Gemellus (Paris 7) Stella subito !

Premier restaurant de 2022, et premier coup de coeur ! Si toute l'année pouvait se passer de la sorte ! Gemellus sort le grand jeu coups de produits nobles pour des tarifs tenus. Un nouveau restaurant qui ne devrait pas être loin de l'étoile !

Par Arnaud Morisse

J'ai enfin trouvé où faire mon rappel ! Dans la mairie du 6ème arrondissement. Ca fait un bout depuis Courbevoie, mais bon ! On y va ! Je checke ma liste de restos à faire, et je vois que pas très très loin, dans le voisin 7ème arrondissement Gemellus. Aucune idée d'où j'ai pu noter ce nom. Bref, sans plus d'indications, je réserve, et y vais ce lundi midi.

Après un peu de marche depuis la station de métro Saint François je trouve enfin l'adresse sur le grand axe qu'est l'avenue Dusquesne. Au premier regard, avec sa devanture sobre et son mobilier printanier en terrasse, je crois tomber sur une sandwicherie.... Je me ravise vite une fois mis le nez à l'intérieur...

Parce que je viens de mettre les pieds dans un restaurant authentiquement gastronomique... Moquette au sol, cadre épuré avec une toile contemporaine au mur (hommage à Banksy), lustre monumentale et moulures peintes au plafond ! La totale !

Petite crainte sur la douloureuse à venir vite dissipée : formule à 27€, menu à 37! Et même à ce prix-là, on a le droit à de beaux produits, jugez-en un peu : pressé de foie gras et truffe, ravioles de langoustines ou encore tourte au canard et foie gras ou volaille rôti et fumée avec une purée truffée ! TOUT me fait envie ! Je suis tenté par prendre 2 menus. Oui, j'ai un peu faim.

Mais je vois qu'il y a aussi des options dégustations en 4 (58€) ou 6 temps (69€). Bah voilà qui facilite mon choix d'outre-mangeur !

Des Tuiles au parmesan et sarriette viennent m'occuper le gosier. Je les trouve un brin élastique, mais elles se mangent bien.

Puis c'est l'amuse-bouche qui déboule : raviole langoustine et crabe sur laquelle est versée un bouillon de crustacés parfumé au combava.... Tout ce que j'aime ! Pâte à raviole extra-fine, goûts puissants qui remuque bien mes papilles. On change de vitesse dès à présent ! Oh, là, là, si le reste est du même acabit, je m'apprête à vivre un joli moment !

J'ai laissé le choix pour le vin pour un accord. Je commence avec un chablis de chez Garnier, L'Essentiel 2020. Un classique qui coule tout seul. 8€.

Ma première entrée : Pressé de foie gras, céleri rave et truffe. C'est élégamment disposé comme une fleur dans l'assiette. La truffe finement tranchée minute dégage de douces effluves légères au nez. Et là, en bouche c'est un joli festival de gourmandise ! Car outre ces beaux produits, un vinaigrette légère vient agrémenter avec bonheur ce plat. C'est boooooon !

Place ensuite - et je vous l'annonce tout de go - à ce que j'ai mangé de meilleur ces derniers mois : Oeuf parfait fumé au bois d'olivier, joue de boeuf confite au vin, émulsion de parmesan et haddock. Et là, vous allez me dire fidèles lecteurs "bein voyons, suffit de mettre de la joue de boeuf quelque part et tu kiffes !". C'est pas faux. Mais là, tout est parfait : le délicat goût fumé, la cuisson bien crémeuse du jaune d'oeuf, ces gros morceaux de haddock délicatement dessalés, et cette joue généreuse.... au fond, une purée de champignon apporte du liant à l'ensemble. C'est magnifique ! Note maximale !

Pour me remettre des mes émotions je goûte au pain de campagne (de la boulangerie mitoyenne) avec du beurre... à la truffe ! Délice ! Mais frein ! Il me faut encore de la place pour les 4 prochains services !

Le poisson fait son entrée, encore tout frétillant : Cabillaud marbré à la feuille de nori juste nacré, caviar, coquillages et cresson. Mon nez en prend plein les narines. Là encore, c'est précis et bien pensé: pour accompagner les saveurs iodées, des zestes et un condiment citron viennent ponctuer le tout à merveille. Cuisson parfaite du poisson et des coques encore pleine de jus iodé. Le caviar n'est pas là juste pour faire riche, mais joue un rôle central qui marque en bouche durablement....

J'accompagne ce plat d'un crozes hermitage blanc du domaine des Hauts Chassis 2020. Des notes agrumes qui répondent bien au côté citronné du plat. 7€.

C'est l'époque des pithiviers et autres tourtes ! Voici donc celle au canard et foie gras du chef. Elle est accompagnée d'une sucrine snackée, et d'un jus de viande.... et de truffe ! C'est joli tout plein ! Une fois éventré, la tourte laisse apparaître une superbe farce et un insert au foie gras. La pâte, pas ultra soufflée, joue bien le jeu d'absorber l'excédent de gras. C'est puissant, racé, et tout bonnement délicieux. Tiens, personne ne me regarde, et zou, je reprends la cassolette et me remets une louche de jus. Tellement bon !

Encore un classique qui a néanmoins belle tenue pour accompagner le plat : un morey saint denis de chez Pierre Amiot. De belles notes de cerises noires qui font bon ménage ici avec le canard. 18€ tout de même ! Mais ça les vaut !

Il me reste de la place pour la partie sucrée, mais quand même pas trop. Je tremble, car j'ai vu sur les autres tables un soufflé au chocolat XXL. Voilà qui aurait raison de ce qui me reste d'appétit. Ouf ! j'y échappe avec ce premier dessert : Poire pochée au curry, crémeux pistache, sorbet fruit de la passion. Là, j'ai de la fraîcheur et de la légèreté en pagaille. On a affaire ici à un dessert de cuisinier très bon, mais pas à la hauteur de la partie salée du repas.

Re-ouf pour le second dessert : Clémentines confites, meringue, sorbet champagne. Encore de la légèreté et de l'équilibre. La douce amertume du sorbet vient compenser le sucre qui se trouve en abondance dans les fruits. Joli jeu de textures, c'est bien fait. Je vais pouvoir me lever de table pour aller me faire piquer après une petite marche !

Avant, je règle la douloureuse évidemment : 102€. Franchement, compte tenu des produits nobles qui se trouvent en abondance dans chacun des plats, et de la qualité peu ordinaire de la cuisine ! Voilà un gros beau coup de coeur comme rarement, car même si la carte des vins mériteraient de se muscler et la partie sucrée de monter à la hauteur du salé, ce Gemellus conduit par Maxime Le Meur mérite d'ores et déjà de se faire remarquer par le Guide Rouge, et pourquoi pas par un macaron en mars prochain?

Gemellus
37 Av. Duquesne
75007 Paris (métro Saint François Xavier / Ecole militaire)

Tel : 01 45 55 87 57

Fermé samedi et dimanche

Les +:
_ cuisine de haute volée
_ tarifs contenus malgré des produits nobles à tous les étages, y compris dans le menu déjeuner
_ salle agréable et cosy

Les -:
_ une carte des vins toute jeune qui demande à être travaillée
_ une partie sucrée un chouïa en dessous de celle salée.