Sous ce nom cocasse se cache un restaurant à concept imaginé entre autres par Steve Burggraf qui n'en n'est pas à son coup d'essai en la matière. Avec l'aide de Christophe Michalak, il a créé ce Polichinelle, un restaurant de buffet, actuellement en période de pré-ouverture, idéal pour tester la formule !
Si vous suivez le magnifique groupe Facebook des Nouveaux Restaurants Parisiens, vous devez être au courant de ce qui se trame derrière Polichinelle. Un restaurant concept (ha?) imaginé par le créateur des chaînes Big Fernand et Cul du Cochon (mouais...) et qui cause "buffet" à volonté" (alors je dis OUI !).
Depuis le miraculeux BOULOM, Julien Duboué son créateur a prouvé par A+B qu'il était possible de faire une telle formule et de s'y régaler ! Je rêve d'une autre adresse à volonté aussi bonne, voire meilleure qui sait?
Pour ce Polichinelle, ça a "brainstormé" dur visiblement, et le marketing s'avère une modèle du genre à étudier. Depuis l'annonce de la création de ce restaurant, il était possible de s'inscrire sur le site officiel du lieu. Là, on nous promettait de nous inviter à la pré-ouverture avec des "tarifs préférentiels". Evidemment que je m'inscris. Puis, tout début septembre, j'ai été invité à réserver ... avec une empreinte de carte bancaire demandée et un risque de se voir débiter 10€ si j'annulais moins de deux heures avant le rendez-vous. Ça ne rigole pas !
Jour J, je m'apprête à faire bombance. J'opte pour une tenue ample, pour vraiment m'éclater le bide, parce que je ne me déplace pas là-bas pour rien ! Paré pour la déglingue de buffet !
Pour trouver le restaurant, c'est déjà un jeu de piste. Sur le quai de Grenelle, aucun restaurant à signaler. De tout petits écriteaux signalent tout de même le lieu. Un escalier glauque au niveau de l'hôtel Yooma qui n'envoie pas du rêve... Et, ô merveille, Polichinelle est là! Devanture vitrée élégante depuis laquelle on peut apercevoir le nom du restaurant en néon à l'intérieur.
C'est très grand à l'intérieur, et il y a une forte utilisation de tissus un peu partout, notamment de grands draps orange qui cachent à moitié les cuisines. Ambiance réfectoire d'hôtel.
Dès l'accueil, le turbo est mis sur le story telling, à coup de sourires aux milles dents, de "bienvenue chez Polichinelle", et de me féliciter d'avoir réussi à avoir une place pour cette période de rodage, car "les gens de plaignent de ne plus pouvoir réserver, on est complet!" Quel succès ! Moi qui croyais avoir chopé une info un peu secrète... et la salle est effectivement pleine!
En m'installant, la jolie ouvreuse m'informe que je vais être assis à côté d'un autre homme seul et qu'on pourrait peut-être faire connaissance? Heu, madame, je ne crois pas, car quand on vient au restaurant seul, c'est bien pour être tranquille, tant pour moi que pour lui et toutes les personnes sur Terre qui viennent au restaurant seules.
J'ai alors affaire à une autre personne, (la couleur de veste à chaque fois) qui m'explique plus avant le concept, la démarche éthique et bio, le coup du grand potager sur le toit pour jouer la carte du locavorisme, la choix du vin en biodynamie et sans pesticide... Pfiou, ça en fait des informations ! De plus, il me prévient que la musique risque d'être un peu forte (il est bien tombé !) parce que la sono définitive doit arriver la semaine prochaine. Mais ça va.
Et ce n'est pas fini, puisque le menu se présente sous forme d'un petit carnet qui détaille TOUT. Une formule à 23€, un menu à 29€.... mais attendez voir, ce n'est pas à volonté?
Ha! si, au dessous, la formule à volonté à 39€, valable uniquement au dîner... Nooooooooooooooooon ! Mais pourquoi? Quel est l'intérêt d'un buffet s'il n'est pas à volonté? Pour un menu classique je préfère, et de très loin, être servi à table, surtout à ce prix-là ! En plus, économiquement, vu le personnel en salles, il n'y a pas vraiment d'économie à faire se servir les gens.
D'autant que le personnel est vraiment pléthorique puisqu'une pimpante jeune femme vient se présenter à moi. Elle s'auto-proclame "magicienne de la cuisine". Houlala, du pur jus de brainstorming tout ça tout ça... En fonction de mes choix, elle va repasser pour ajouter un ingrédient destiné à sublimer le plat. Ha, à la base, si on suit la logique, c'est pas vraiment sublime ce qui se passe au buffet. Me voilà prévenu !
Bon, bah d'accord, je pars faire la queue au stand des entrées, comme à la cantoche, mon bonheur ! A part qu'ici, pas de plateau, on doit se déplacer et poireauter en rang d'oignons à chaque service. SU-PER. Car oui, on ne se sert pas soi-même, il y a un chef qui est là pour ça, et qui n'a pas 36 mains. C'est dommage.
Il ne faut pas être entièrement négatif malgré ma déception infinie de ne pas pouvoir me baffrer jusqu'à plus faim ce midi, et le buffet se révèle très joli, et les plats plein de couleurs. En plus, mauvaise langue que je suis, je n'ai presque pas attendu.
