[Edit 22/03/22] : Ogata s'est vu décerné sa première étoile par le Guide Michelin.
Voilà un an qu'on entend parler du projet Ogata, un espace de 800m²dédié aux arts japonais dont un restaurant. Quoi de mieux que commencer l'année dans une ambiance zen?
Dans ce coin-là, les galeries d'art chic peuplent de vieux immeubles. Peu de vie à déclarer rue Debelleyme que je découvre pour l'occasion. Au numéro 16, aucun écriteau, aucun signe ne signale la présence d'Ogata, juste une grande entrée monumentale. Le hall moderne avec une immense hauteur au plafond et les tons grisâtres des murs me fait penser au film Brazil. Tout au fond, une dame seule assise à un bureau au milieu de beaucoup d'espace. La préposée à l'accueil.
J'ai réservé évidemment. A cette occasion j'ai pu voir les conditions d'accès souhaitées (pour ne pas dire exigées) : une "tenue chic et décontractée" et les enfants de moins de 12 ans ne sont tout simplement pas acceptés... C'est bien entendu illégal, mais qu'importe. En tout cas, tout ça n'est pas très engageant.
Bref, je suis bien sur la liste. Direction l'ascenseur, puis non, il est dérangé. Je monte donc au deuxième étage par l'escalier. En haut, une autre dame habillée en noir dans une petite guérite cherche mon nom et prend mon vestiaire. Malgré le sourire, peu de chaleur. Ambiance muséale (voire monacale). D'ailleurs il y a des oeuvres d'art un peu partout. On parle tout bas.
J'arrive enfin dans la salle divisée en deux espaces : le comptoir et les tables plus classiques. Aucun bruit malgré la présence de la brigade en cuisine. Pas de musique dans l'air. Murs gris et peintures dans le style de Soulage. Je me demande encore si l'atmosphère est sinistre ou lugubre? On va dire zen et épurée. Je commence à prendre quelques photos quand on m'indique que c'est interdit ici, sauf pour les plats... le cliché que vous avez là est donc un pur acte de piraterie ! Je suis un ouf ! Par contre, pour le sens de l'accueil, on repassera.
Le menu déjeuner à 45€ en 3 temps, laisse le choix du plat principal. Un seul plat bonus disponible à la carte à 12€. Le soir, les prix augmentent sérieusement : 65€ pour 2 services, 90€ pour 4 services ou 130€ pour 7 services. Il y a aussi une carte avec des entrées aux alentours de 20€, et des plats de 15 à 36€. Les intitulés donnent faim et ça donne envie de revenir au dîner.
Comme c'est la nouvelle année, c'est la fête, et j'ai le droit à un godet d'amazake non alcoolisé à base du mou de riz. C'est agréable.
Bien qu'installer au comptoir on ne voit que d'assez loin les plats se préparer, c'est dommage. Ainsi, j'observe la minutie extrême avec laquelle mon assortiment d'entrées est dressée. Huit petites préparations présentées sur un plateau en bois. Je retrouve ainsi une noix de saint jacques marinée, des champignons avec une sauce sésame, du canard cuit et mariné, de l'aubergine, du komboucha, des carottes violettes, du cresson avec une sauce au miso rouge et petites prunes, et enfin des sashimis de daurade. Autant le dire, c'est un festival de saveurs ! Ca bombarde les papilles dans tous les sens ! Et je dois avouer que les deux tranchettes de canard m'émerveillent complètement tout comme le cresson ! Des petites claques gustatives, très vites frustrantes vu les quantités.
Je me dis que j'ai bien fait de prendre le plat à la carte en plus si je ne veux pas sortir d'ici avec le ventre creux. J'ai donc le droit à un tamago yaki (12€), une omelette cuite en mille-feuille. La présentation impressionne, c'est millimétré. Le radis daïkon haché qui se mélange avec la sauce soja relève bien le goût. C'est très bon.
Le poisson du jour est de la daurade royale. Le morceau de filet a été rôti et est servi avec des champignons et des verts de poireaux dans une sauce à base de soja. Le poisson, un poil trop cuit, brille par sa qualité et sa fraîcheur. Tout est parfaitement assaisonné et bien balancé!
L'accompagnement seul vaut le détour à lui tout seul : un bol de riz spécial (semi-complet) particulièrement parfumé, avec une impressionnante collection de pickles aux saveurs très variées, et une soupe miso au goût profond. C'est ludique, amusant et ça contraste vraiment avec l'ambiance général. La fête se trouve dans le palais.
Au dessert, un joli blanc manger tremblotant au matcha accompagné d'un thé vert. Peu sucré, cette note finale joue avec l'amertume gentiment. C'est très bon ! Joie intérieure.
Evidemment, côté boisson, il y a du saké, mais pas seulement puisque des bières, du vin ou du thé sont aussi disponibles. Je prends donc un saké, Zaku (14€), très fruité et juste délicieux ! Dépaysement garanti.
Pour régler la douloureuse il faut retourner à la petite guérite du début. Dans le pur style japonais, un store un peu trop bas nous oblige l'un et l'autre à se baisser pour se voir. Je note que mon addition est incomplète, et mon honnêteté me pousse à le signaler. La note monte ainsi de 59 à 71€. C'est une somme certaine et pourtant pas effarante compte tenu de l'expérience précieuse (carrément chichiteuse même) offerte chez Ogata. On ne vient pas ici pour de la convivialité ou "se faire une bouffe", mais on entre ici dans les ordres de la gastronomie nippone. Il y a comme des airs de grand-messe dans cette grande cathédrale dévolue au pays du Soleil Levant. Un concept qui va en refroidir plus d'un !
Ogata
16 Rue Debelleyme
75003 Paris (métro saint-Sébastien Froissard)
Fermé lundi et mardi
Les +:
_ cuisine savoureuse et précise
_ festival de saveurs
_ ambiance calmissime
_ de bonnes explications didactiques sur ce que l'on mange et boit
Les -:
_ ambiance glaciale et carrément coincée
_ serviette en papier
_ petites portions
Serviette en tissus | ❌ |
Changement de couverts à chaque service | ❌ |
Nappe en tissus | ❌ |
Bonne réception mobile | ✅ |
WiFi gratuit | ✅ |
Musique inutile en fond sonore | ❌ |
Adapté pour les enfants bien élevés | ❌ |
Volume sonore moyen | 58dB |
Toilettes bien entretenues | ✅ |
Même menu midi et soir (hors formule) | ❌ |
Réservation possible | ✅ |
Vin au verre goûté avant d'être servi | ✅ |
Végétariens bienvenus (au moins 1 entrée et 1 plat) | ❌ |