Les Jardins de Mandchourie (Paris 12) : besoin d'un coup de jeune

J'avais un excellent souvenir des Jardins de Mandchourie, un restaurant chinois où la cuisine était particulièrement bonne. De retour, je suis un chouïa déçu.

Il était un temps où trouver un vrai bon restaurant chinois relevait de la gageure. Mais cette ère ancienne (pas si vielle) est révolue, et de nombreuses adresses ouvrent ces derniers temps pour proposer des cuisines des différentes spécialités régionales de la Chine ou une gastronomie revisitée dans la droite lignée de la bistronomie.

Mais à cette époque-là, tout ça n'existait pas et les Jardins de Mandchourie faisaient alors partie de ces restaurants où la cuisine chinoise régalait par son exotisme et sa fraîcheur. Par ce beau dimanche de juin (enfin!), j'ai eu envie d'y retourner.

Mauvaise passe pour l'établissement, puisque bien que bénéficiant d'une terrasse, l'immeuble moderne où il se trouve est en pleine rénovation et de lourds échafaudages l'obstruent.

A l'intérieur, la décoration diffère des traditionnels restaurants du genre en offrant un style qui se veut moderne, à coups de fauteuils de couleurs vives et de photos noir et blanc aux murs. L'échafaudage de dehors donne une lumière glauque au lieu qui ne se montre pas sous son meilleur jour.

Quand j'arrive je suis accueilli avec le sourire et on me prévient, que si la salle est pour l'instant vide, c'est un gros service qui s'annonce (Fête des père oblige), et que j'ai bien fait d'arriver tôt. On me place près de la fenêtre, une place de choix... ou non.

En effet, je lève la tête, et je me retrouve sous une énorme lanterne traditionnelle chinoise blanche... enfin sur le dessous, puisqu'au-dessus, il y a bien une bonne livre de moutons de poussière qui peut tomber à chaque instant. Peut-être que les nombreuses toiles d'araignées empêchent que cela n'arrivent? De manière général, la salle mériterait un meilleur entretien (en achetant un balais télescopique pour la partie très haute de plafond par exemple...) voire un ravalement, car la peinture commence à s'écailler à plusieurs endroits.

Sur la grande table ronde qui a été réservée, il y a une nappe qui a été dressée... pas du tout repassée.

La carte qui m'est présentée s'avère dans la même veine : sale, chaque page déchirée... ça ne donne pas très envie tout ça (et non, ce n'est pas fait exprès pour donner un effet parcheminé, le plastique de protection est aussi fendu).

Au programme, plus d'une centaine de plats, et pour ce dimanche, 3 des quatre menus au choix sont disponibles. Je vais pouvoir trouver mon bonheur je pense ! Les tarifs s'avèrent très abordables : des menus de 12 à 26€, et des plats qui ne dépassent que rarement les 12€ sauf pour le bar entier (une belle bête de mémoire) qui monte à 18,80€ !

Je n'ai pas le droit au kir de bienvenue qui est pourtant distribué à tous les habitués du lieu, même ceux venus pour la vente à emporter. Je l'aurais bien aimé moi ce cocktail... Mais je ne vais pas jouer au Calimero, c'est leur politique commerciale. Comme il se doit, tous les plats commandés arrivent en même temps et c'est accompagné d'un sympathique "maintenant, c'est à vous de jouer" du patron.

D'abord les Fleurs d'encornet sautées au gingembre et poireaux. Bien que "sautés", ça baigne dans un jus sombre. Je m'aventure à le goûter. Aïe! C'est ultra salé, ce n'est pas fait pour être ingurgité. Heureusement le calmar n'a pas absorbé tout ce sel et s'avère bon. Pas trop caoutchouteux, mais pas tendre à l'extrême non plus. Carottes, verts de poireaux et gingembre frais se laissent bien avaler même s'ils ne montrent en bouche rien de particulier, au moins ils participent à mes 5 fruits et légumes par jour.

Le riz nature servi est sec. Et je remarque des grains cassés, jamais bon signe quant à la qualité.

Initialement j'avais commandé la "panse de porc sautée à la sauce impériale du chef", mais on m'a dit qu'ils ne faisaient plus ce plat. Dommage, j'aurais bien voulu goûter ça (une première) vu que le cochon ne possède pas d'un tel organe n'étant pas un ruminant... Est-ce son estomac? Une autre partie de son intestin? Si quelqu'un sait qu'il n'hésite pas à me le préciser en commentaire !

Bref, je me rabats sur une valeur sûre : la tripe de cochon, ici servie avec du piment vert. L'abat est bon et pas gras, mais l'accompagnement manque de saveur. Je suis un brin déçu.

Je sais que les desserts ne sont pas la spécialité de ce genre d'établissements, mais c'est la première fois que je vois ça : quand je demande du sucré, le serveur me regarde avec des yeux ronds. Quoi? un dessert? "Mais on est en plein service des plats" (la salle est à moitié pleine) . et il continue "je ne peux que vous proposer de la glace au des lychees". Ha? Mais il est vrai que sur la carte, à la section "desserts maison", il est indiqué qu'il faut commandé à l'avance. Je n'avais pas fait attention. Zut!

C'est donc parti pour deux boules de glace, vanille et fraise comme les enfants ! Pas de surprise, c'est foisonné au possible et ça vient indubitablement d'une boîte. Ils n'ont pas même prix le temps de retirer le givre qui se trouve dessus, vous savez, ces cristaux qui se forment quand on laisse trop longtemps des sorbets au congélateur... Rendez-moi les glaces de Mary Gelateria !

Pour le vin, pas de carte, pas de choix, ce sera un verre de Château Gros-Rouge-Qui-Tâche, aka un ballon de Côte du Rhône pas terrible.

Note finale : 30,40€, c'est vraiment pas cher. Cependant mon expérience aux Jardins de Mandchourie se révèle bien moins réussie que ma première fois. Décor et entretien des lieux qui laissent clairement à désirer, cuisine plus extraordinaire... Seul l'accueil excellent du maître des lieux et les petits prix demeurent. Mais il y a comme une impression de laisser-aller à un moment où la gastronomie chinoise se rebiffe à Paris. Allez, je suis sûr que le boss va réussir à re-dynamiser tout ça !

Les Jardins de Mandchourie
34 Allée Vivaldi
75012 Paris (Métro Dugommier)

Tel : 01 43 45 58 88

Fermé le lundi

Les +:
_ Accueil très sympathique
_ des petits prix, même le soir et le week-end

Les -:
_ les lampions avec deux tonnes de poussière et les toiles d'araignée qui vont avec
_ la cuisine devenue plutôt banale

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