis plus circonspect sur d'autres plats que j'ai vu passer comme les raviolis qui me semblaient chiches ou les courgettes si appétissantes sur le papier qui m'ont remis illico dans ma réalité morne. Pastore suit les traces de l'Osteria Ferrara avec encore plus de liberté pour aboutir à une cuisine bistronomique réelle. C'est bon, un peu cher, mais il y a de quoi aimer cette gastronomie italienne-là !
Pastore
26 Rue Bergère
75009 Paris (métro Grands boulevard)
Tel : 09 80 77 25 73
Fermé le samedi midi et le dimanche
Les +:
_ belle cuisine originale avec du goût
_ pas d'accent forcé au service
_ très belle entrée
_ L'occasion de faire mieux connaissance avec les vins italiens
Les -:
_ un peu cher
_ proposer un accompagnement en guise de plat dans la formule, c'est limite