Machja (Paris 11) : une histoire de rendez-vous manqués, sauf un

J'ai, après maints essais, enfin pu goûter la carte du chef japonais Koji Arima qui officie au Machja au rez-de-chaussée de l'Hôtel des Arts. L'occasion de rencontrer l'excellent @guide_resto_fred !

Par Arnaud Morisse

Dimanche 2 janvier 2022. TOUT est fermé j'ai l'impression. Je ne m'en laisse pas compter et trouve un nouveau restaurant qui a l'air de déboîter sévère avec un chef japonais aux manettes ! Machja. Mieux, il serait bien ouvert ! Tout l'indique. Réseau sociaux actif, avec du "à demain", une résa qui a l'air de fonctionner, du 7j/7 indiqué partout.... Je réserve sur le site et zou, après fermeture de Caboulot, je traverse Paris pour cette première prometteuse bombance de l'année !

Et là, patatras ! Une jolie feuille A4 indique que c'est fermé.... C'est bien aussi de le dire sur les réseaux sociaux, histoire d'éviter à de pôvres banlieusards de se retrouver le bec dans l'eau après 1 heure de trajet.... Je l'ai mauvaise, mais canalise ma haine profonde. Je me rabats sur deux galettes des rois pour combler ma faim (Tapisserie - plutôt sympa - et celle d'Utopie - très lambda).

Qu'à cela ne tienne, mon coeur est grand, et mon pardon généreux. Dimanche 7, je réserve ! J'appelle pour être quand même.

Pas un chien. Il faut dire qu'il est 14h passé. Je suis accueilli gentiment. Pas de place au comptoir... ni de chef nippon d'ailleurs. Une formule propose pour 20€ une soupe du jour et un plat. Sinon, des toasts, plein ! Innocemment je demande si la carte est la même le dimanche qu'en semaine. On m'assure que oui, dans l'essentiel. Certes un peu allégée, mais c'est tout pareil. Soit....

Rapidement arrive la soupe du jour : Velouté Céleri rave et café. Les saveurs sont au rendez-vous ! Le café se marie bien avec ce légume, c'est bien équilibré et la texture s'avère agréable en bouche.

La bonne nouvelle ici, c'est que la quasi-intégralité des vins sont dispo au verre ! Joie ! Je commence donc avec un saumur blanc, La Griffe de Ludo en chenin. Pas mal. 6,50€.

Puis arrive la planche de charcuteries italiennes. C'est généreusement servi. Il doit y avoir près de 200gr de cochonnailles. Par contre, à l'exception du jambon de Parmes, rien de bien folichon. Peu de caractère, à coup sûr nitrités et peu affinés. Bof. 16€.

Petit verre de la Pie cole à présent. Un macon village bien fichu. 6,80€.

Mon unique "toast" point le bout de son bec, puisqu'au canard. Sur la tranchette de pain grillé, deux tranches de magret avec un chutney et de la ciboulette. Je croque. Rien de bien  bouleversant, mais je me dis que pour un apéro entre amis ce genre de bouchées à 2€ pièce doivent bien s'enchaînées. Seul, c'est moins fun.

Depuis tout à l'heure je sens le beurre noisette qui vient de la cuisine. C'est pour cuire le saumon. Problème : "depuis tout à l'heure". Je vois qu'en cuisine on arrose et arrose encore le poisson pendant de longues minutes... Et donc ce qui devait arriver, arriva : un bout de poisson en carton. Bien trop cuit et dégoulinant de beurre noirci.... En accompagnement des patates vapeur et quelques brins de salade. Sur le pavé, la bonne idée, des graines de sarrasin. Mais le résultat, compte tenu de la sur-cuisson, ne tient pas la route du tout... Pire, j'ai l'impression que la salière est tombée dans la salade. Pas mangeable. Bref, à oublier vite fait.

Je signale tout de même la cata en salle et au chef du jour.

J'ai encore bien faim pour passer au dessert, même si j'avoue ne plus m'attendre à un miracle à ce stade de mon repas. C'est parti pour la Crèèèèèèèèème brûlée. Oui, c'est bien le nom de dessert avec cette collection de "è". L'originalité : le format, tout en longueur (une bonne trentaine de centimètres à vue de nez). Sinon, c'est une bonne crème brûlée. 9€.

Désenchanté, je demande l'addition : 61,80€. Ca me fait mal à mon petit coeur de pingre. Et encore, j'ai eu le droit à un rabais de 5€ eu égard au gros loupé...
je pars, résigné, bien résolu à ne plus remettre les pieds ici. On ne m'y reprendra pas!

Mais suite à ma story, j'ai un message du compte de Machja qui me précise que la carte du dimanche n'est pas vraiment celle de la semaine quand le chef nippon est là. Ha ! c'est bien d'en être informé avant de faire tout ce trajet ! Mais même, chat échaudé craint l'eau froide.

