Parmi la liste des institutions gastronomiques françaises se trouve un lieu pas comme les autres. Un endroit qui ne joue pas la carte des guides ou du numérique. Une adresse figée dans le temps où tout - à commencer par les prix - dépasse toutes les limites. Bienvenue chez l'Ami Louis !
Voilà une adresse qui n'inspire pas confiance quand on la voit de l'extérieur. Impossible de reluquer à l'intérieur car des rideaux vichy masquent la vue. Ça ressemble à un restaurant à touristes.
Ambiance vespérale à l'intérieur, même s'il n'est que 12h30. J'arrive, et je dérange. L'intégralité de l'équipe déjeune tranquillement. Mon arrivée n'a pas l'air de les alarmer, ils vont terminer leur repas... Le temps lui semble figé côté déco : vieux poêle, miroirs piqués au mur, nappe en tissu de couleur rose bien passé, des boiseries un brin décrépies et des tomettes usées au sol. A côté La poule au pot de Jean-François Piège respire la modernité !
Quand on vient manger ici, mieux vaut bien s'entendre avec son banquier. Les tarifs sont simplement extravagants, et je ne pense pas qu'aucun autre restaurant à Paris (au monde?) peut afficher une assiette de foie gras à 64 euros, 12 escargots à 42 euros, un confit de canard à 63 ou encore, la star de la maison, le poulet frites pour deux à... 102 euros ! Gloups !
Le personnel fait clairement voir sa lassitude. Les serveurs avec leur veste blanche mal taillée, n'ont guère d'allure. Ils traînent des pieds.
Au diable l'avarice, comme entrée j'opte pour l'un des plats les moins chers de la carte, 43 euros pour ce confit de canard froid. C'est immense : la grosse cuisse de l'animal sauvage est découpé en grosses tranches et le reste de l'assiette est occupée par de la gelée. Pour le pain, c'est tout simplement une baguette entière qui a été découpée et passée au grill. Elle est tiède. Il faut dire ce qui est, c'est très bon ! Pas équilibré (j'ai bien mangé un ou deux cornichons en guise de légume...), pas trop gras, mais déraisonnable. Mais je n'avais pas encore tout vu...
Car la côte de veau vaut aussi le détour ! Pour 60 petits euros, la viande servie est épaisse, belle, déborde légèrement de l'assiette. Pour aller avec ce beau morceau, une montagne de frites fines, un peu de pourpier et une boule de beurre maître d'hôtel (il y a bien 125gr de matière grasse) qui a été méticuleusement écrasée par la grosse pogne du chef... Mais une nouvelle fois, il faut bien l'avouer, c'est délicieux. Malgré la taille de la viande la cuisson rosée est maîtrisée à la perfection. Mais impossible de tout finir, surtout après une telle entrée. J'ai donc laissé sur le carreau au moins la moitié des frites.
Tiens, les serveurs entament la discussion avec une table voisine. Ils ne sont pas avares en anecdotes sur les célèbres clients qui fréquentent le lieu le soir. J'en ai ainsi appris de bien belles sur un certain footballeur anglais, David B, un humoriste, Marc J ou encore un milliardaire que je ne ferais qu'appeler François P. Et qui n'est pas le dernier pour boire, et qui ne vient jamais avec son mari, ou qui a ses petites habitudes dispendieuses... Bonjour la discrétion.
Pour faire passer tout ça, un baba au rhum me paraît le dessert idéal. Quand je commande, le serveur insiste lourdement sur "le rhum" répète-t-il dans la salle. "Un baba, c'est avec du rhum"! Il arrive vite : planté au milieu de l'assiette et entouré de trois pointes généreuses de Chantilly, il ne semble pas avoir soif et paraît déjà bien imbibé. Qu'à cela ne tienne ! Voilà la bouteille de rhum brun déversée dessus ce pauvre gâteau qui n'en peut plus ! Mais attention, pas plus haut que le bord de l'assiette. Comme tout le reste, c'est hors norme... 28 euros, c'est presque bon marché !
Ça parle foot maintenant entre serveurs, et on entend bien fort dans la salle "mais les Marseillais c'est des pédés de toute façon!" Classe. Mais ici ça semble normal, le politiquement correct n'a pas encore envahit cet espace gaulois.
Avec tout ça j'ai bien pris mon "petit" verre de vin. Dans le catalogue, une jolie collection de bouteilles à partir de 80 euros tout de même. Sur certaines pages, que des prix à 4 chiffres. On me sert donc un verre de Santenay 1er cru domaine Michelot. Excellent vin servi avec générosité. 25 euros quand même ! C'est le prix de la bouteille sur internet. Fou on vous dit !
La douloureuse mérite pleinement son nom : 165 euros la totale avec un café à... 9 euros ! Tout ici est indécent, du service aux quantités servies dans les assiettes et bien sûr les prix. J'imagine bien que le soir, l'ambiance folle doit être décuplée. Une autre manière de vivre le "bling bling" et de claquer des fortunes dans la bonne humeur et sans la pompe. Mais bon, j'avoue qu'à ce prix-là je préfère me poser dans un étoilé !
L'Ami Louis
32 Rue du Vertbois
75003 Paris (Métro Arts et Métiers)
Tel : 01 48 87 77 48
Fermé le lundi et le mardi
Les +:
_ fantasque en tout point
_ des produits d'exception
_ des quantités gargantuesques
_ une ambiance bonne franquette unique
Les -:
_ des prix délirants
_ le service qui n'en n'a rien à faire
_ Fuck les 5 fruits et légumes par jour, Louis est un punk !
_ aucune finesse
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