Terre Restaurant (Paris 11) : la très bonne surprise post-confinement

Avouez qu'ouvrir un nouveau restaurant en plein confinement relève de la gageure (ou de la faute à vraiment pas de chance!). Terre s'est donc lancé dans ce contexte exceptionnel mais avec un résultat des plus convaincants !

Pour l'instant n'a pas beaucoup fait parler de lui. Un site internet des plus laconiques, une page Facebook et un compte Instagram qui donnent un aperçu assez lointain de à ce qu'on peut attendre de l'endroit. D'autant que le côté "Cantine parisienne, authentique & gourmande" mis en avant peut en refroidir plus d'un, ça sent le marketing d'école de commerce... Et pourtant que nenni ! C'est un véritable cuisinier qui a monté ce restaurant. L'ex de La Bourse et la vie (Paris 2), Hugo Richier, a en effet pris son envol pour ouvrir sa première affaire, Terre.

De l'extérieur, la façade n'occupe pas beaucoup de place. Quelques tables sur le trottoir suffisamment séparées à cause des mesures sanitaires permettent de déjeuner au soleil. La salle, toute en longueur compose avec la sobriété : murs blancs, quelques éléments décoratifs accrochés, des grosses lampes-ampoules au plafond, c'est tout. L'endroit se veut simple.

Pour ce samedi midi, je n'ai pas le droit à la formule déjeuner au redoutable tarif (17€ pour l'entrée, le plat au choix et le dessert), mais à une carte du soir qui mêle des portions tapas, des entrées et des plats. Ca commence à 3€ (pour 1 huître), et ça va jusqu'à un plat de volaille pour 2 à 30€. Des prix qui restent des plus raisonnables. Si en plus la qualité est au rendez-vous...?

Je m'offre pour commencer une portion de bulots mayo (4€). Les escargots ont été cuits au vin blanc un peu à la façon marinière, ça change un peu. Quant à la sauce mayonnaise, elle est agrémentée au citron et gingembre râpé, de quoi donner un bon coup de niaque ! 

Belle cuisson des gastéropodes, qui célèbre un mariage réussi avec la sauce. Une vraie gourmandise. Un seul défaut : pas de petit récipients pour mieux s'organiser (une coquille a lamentablement échoué sur le sol) et pas de rince-doigts... Du détail, car l'important reste dans le palais !

Parmi les trois plats du jour proposés, l'un d'eux a tout de suite mis en émois ma curiosité : la pochouse ! Je n'en ai jamais mangé. C'est un plat traditionnel de Bourgogne qui s'apparente une peu à un bourguignon de poisson au vin blanc. De plus, aujourd'hui c'est du gardon du lac Léman qui garnit ce plat. Pour 14€, ça vaut le coup de tenter !

Et je ne suis pas déçu : beaux lardons qui n'ont jamais vu de barquette en plastique de leur vie, petites pommes de terre, oignons nouveaux et une bonne dose de graines (courge, sésame et tournesol) complètent le plat. Il est rarissime de manger du poisson d'eau douce à Paris, et ce pour plusieurs raisons : la première est qu'il est nécessairement pêché assez loin pour amoindrir les polluants (mais il y en a toujours...), mais surtout, les espèces ont souvent un goût prononcé et/ou une palanquée d'arêtes qui bloquent les gosiers des urbains habitués à leur filet de saumon tout prêt. Le gardon fait donc partie des poissons où il ne faut pas avoir peur d'avaler des arêtes moles qui grattouillent le fond de la gorge. Mais passé ce détail (ma gorge de Normand élevé aux harengs est rodée), cette pochouse est très bonne, avec des saveurs bien travaillées et de la gourmandise.

Pour finir, les desserts proposés à la carte mettent à l'honneur les fruits et donnent l'eau à la bouche ! Mon choix se porte donc sur la Tarte à la fraise, amande et basilic. C'est une belle part qui m'est servie. Pâte brisée, crème d'amande entière, et crème pâtissière au basilic. C'est délicieux, et vraiment bien dosé en sucre. Un petit régal qui n'est facturé que 4€ !

Côté boisson, je renoue enfin avec mon verre de vin du midi, ça m'avait manqué. J'opte pour le vin blanc du jour proposé : Bergerac sec 2018 de chez Barouillet. Vraiment un joli vin avec de la finesse, une belle minéralité au nez, et des notes fruitées subtiles au palais. 4,80€.

Après un café honnête, pas d'imprimante, alors pas d'addition. Et comme le sans contact est de mise, impossible de voir ce qu'on paye (il va falloir que les commerçants changent cette vilaine habitude de ne pas montrer le montant rentré dans la machine). Mais bonne surprise, car la facturette indique 28,80€ ! Vraiment une belle affaire compte tenu de la qualité de la cuisine proposée qui modernise avec réussite des plats d'antan avec de beaux produits à l'intérieur ! Un retour réussi au restaurant !

Terre restaurant
23, rue de Montreuil
75011 Paris (métro Reuilly Diderot)

tel : 06 72 16 11 81

Fermé samedi soir, dimanche et lundi

Les +:
_ de la vraie cuisine qui modernise des classiques
_ un rapport qualité-prix assez impressionnant
_ gentillesse de l'accueil et service qui raconte très bien les plats
_ des paris osés comme de proposer du gardon !

Les -:
_ pas de rince doigts avec de la finger food (par les temps qui courent en plus...)

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