Miura (Paris 17) : belle table épicurienne

Le jeune chef Nicolas Aujay vient d'ouvrir son premier restaurant pas très loin de l'Arc de Triomphe : Miura. Cette table délivre une cuisine juste et gourmande sans l'addition explosive habituelle dans le quartier pour les adresses de qualité.

Venu directement des fourneaux du Citrus devenu depuis Edern, Nicolas Aujay a repris le Graindorge dans la discrète rue de l'Arc de Triomphe pour le transformer en Miura. La façade blanche refaite s'inscrit pleinement dans les codes du restaurant chic du coin avec ses appliques en laiton allumées, même à midi. C'est d'ailleurs le seul indice qui indique que l'établissement est ouvert car les fenêtres, opaques sur le bas, empêchent de voir la salle depuis la rue.

Tout l'intérieur a été refait à neuf très sobrement. La moquette rayée a laissé la place à un beau parquet, velours beige sur les chaises, grandes banquettes. Mais la luminosité laisse à désirer, même en plein jour et avec les luminaires allumés l'ambiance est sombre. (oui j'ai éclairci la photo !)

La carte tient en un recto A4 avec une formule déjeuner (entrée +plat) à 28€ ou un menu complet à piocher dans toutes les suggestions à 44€. Sont mis en exergue de beaux produits comme du foie gras, du homard, du ris de veau, des Saint Jacques. Les intitulés donnent l'eau à la bouche ! Par contre, aucun plat végétarien, mais le chef doit sans doute modifier certaines recettes pour satisfaire cette envie étrange de verdure.

Quand j'arrive, je suis accueilli tout sourire ! "Bonjour monsieur Morisse, on s'est déjà rencontré"... "ha?"... "A l'ouverture de Marso & Co, on vous a même applaudi en tant que premier client !"... Damned, je suis reconnu ! Et de m'offrir en guise de bienvenue une coupette de champagne que mon âme d'alccoolique ne peut refuser!

Pour l'accompagner (ou l'inverse), deux immenses gougères généreusement recouvertes de fromage grillé. Mais surprise, point de pâte à chou traditionnelle mais de la brioche très aérée ! Une "goyère", spécialité flamande en hommage à Graindorge? Peut-être bien. En tout cas, c'est délicieux. Ça ouvre immédiatement l'appétit ! Parfait avec le champagne!

Avec cet éclairage, le beau dressage de cette entrée - Sashimi de sardines fumées à la japonaise en pissaladière feuilletée, condiment olives et raifort - n'est pas bien mis en valeur. Pourtant c'est extrêmement soigné sans être chichiteux. C'est un plat copieux pour une entrée ! Un disque de pâte feuilletée avec dessus la compotée d'oignon et les points verts et noirs d'olives et ces beaux filets de sardine au dessus. Un peu de frisée pour l'amertume, c'est bien vu, ça casse un peu le gras du poisson. Et de manière générale, c'est une assiette qui respire le plaisir ! Toutes les saveurs fonctionnent bien ensemble, le goût subtile de la fumaison apporte de belles notes parfumées. Très belle entrée gourmande !

Tout gourmand ne peut que baver éhontément quand il lit sur une carte "Joue de boeuf à la cuillère"! Mmmmm! Ici, elle est servie avec des navets glacés, des choux de Bruxelles, un petit morceau de foie gras poêlé et un écrasé de pomme de terre très généreux en beurre. Cet effiloché fondant est une petite merveille de canaillerie qui trouve pleinement son équilibre avec le pep's d'un zeste d'orange. Un beau relief qui fait plaisir au palais et souvent absent dans les recettes plus traditionnelles.

Du traditionnel un peu revisité aussi au dessert : Mille feuille à la crème de vanille légère, agrume et éclats d'orange confite, praliné. Dressé minute, son feuilletage reste bien croustillant, et malgré sa taille imposante, il passe tout seul grâce à sa légèreté. La fraîcheur de l'orange vient contre-balancer les notes grasses de la crème, tandis que les inserts de praliné puissant à l'intérieur donnent une touche gourmande très plaisante.

La carte des vins du Miura est en pleine construction et propose des vins pour la plupart déjà assez bien balisés, mais on me promet des découvertes dans les semaines à venir! Au verre, 3 rouges et 3 blancs de 9 à 14€. J'ai donc pris un verre de meursault Chevalières domaine Prieur Brunet 2015 à 14€ que l'on m'a conseillé avec bonheur. Des notes iodées et légèrement beurrées qui se marient très bien avec les sardines. Mais incompatible avec la joue de boeuf! Alors je passe au rouge : saint-estèphe Château Lalande de Pez 2016 à 12€, un beau vin tannique très bien fait et gouleyant !

Trois jolies mignardises en sus concluent le repas : mini-tartelette citron, mini-chou à la crème pralinée et noisette chocolat. Heureuse surprise quand l'addition arrive : 58€ ! M'ont été offerts le champagne (Ruinart à 16€) et le verre de saint-estèphe (12€), des gestes qui font toujours plaisir. Nonobstant ces petits plus, Miura s'avère une très belle adresse, idéale pour des repas d'affaires dans le quartier, avec une cuisine de caractère qui sait être généreuse. L'accueil cordial et bienveillant couronne cette belle expérience. Reste cette salle peu lumineuse qui met peu en valeur les beaux plats servis. Mais, ça devrait être corrigé dans les mois qui viennent !

Miura
15 Rue de l'Arc de Triomphe
75017 Paris (métro Ternes / Argentine)

Tel : 01 47 54 00 28

Fermé samedi et dimanche

Les +:
_ belle cuisine qui n'a pas oublié d'être gourmande et généreuse
_ accueil très sympathique et prévenant
_ du caractère dans les assiettes

Les -:
_ salle sombre qui ne met pas en valeur les plats

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