Après 16 ans de travaux (!), la Samaritaine rouvre ses portes et avec elle, ses restaurants. Le premier, dans un esprit brasserie Ernest s'avère des plus prometteurs avec à sa tête Naoëlle d'Hainaut, cheffe étoilée gagnante de Top Chef.
Par Arnaud Morisse
Toujours à la recherche d'une perle rare ouverte le dimanche soir, je me réjouis d'apprendre la réouverture de la Samaritaine. Chouette ! Entre ce grand magasin et moi, c'est une "immense" histoire puisque j'ai dû y mettre déjà les pieds au moins à 2 reprises, sans jamais rien acheter... Table réservée chez Ernest à 19h tapante j'arrive à 18h30, histoire de me laisser le temps de déambuler dans les rayons de la boutique. Las, des queues sont organisées tout autour du bâtiment. Pire qu'à Disneyland, et en plus après, aucune promesse de sensation forte. Ce sera sans moi.
Je passe alors devant le restaurant. Et là, effroi, horreur : je vois des gens qui mangent en terrasse sur des plateaux, genre self service ! Oui, je l'avoue, dans le plaisir d'aller au restaurant demeure le fait de se faire servir. Manquerait plus qu'on me demande de faire la vaisselle ! Mais heureusement, il ne s'agit là que de la boulangerie-pâtisserie d'Eric Kayser qui occupe le rez-de-chaussée. Ernest lui, prend de la hauteur (pas trop quand même) au 1er étage. Partout est indiquée le nom de la cheffe - Naoëlle d'Hainaut - avec la mention "cheffe étoilée". On va voir ce que va voir !
L'accueil s'avère très sympathique (et joli) et souriant. La salle épurée et avec une décoration moderne peut facilement accueillir une centaine de convives. Je suis le seul client à cette heure-là vous pensez bien ! Je m'installe donc près de la baie vitrée histoire de reluquer la foule de la rue de Rivoli.
Au niveau du menu, il est indiqué une formule à 28€ et le trio entrée-plat-dessert à 33€. Mais aucune mention pour savoir sur quoi et quand s'applique ce tarif. Peu de chance qu'un dimanche soir, ce soit valable. Côté carte, on a le droit à des plats de brasserie, rien de bien original. Je cherche avec soin les plats qui feraient appel à un minimum de cuisine - parce que la salade verte au fromage, la burrata, ou encore le melon au jambon.... - et je ne trouve pas grand chose. Des entrées qui vont de 9 à 16€ et des plats qui naviguent entre 18 et 29€ (pour la "belle entrecôte"). Pas vraiment d'identité ne s'affiche, seul semble compter la facilité de préparation. Y-aurait-il un problème de taille de cuisine?
En tout cas, je m'étonne de ne pas avoir de serviette en tissu pour ce repas... de brasserie on passe à cantoche.
Je suis interpelé par le Saumon gravlax, crème de yuzu, vinaigrette curry (16€). Une alliance yuzu-curry qui me paraît osée. L'assiette arrive. Le dressage s'avère réussi, c'est plutôt joli tout ça. Le saumon n'a pas l'air trop gras, gage de qualité. Même si ce dernier reste très salé, sa consistance demeure agréable et fondante. Par contre, je ne suis pas du tout convaincu par le duo Yuzu-curry. Les deux saveurs ont du mal à se marier et emportent même le goût du saumon. Un manque d'équilibre regrettable. Je ne suis pas convaincu.
Le vin que j'ai choisi pour accompagne ça : le petit chablis du domaine Isabelle et Denis Pommier 2019 (9€). Servi un poil trop chaud, mais bien sympathique tout de même. Une valeur sûre, tout comme le reste des références à la carte d'ailleurs.
Le pain? Baguette façon tradition de Eric Kayser naturellement.
Qui dit brasserie, dit tartare, un incontournable ! Ici, il est présenté comme étant cuisiné à "l'asiatique". Pourquoi pas? Après avoir voyagé dans le nord, l'Asie et l'Inde avec l'entrée, faisons encore un tour ! Je le fais accompagner de frites, pas envie de haricots verts ce soir. Petit retard à l'allumage faute de couverts, mais vite rattrapé avec le sourire.
La viande a bien été découpée au couteau, c'est un très bon point. L'assaisonnement s'avère réussi, et le mélange d'herbes et de salade apport une jolie fraîcheur. Côté frites, elles semblent me rappeler le goût de celles du McDo. Je vous dis ça, ça fait plus de 20 ans que je n'y ai pas mis les pieds, mais dans mon souvenir, ça donnait ça. Elles sont surtout trop salées. Le goût de pomme de terre, absent. 22€.
Pour le vin, encore une sécurité avec un grand nom du marsannay, Jean Fournier. Je prends ici un godet de son bourgogne Côte d'Or (8€). Très bien avec ce plat.
Encore de la légèreté pour le dessert : Fruits rouges, sorbet minute au basilic (13€). On retrouve le sempiternel mélange de fruits rouges bien calibrés comme il faut et dont un vraiment hors saison, le cassis. Bref, du Rungis arrangé sous serre et sans énormément de goût. Du classique qui heureusement trouve son salut avec ce sorbet minute ! Là, je dis oui ! Une alliance bien connue mais qui fonctionne toujours !
Ernest manque singulièrement d'identité. Brasserie? Cuisine du monde? En tout cas, je n'ai pas senti la patte de la cheffe étoilée, et c'est bien dommage. Avec une addition à 68€, je ressors repu (c'est déjà bien) mais aussi un tantinet déçu. En attente des autres restaurants prestigieux annoncés donc !
Ernest à la Samaritaine
9 Rue de la Monnaie
75001 Paris
Ouvert tous les jours
Tel : 01 88 88 60 60
Les +:
_ ambiance calme (musique faible)
_ cadre moderne et dégagé
_ prix corrects
_ cuisine soignée
_ service avenant
Les -:
_ manque d'identité dans les assiettes
_ peu de cuisine au final
_ des accords peu convaincants (yuzu/curry)