[Edit 25/12/19] : Orties a fermé définitivement ses portes pour être remplacé par le restaurant Alleudium
Avec un nom pareil, le restaurant Orties ne peut se permettre de laisser nos papilles tranquilles. L'occasion de découvertes étonnantes.
Tout allait pour le mieux dans le meilleur pour Orties. Cette table bénéficiait de bonnes critiques grâce à des choix audacieux dans l'assiette et de sa déco bien sentie. Un tel succès qu'était née une cave épicerie juste en face. Une belle histoire jusqu'au jour où vint s'installer juste en face, La Condesa. Se situant dans la même gamme de prix et aussi avec une cuisine d'auteur, le Parisien ne savait plus où mettre les pieds. Mais voilà, moins d'un an après cette ouverture, le guide Michelin récompense d'une étoile le nouvel arrivé, laissant Orties sur le trottoir...
Depuis la cave épicerie affiche "Bail à céder", et ce midi-là, peu de monde dans la salle quand j'arrive. Je suis seul pour ainsi dire.
De dehors, on retrouve les codes de nombres de restaurants modernes parisiens, peu d'ostentation, de la sobriété avant tout.
A l'intérieur, la décoration est léchée - bien qu'un peu froide. Magnifiques tomettes au sol, non moins magnifique table d'hôtes en bois massif, des luminaires "arty" et de la musique jazz en fond sonore... Musique qui a tendance a résonner dans cet espace vide.
Pour ce déjeuner, le menu du jour est très attractif : 32 euros pour 2 entrées, 1 plat (à choisir entre une viande et un poisson) et un dessert. Un menu dégustation en 6 services à 62€ est aussi disponible tout comme des plats à la carte, de 11 à 24€.
Un amuse-bouche arrive, intitulé "crème d'artichaut". Dans un petit pot rempli de lichen repose un pétale d'artichaut avec une petite préparation sur le dessus et une herbe. Bon, je me lance, a priori il n'y a que la petite crème à gober avec le bas de l'artichaut. Pas mauvais, mais pas incroyable non plus. C'est plutôt mou du genou. Pour ce début, mes papilles restent tranquilles.
L'entrée s'avère des plus originales : dans une assiette avec de la glace repose un chou rave avec sa longue tige. Ha? On mange quoi là? J'ouvre.
Encore de la glace ! Mais aussi des petites feuilles et quelques pétales de fleur. On doit certainement ne manger que l'intérieur. Je me lance. Sous la glace, les oeufs de truite. Il y a aussi une purée de chou. Au goût c'est tout aussi surprenant. Certain(e)s pourraient dire "c'est particulier". Le chou est très puissant mais l'iode des oeufs de poisson aussi. Je n'avais jamais goûté quelque chose de semblable. Est-ce que c'est bon? Je me pose encore la question.
Houlà ! quand je vois arriver la deuxième entrée, je m'attends à une deuxième surprise : dans un grand bol en bois repose au fond un petit risotto d'épeautre avec quelques lamelles de champignons crus sur le dessus. Je pense qu'un peu de poutargue recouvre le tout. Là, les goûts sont plus familiers, je m'y retrouve ! C'est carrément bon ! Fraîche et complexe arômatiquement, cette entrée-ci m'emballe.
Ça y est je ne suis plus seul ! Deux autres clients sont là! Et eux sont restés bloqués sur l'autre entrée, la serveuse a dû venir à l'aide en expliquant comment manger le chou rave...
Avec le plat suivant, le chef Thomas Benady prend carrément des risques : l'échine de cochon kintoa servie avec un condiment aigre doux et légumes printaniers est à peine cuite. C'est même bleu! Il faut oser, car même si j'aime cette viande rosée, la manger presque crue n'est pas habituel pour des raisons parasitaires... Pour l'Amour du risque, je me lance! Et c'est très bon, même si je pense qu'un poil plus de cuisson aurait donné un meilleur goût. Le condiment "aigre-doux" est un mélange entre une sauce barbecue et une sauce au gingembre, c'est très bon. L'asperge (seule) et la feuille de pak choï sont parfaitement cuites et préparées. Les mini demi-sphères d'oignons en pickles réveillent bien le tout. C'est un très bon plat.
C'est le retour de l'auge en bois pour le dessert sobrement intitulé sureau et pollen. Deux saveurs qui ne sont pas courantes, alors les voir associées, c'est une grande première pour moi ! Une crème, une glace au sureau, et au-dessus du pollen, des toutes petites fleurs de sureau et des baies. Voilà un tout bien champêtre. C'est aussi étonnant quand on le déguste. Ces parfums peu courants titillent le palais. Au final, c'est plutôt bon!
Pour accompagner ce repas, j'ai pris un verre de Brouilly 2017 de Laurence et Rémi Dufaitre, à 9€. Un vin nature bien agréable et au coefficient de vente raisonnable.
Au final, je m'en sors à hauteur de 41€ pour ce déjeuner en 4 services, avec de vraies surprises et découvertes, et surtout de bons produits. Quand on va chez Orties on doit être en mode "découverte", sinon il y a de quoi être perdu !
Orties
24 Rue Rodier
75009 Paris (Métro Cadet)
Tel : 01 45 26 86 26
Fermé définitivement
Les +:
_ lieu sympathique
_ une vraie cuisine qui cherche à étonner
_ de beaux produits
_ ça fait mouche souvent
_ très bon rapport qualité/prix au déjeuner
Les -:
_ mieux vaut avoir l'esprit ouvert et les personnes dites "difficiles" n'ont rien à faire ici
_ la musique inutile
_ parfois un peu trop de choses qui ne se mangent pas dans l'assiette comme avec ce chou rave entier. Ça m'a donné l'impression de gâcher.