[Edit 30 12 21] Le Mordant a fermé ses portes pour laisser place au restaurant Mâche !
Voilà une adresse qui a déjà fait ses preuves et attire une nombreuse clientèle au déjeuner pour profiter d'une cuisine soignée au juste prix. Ont-ils raison d'être des mordus du Mordant?
J'arrive un peu en avance, pourtant mon accompagnatrice du jour - Gaëlle - m'attend déjà sur une table sur le trottoir, sirotant... un Coca ! Drame de la jeunesse? Peut-être! Toujours est-il que de l'extérieur, l'endroit est propre, clair et s'avère accueillant. Difficile de croire que ce restaurant a pris la place d'une supérette.
A l'intérieur, on observe un énorme travail de décoration d'intérieur. L'ambiance est posée : zen. Du bois un peu partout, du mobilier suédois, des pierres de taille au mur, et on fond de cette belle salle, on entre-aperçoit la cuisine à travers des étagères.
Pour déjeuner ici, il faut compter 26 euros le menu (Entrée Plat Dessert). La cheffe du lieu, Lara Six mise manifestement sur les hits du moment de la bistronomie : tataki de boeuf, oeufs mayo un peu revisités, ribs de cochon ou encore cheescake sont proposés. Et pas de burrata? Rassurez-vous, le soir de la stracciatella est proposée. Ouf ! L'honneur de la branchitude est sauvée!
Pour le vin - Le Mordant se présente comme un bar à vin sur son site internet - point de carte proposée. Pour ainsi dire, on ne nous a même pas interrogé si on voulait un p'tit verre. Après demande, on me propose vaguement deux références : un Chirouble et un Languedoc (sic), sans plus de précision...
Voilà donc la version "mordante" de l'oeuf mayo : ici une coloration est donnée aux oeufs avec du thé noir fumé. La mayo pour sa part a été agrémentée de wasabi. Le résultat s'avère plutôt délicat. Les parfums qui sortent des sentiers battus de ce classique des bistrots, ne sont pas franchement marqués, mais demeurent agréables. Mention spéciale pour la belle cuisson des oeufs !
Quand on a la chance de déjeuner avec Gaëlle, on peut aussi profiter pour prendre des photos de ses plats. Ici, le tataki de boeuf copeaux d'avocat et "lemon zest". Le premier mot qui me vient à l'esprit est "famélique". Servies façon rosbif, 3 fines - très fines - tranchettes de viande, perdues dans une assiette qui n'était pourtant pas grande... En guise des copeaux d'avocats annoncés, deux vagues morceaux pas plus grand que mon petit doigt. Bon... c'est pas ça qui va calmer son légendaire appétit !
Changement de registre avec mon plat : Hot ribs de cochon "daddy Roger" et frites de patates douces. Comprenez de ce franglais, un beau travers de proc, bien épais, bien cuit et fondant servi avec une consistante sauce tomatée (limite ketchup maison). Les frites sont taillées très finement, et le tout s'avère agréable sans être fou. Peut-être qu'un peu de piment aurait pu égayer un peu plus mes papilles?
En face, steak frites, ou plutôt "langue de chat de boeuf" (ou comment avoir le sens du titre!), viande normalement servie avec des frites et une sauce béarnaise. Mais si vous connaissiez Gaëlle, vous sauriez que jamais, ô grand jamais, elle ne peut se satisfaire de ce qui lui est proposé dans un menu et a donc réclamé des frites de patates douces aussi ! Et là, c'est le drame : la viande - de très belle qualité, bien saignante comme demandée - n'est pas salée. Un oubli vite réparé.
Quand arrive l'heure du dessert, j'avoue avoir déjà bien mangé. Ces ribs peuvent combler plus d'une dent creuse ! Mais professionnel jusqu'au bout, je choisis de prendre le cheesecake au poivre de Timut. Dressage moderne pour cette belle part de gâteau. Une nouvelle fois, les goûts classiques sont légèrement perturbés par une épice, ici ce poivre parfumé. Une jolie alliance qui fonctionne bien.
Pour mon verre de vin, j'ai finalement choisis le "Chirouble" qui s'avère être le Vin de "Kav" de Karim Vionnet. Bonne pioche pour ce joli vin nature léger et fruité.
Addition finale : 32 euros (26€ le menu et 6 euros de vin). Plutôt honnête sans faire rêver, Le Mordant met en avant de beaux produits soigneusement sélectionnés. Cependant, je regrette un peu le manque de caractère, trop peu marqué surtout quand on s'appelle comme ça ! Il suffit de comparer mon entrée avec les oeufs mayo de Grive, là on a du mordant en bouche !
Fermé définitivement
Le Mordant
61, rue de Chabrol
75010 Paris (métro poissonnière)
Tel : 09 83 40 60 04
Les +:
_ de beaux produits travaillés traditionnellement avec des petits "twist" exotiques
_ superbe salle, calme à souhait !
_ une belle carte des vins (quand on la demande!)
Les -:
_ manque de caractère dans la cuisine pas assez "mordante"
_ un service un peu léger
_ pas de sel sur la viande servie ce midi-là
_ un tataki famélique