En quête d'une bonne petite adresse du côté des Ternes et ne voulant pas me dépouiller à La Lorraine, je me suis souvenu de l'existence du restaurant Les Gourmets des Ternes, un vieux bistrot où les stars avaient leurs habitudes. This is la France !
Dès la devanture de cette maison mythique, la couleur est annoncée : Les Gourmets des Ternes depuis 1962 y est il indiqué.
Dans la salle, on enfonce le clou : nappes à carreaux, vielles caricatures aux murs, ambiance bistrot dans son jus, et, un peu partout, des signatures de célébrités, et non des moindres. Jack Nickolson, Jean Yanne, Lino Ventura, Don King, Johnny Hallyday.... Les sets de table en papier détaillent ainsi le livre d'or prestigieux de la maison. L'occasion de jouer au petit jeu mort/pas mort. Et, si vous ne connaissez pas le nom, misez sur "mort", vous avez toutes les chances d'avoir raison. Car il faut bien l'avouer, tout semble dater d'une autre époque, rejetant avec force toute présence de la modernité.
La clientèle ce midi-là, exclusivement masculine, se divise en solitaires, en 1 touriste américain (il y en a encore donc!) qui téléphone tout du long du repas, et deux sexagénaires qui devisent bruyamment l'u sur son ami Eric Zemmour et l'autre sur la bonne affaire qu'il vient de réaliser en achetant une Ferrari à 260 000€...
La carte, étonnante, propose un choix pléthorique : 56 plats en tout ! Tous les classiques de la cuisine française sont invoqués : radis beurre (6€), oeuf mayo (7€), museau de porc (9€), poireau vinaigrette (9€), fromage de tête (9€) et comme si ça ne suffisait pas dans les clichés, boeuf bourguignon (19€), andouillette (19€), entrecôte (25€).... en concluant sur la célèbre "pièce de boeuf" à 40€ qui, de mémoire, dépasse allègrement les 400gr de bidoche.
Dans cette carte touffue, j'ai repérée à trois reprises la fois la mention "maison" dont ces maquereaux à 15€ en entrée. Il faut dire qu'il doit bien y avoir des astuces pour proposer autant de plats différents dans une petite maison comme celle-ci.... Toujours est-il que ce poisson mariné à l'ancienne, et que l'on trouve rarement à présent sur des cartes parisiennes, fait plaisir. Non pas à la vue - ça ne donne pas très faim cette sauce opaque et ces trois pointes de persil frisé découpées avant de servir - mais quand je me sers. Je m'aperçois des beaux morceaux de poisson qui me sont proposés-là. Et, bonheur, l'assaisonnement s'avère équilibré et légèrement acide. Un bon plat ménager qui n'est pas sans titiller mes souvenirs d'enfance !
Pour le vin, pas de verre, mais des pichets de vins assez indéterminés à 9€ les 25cl. Mon blanc, un sauvignon, coule tout seul. En bouteilles, vous ne connaîtrez que les appellations pour faire votre choix. Mais, c'est agréable de voir que cette petite sélection plafonne à 40€ ! Je suppose que d'autres belles bouteilles peuvent être servies à la demande...
Poursuite de ce voyage dans mes jeunes années. *attention, ici moment "Radio Ma vie"* En effet, sachez que plus jeune, j'étais une tannée comme on dit au restaurant. Je ne mangeais que 2 ou 3 plats : avocat crevette, saumon fumé et, la sole meunière ! Mais aussi à l'occasion des truites. Cher ange peut-être, mais de luxe ! Je me rends compte maintenant la plaie que j'ai pu être... Au moins, j'étais sage en salle, moi !
Mais revenons à notre plat qui brille par sa simplicité et son classicisme : le poisson entier, une patate à la vapeur coupée en deux, le demi-citron (et son traditionnel persil dessus) et avec un peu de beurre fondu. Pour 17€, c'est remarquable. Alors, oui, le poisson a subi une cuisson légèrement trop poussée, mais je me régale tout de même avec ce plat de mon enfance gâtée.
Je me souviens encore, le Paris-Brest avait disparu des menus dans les années 80-90. Trop lourd, trop sucré, trop gras, manque de finesse... Mais ici, on y tient ! Voilà donc une énorme part ! Un peu de sucre glace en déco histoire de rajeunir la présentation (sarcasme) et rajouter du sucre, et hop ! C'est gras, lourd, sans jeu de texture aucun tant la pâte est molle et détrempée, et le goût praliné se fait des plus discrets. Ca me rappelle ce qu'on peut acheter en la matière en grande surface. Mon ascendant "Grosse Bouffe a faim" engloutit tout de même la pièce. 12€.
Ici, l'espresso est facturé 4€, mais s'avère buvable. L'addition s'élève finalement à 56€. Truite très bon marché, mais maquereau très cher, tout comme le dessert. Je me souviens qu'ici, le bourguignon m'avait bien plu (19€), ainsi, je pense qu'en fouillant bien ce menu qui n'en finit pas, on peut se faire un bon gueuleton sans chichis dans ce Gourmets des Ternes. Une institution qui résiste et refuse obstinément de se plier à l'air du temps, pour le meilleur et pour le pire.
PS : visitez donc le site web du restaurant, une pépite vintage, notamment la rubrique "revue de presse" qui nous rappelle combien de magazines ont disparu...
Les Gourmets des Ternes
87 Boulevard de Courcelles
75008 Paris (métro Ternes)
tel : 01 42 27 43 04
Ouvert tous les jours
Les +:
_ ambiance d'antan
_ une carte bien franchouillarde des années 80-90 qui fait tinter des souvenir d'enfance
_ certains plats à tarif intéressant
_ peut être l'occasion de croiser une star US un soir?
Les -:
_ cuisine pépère et très classique
_ autant de plats à la carte, ça ne fait pas rêver et laisse craindre les pires pratiques
_ pain pas terrible
_ pas de menu déjeuner
Serviette en tissus | ✅ |
Changement de couverts à chaque service | ✅ |
Nappe en tissus | ✅ |
Bonne réception mobile | ✅ |
WiFi gratuit | ❌ |
Musique inutile en fond sonore | ❌ |
Adapté pour les enfants bien élevés | ✅ |
Volume sonore moyen | 56dB |
Toilettes bien entretenues | ✅ |
Même menu midi et soir (hors formule) | ✅ |
Réservation possible | ✅ |
Vin au verre goûté avant d'être servi | ❌ |
Végétariens bienvenus (au moins 1 entrée et 1 plat) | ❌ |
Pain : pain baguette médiocre |