Alors vers quoi va se porter mon choix? Salade César? Oeuf parfait? Pana cotta aux légumes? Tempura de légumes? Non, ce sera la "tarte au mètre" qui est très belle sur ce buffet...
... mais moins dans l'assiette ! Elle s'est un peu désintégrée au service. Avec un pesto fait avec les herbes aromatiques qui viennent du toit tout comme les belles tomates cerises. Sinon, il vaut mieux aimer la courgette... La bonne idée vient de cette jolie figue qui apporte de jolies notes sucrées et arrive à se marier avec le parmesan mis avec modération sur le dessus. La moins bonnes idée est d'avoir tapissé la pâte à tarte d'une généreuse couche de moutarde à l'ancienne qui vient étouffer tout le goût des légumes. En face, l'excellent pesto ne fait pas le poids, balayé!
Autre concept ici (il y a du en avoir des réunions!), on ne sert pas de pain, mais des "crackers" au tournesol et avoine. Donc, il ne faut pas pas espérer saucer quoique soit. Cependant, en grignotage seul, ils s'avèrent excellents ces biscuits !
Rebelote pour le plat, mais il y a plus de monde cette fois-ci. J'attends un peu quand le chef exécutif en personne, Alexandre Marchon, vient me servir. Il faut dire que juste avant je lui avais fait mon retour tout en franchise sur l'entrée...
Tomates farcies, avec riz vénéré et chou Kale frit qui vient du toit aussi ! Toutes ces couleurs font plaisir à voir. Sauce au cresson pour accompagner. Les tomates sont correctes (le locavorisme n'est pas une garantie de bon goût...), mais leur farce manque singulièrement de sel. Par contre, excellent riz qui a été relevé avec un peu de parmesan, c'est un régal ! La sauce apporte un peu de fraîcheur, mais peu de saveur.
La magicienne intervient pour rajouter un tout petit peu de poivre de Timut moulu. Pas flagrant ce tour de magie...
Place aux desserts du médiatique Christophe Michalak. C'est reparti pour faire la queue! Au choix, Ile Flottante, Pavlova, mousse au chocolat ou une belle "tarte au mètre". Malheureusement pour moi et mon appétit, la part servie s'avère chiche. Misère! Sur un biscuit (sans gluten me précise-t-on), une couche de pâte de cassis, et dessus de la crème pistache (au beurre...), un petit crumble, et une demi-figue, une demi-framboise et une unique baie de groseille.
Dommage cette petite taille, car cette tarte est plutôt bonne, c'est à coup sûr le meilleur plat de mon déjeuner du jour. Cependant, une fois terminé, mon estomac crie famine alors qu'il était parti pour multiplier son volume au maximum...
Pour le vin, pas beaucoup de références, mais des noms un peu connus. J'ai pris un verre de pinot noir (Bourgogne) de Christophe Buisson 2016 à 10€, cher mais correct au goût.
Addition finale : 39€... c'est très cher vu ce que j'ai mangé. Mais, vous n'avez pas remarqué un truc? Si, si, regardez bien ! Tout est végétarien, car oui, Polichinelle ne sert ni viande ni poisson. Et c'est très rusé de leur part de ne pas le clamer haut et fort, car les non-végétariens sont bien plus nombreux que leurs contemporains qui assument ces interdits alimentaires. En plus, les coûts ne sont pas les mêmes, d'autant que leur potager maison doit abaisser au ras du plancher les prix! Bref, marge maxi ! Période de rodage oblige, j'ai le droit à une très bienvenue ristourne de 50% qui abaisse le prix à 19,50€, un plus juste prix.
Outre la déception infinie de ne pas avoir eu accès à une formule à volonté qui rend caduque l'esprit même d'un buffet en ajoutant les inconvénients (se lever, faire la queue...) sans en avoir les avantages (pouvoir goûter un peu de tout), les plats goûtés avaient bien des défauts à régler pour l'ouverture. Face à un BOULOM, Polichinelle fait pâle figure pour des tarifs équivalents. Enfin, le story telling en continu, pas toujours utile ou pertinent, peut énerver... J'espère qu'il va y avoir des ajustements avant l'ouverture officielle du lieu le 12 septembre 2019.
Polichinelle
au pied de l'Hotel Yooma, 51/53 Quai de Grenelle
75015 Paris (métro Charles Michels)
Tel : 01 87 44 69 14
Ouvert tous les jours, brunch à volonté le dimanche (49€)
Les +:
_ accueil charmant, souriant et ultra professionnel
_ les -50% pour la période de pré-ouverture
_ on mange végétarien sans presque s'en rendre compte et le potager sur le toit est une bonne idée
_ la démarche écolo-responsable (rusée) poussée assez loin
Les -:
_ pas de formule à volonté au déjeuner, ça n'a pas de sens...
_ des ajustements à voir dans les recettes
_ de fait, c'est frugal, j'ai eu faim après
_ pas de pain pour saucer
_ cher
Serviette en tissus | ❌ |
Changement de couverts à chaque service | ❌ |
Nappe en tissus | ✅ |
Bonne réception mobile | ❌ |
WiFi gratuit | ✅ |
Musique inutile en fond sonore | ✅ |
Adapté pour les enfants bien élevés | ✅ |