Puis vient un autre message des réseaux sociaux. C'est l'excellent  @guide_resto_fred qui me dit en substance "c'est un resto que je voulais faire. Le soir c'est un chef japonais qui cuisine il paraît que c'est très bien, style l'Attache". Ha bon? Il faut savoir que Fred tient un vrai compte de passionné (surtout en chefs japonais!), alors si il dit ça... Bref, je prends rendez-vous donc chez Machja avec lui, pour une troisième tentative !

Repatratras: quelques jours avant notre rencontre, il m'annonce que le restaurant est fermé cause COVID, pour une durée indéterminée. J'ai la poisse avec Machja ! décidément ! Mais ouf, finalement, il sera ouvert ce lundi soir....

Et, à l'heure , je rencontre donc, IRL comme disaient les jeunes des années 2000, Fred ! Quel honneur ! Quel bonheur ! Un passionné, un vrai ! Bref, installés sur une table haute (pas de places au bar, c'est bien dommage) nous commandons. Il me fait doucement remarquer que nous ne sommes entourés que de chefs japonais qu'il connaît pour partie.

On commence par la suggestion du jour, le foie gras maison. Ce premier plat va résumer une bonne partie de ce qu'on va avoir ensuite sous la dent : une cuisine classique, superbement exécutée.... mais classique. Donc c'est bon, mais de là à venir depuis Courbevoie jusqu'ici pour ça....

V'là les pommes paillasson raclette. Bah, c'est des pommes paillasson, avec de la raclette dessus. Bon et régressif, mais un poil bête comme chou. Ca me donne même des idées pour Caboulot !

C'est un peu le même constat pour l'Os à moelle au four...

... ou pour les éperlans frits. Certes, très très bons éperlans. Bien croustillant avec un poisson qui reste tendre à l'intérieur. Mais ce ne sont que des éperlans frits quoi...

Ah! on change un peu de registre avec le Maquereau mariné au vinaigre de cidre, salade de pomme. C'est un peu plus original, mais pas non plus révolutionnaire...

Ha? une assiette qui me rappelle un costume kabuki ! Escabèche de Merlan. Par contre, on s'ennuie un peu à la dégustation, ça reste plutôt fadouillat.

Encore une belle exécution technique pour les Gambas, cheveux d'ange frits, mayo et saté, mais bon... rien d'incroyable.

Délicieuses coques à la cuisson on ne peut plus parfaites, avec encore plein de jus iodé à l'intérieur ! Mais pourquoi cette salade de quinoa dessous? Mystère...

Ha! Un peu de Japon dans cette Poitrine de porc, sauce soja, oeuf mollet. Quand on voit un jaune crémeux comme ça, ça ne trompe pas ! La viande fond dans la bouche, c'est pas mal du tout ! Mais ça reste très sage.

Encore un travail remarquable pour la Caille entière grillée en crapaudine. Franchement joli boulot. La cuisson et l'assaisonnement qui vont bien, pas mal ! Mais classique. Mais je crois que vous avez compris le topo maintenant !

Bon, après ces 10 assiettes partagées à deux (les 3/4 de la carte), il nous reste naturellement de la place pour un dessert ! Fred opte pour la fameuse crèèèèèèèème brûlée que vous connaissez déjà.

Pour ma part je suis surpris par l'aspect "mont-blanc-esque" de mon Mille feuille marron, glace caramel. Et franchement, voilà pourquoi on peut se déplacer de loin pour un restaurant : un plat original dans sa conception, terriblement bon, avec un jeu de textures des plus agréables, un régal ! De loin le point d'orgue du repas !

Côté vin, on a profité des vins au verre pour se faire plaisir : de jolies choses bues, mais rien d'une originalité folle non plus. Au moins c'est cohérent avec le reste !

Addition finale : 219€ pour deux ! 12 plats, 6 verres de vin et 2 cafés. Ca douille quand même sévère ! Bref, encore une déception pour ma 3ème tentative pour ce Machja. Je ne relèverai que deux points très forts : ma rencontre avec Fred (mais ça, le resto n'a été que l'occasion) et mon dessert. Le reste, vraiment très bien exécuté, demeure trop sage pour inciter à se déplacer. A fuir le dimanche.

Machja
Hôtel des Arts
85 Rue de Charonne
75011 Paris (métro Voltaire)

Tel : 07 69 63 59 91

Ouvert tous les jours (dimanche carte très réduite)

Les +:
_ des petits plats fort bien faits
_ une carte de vins au verre assez vaste!
_ service très sympa et dynamique
_ dessert au-dessus du reste

Les -:
_ c'est plutôt classique
_ ça revient très vitre très cher